Contexte : dernier débat côté démocrate avant l’ouverture des primaires en Iowa et dans le New Hampshire. L’événement se tient un dimanche, la veille du Martin Luther King Day, à Charleston en Caroline du Sud (à quelques kilomètres du lieu où s’est tenu le débat républicain de jeudi) et est sponsorisé par le Caucus noir du Congrès. NBC et YouTube sont en charge de l’organisation et de la diffusion.

Niveau sondages, la dynamique a sensiblement évolué ces dernières semaines avec un Bernie Sanders en pleine accélération, qui creuse un peu l’écart dans le New Hampshire, est donné dans un mouchoir de poche avec Clinton en Iowa, et est passé de 30% d’intentions de vote au niveau national à 40% en une quinzaine de jours. L’ex-First Lady reste dominante mais ces tendances provoquent des inquiétudes dans son camp et pousse celui-ci à réagir en appuyant davantage encore sur les positions passées et présentes de Sanders en matière d’armes à feu, ainsi qu’en critiquant le système de financement qu’il préconise pour mettre en œuvre ses réformes sociales. O’Malley quant à lui se plaint du calendrier des débats qui, selon lui, favorise Clinton en empêchant ses adversaires de gagner en exposition et notoriété (les débats démocrates se tiennent le week-end, jours d’audience moins élevées). 

 

Résumé

 

Portrait officiel d'Hillary Clinton en tant que Secrétaire d'Etat (2009)Le débat a été plus animé que les précédents. Si le ton des candidats est resté courtois et fraternel, Hillary Clinton n’en a pas moins porté des charges appuyées à l’encontre de Sanders. Ses angles d’attaque : les positions de son rival en ce qui concerne les armes à feu (« I have made it clear based on Senator Sanders’ own record that he has voted with the NRA (…) numerous times », suivi du rappel de quelques-uns de ses votes et précédé par un modérateur mentionnant une citation de Clinton qualifiant Sanders de « pretty reliable vote for the gun lobby »), ainsi que le financement à ses yeux irréalistes de son programme de soins de santé. Elle lui a également reproché de ne pas montrer assez de considération pour les accomplissements réalisés par Obama (dont elle se pose comme la continuatrice) et, avec ses idées risquées, de prendre le risque de mettre à mal les acquis obtenus depuis 2009 (notamment l’Obamacare) au lieu de poursuivre et amplifier ce qui est bâti. Enfin, elle lia (perfidement) le sénateur du Vermont avec la crise financière de 2008 (« you’re the only one on this stage that voted to deregulate the financial market in 2000 (…) to make SEC (…) no longer able to regulate swaps and derivatives, which were one of the main cause of the collapse in ’08 »).

 

Photo de Bernie Sanders en tant que sénateur en 2007 - Domaine publicBernie Sanders n’a pas été décontenancé et a répondu sans animosité, se défendant d’être à la solde de la NRA (« I have a D-minus voting record from the NRA ») et expliquant vouloir financer son programme social en taxant Wall Street et la spéculation financière, avant de se montrer à son tour offensif en pointant les relations entre sa rivale et Goldman Sachs (« you’ve received over $600,000 in speaking fees from Goldman Sachs in one year »). Fidèle à sa ligne de conduite, il refusa en revanche de l’attaquer sur d’autres sujets (par exemple lorsque la modératrice rappela ses propos sur Bill Clinton – « his past transgressions are totally, totally, totally disgraceful and unacceptable » – expliquant qu’il n’avait fait que répondre à une question qui lui était posée, qu’il n’avait jamais de lui-même abordé ce sujet et que ce qui l’intéressait était de débattre avec Hillary Clinton et Martin O’Malley). Parallèlement, il continua de mettre en avant les thèmes qu’il défend depuis plusieurs mois : le système politique corrompu par les Super PACs, les lobbys de Wall Street, la nécessité d’une révolution politique qui rende l’Amérique à tous ses citoyens, etc.

 

Martin O'Malley en 2014 en tant que gouverneur du MarylandMartin O’Malley n’eut que peu de temps de parole (14’30’’ vs. 27’30’’ pour Clinton et 30’ pour Sanders). Il évolua dans son registre habituel, posé, souriant, évoquant diverses rencontres (dont un petit garçon de trois ans blessé lors d’une fusillade entre dealers) et tenta de se démarquer de ses deux rivaux sur le thème des armes à feu (« They’ve both been inconsistent when it comes to this issue. I’m the one candidate on this stage that actually brought people together to pass comprehensive gun safety legislation »). A deux reprises il mit en avant son plan pour avoir une économie reposant sur une énergie propre à 100% d’ici 2050.

 

 

Thèmes abordés

  • Entre autres : le contrôle des armes à feu ; Wall Street et son influence sur les choix politiques ; « Black lives matter » et les controverses policières et judiciaires touchant la population afro-américaine ; les problèmes de dépendance aux drogues qui doivent être traités comme des problèmes de santé et pas criminalisés ; la cassure profonde entre républicains et démocrates qui conduit à paralyser Congrès et Sénat ; l’équilibre à atteindre entre vie privée et sécurité (lutte contre le terrorisme) ; le rôle que tiendra Bill Clinton si son épouse est élue ; les catégories d’électeurs où Clinton et Sanders sont moins populaires (les jeunes pour la première, les Noirs pour le second).
  • Iran : consensus pour considérer l’accord nucléaire comme un succès, mais aussi qu’il est prématuré de parler de « normalisation » avec Téhéran tant restent nombreux les sujets épineux.
  • Dans leur tirade finale, Clinton et Sanders évoquèrent leur indignation vis-à-vis de la gestion du scandale de l’eau contaminée dans la ville pauvre de Flint au Michigan.

 

Le résumé du débat en vidéo

 

Articles récents

Les dynamiques qui ont fait basculer l’élection

Les dynamiques qui ont fait basculer l’élection

12 novembre 2016 – Si la victoire de Donald Trump est nette en termes de grands électeurs, elle s’est pourtant jouée à quelques États-clefs qui ont basculé de justesse en sa faveur. Pour expliquer ce résultat, plusieurs dynamiques sont …

La « Trilogie de la Guerre » de Roberto Rossellini

La « Trilogie de la Guerre » de Roberto Rossellini

Italie, 1945. Dans un pays dévasté, une génération nouvelle de réalisateurs invente le néoréalisme. Parmi ses fers de lance : Roberto Rossellini, qui, en trois ans et trois films, accède au statut d’auteur majeur du 7ème Art.

Solaris (1972) – Andreï Tarkovski

Solaris (1972) – Andreï Tarkovski

En dépit d’années d’observations, la planète Solaris garde ses mystères, dont le principal n’est autre que sa surface, un océan gigantesque qui serait en fait … un cerveau.

Antelope Canyon – De lumière et de grès

Antelope Canyon – De lumière et de grès

Si certains patelins reculés n’ont rien pour eux, la petite ville de Page, elle, est doublement bénie des dieux, avec, en point d’orgue, un site parmi les plus photogéniques des Etats-Unis.

Lava Beds – L’ultime champ de guerre des Modocs

Lava Beds – L’ultime champ de guerre des Modocs

Isolé aux confins nord-est de la Californie, le parc de Lava Beds compte deux principaux centres d’intérêt : ses cavernes, et le souvenir de la résistance opiniâtre qu’y livra une poignée d’Indiens.

7 mai – Où Macron est élu président

7 mai – Où Macron est élu président

En dépit d’une abstention substantielle, Emmanuel Macron remporte le second tour avec une avance nette et devient le nouveau président de la République.