ipsosLes prédictions de l’institut Ipsos ont été proches des résultats officiels, notamment pour Hollande (28,6% des votes vs. 28,3% pour la moyenne des sondages depuis mars) et Sarkozy (27,2% des votes vs. 27,3%, quoique la dernière prédiction le donnait à seulement 25,5%).

Sous-estimée a par contre été Marine Le Pen (17,9% vs. 15,6%) et surestimé Mélenchon (11,1% vs. 13,1%). Le score cumulé de ces candidats considérés comme incarnant le vote « contestataire » a en revanche été bien évalué (28,6% vs. 29%), ouvrant ainsi la porte à au moins deux interprétations : soit le vote FN reste difficile à estimer et a été mal jaugé, soit un transfert de dernière minute s’est opéré en faveur de Le Pen, les électeurs « antisystème » se retrouvant davantage en elle que dans un Mélenchon peut-être trop proche de Hollande à leur goût.

En tout cas, Marine Le Pen pavoise. Si elle n’a pas réussi à se qualifier pour le second tour, elle n’en a pas moins rassemblé 6,4 millions d’électeurs autour de sa personne. Pour l’heure, elle renvoie dos-à-dos les finalistes, mais espère sans doute une défaite de Sarkozy qui ferait imploser la droite et poserait le FN en principal parti de l’opposition. Il faudra pour cela que la dynamique qui l’a portée si haut se poursuive lors des législatives (où de nombreuses triangulaires sont attendues) et permette à son parti d’obtenir une quinzaine de députés pour former un groupe à l’Assemblée.

Pour l’heure, ses électeurs sont l’objet d’une cour assidue de Nicolas Sarkozy. Parmi ses tentatives pour les attirer à lui, citons, en vrac :

  • Un appel aux Français qui mettent l’amour de la patrie au-dessus de toute considération partisane.
  • « Il y a eu un vote de crise. Ces angoisses, ces souffrances, je les connais, je les comprends. Elles portent sur le respect de nos frontières, la maîtrise de l’immigration, la valorisation du travail, la sécurité. Le souci de nos compatriotes de préserver leur mode de vie est la question centrale de l’élection » (propos tenus dimanche soir après l’annonce des résultats du premier tour).
  • Une attaque sur le droit de vote des étrangers prôné par le PS, Sarkozy déclarant qu’une telle proposition présente un « risque communautariste » (il l’avait pourtant défendue dans le passé).
  • En meeting à Longjumeau : « Le FN est compatible avec la République ». Nicolas Sarkozy dément le lendemain avoir employé cette expression.
  • Deux députés UMP accusent 700 mosquées d’avoir appelé à voter François Hollande. L’info aura beau être démentie le lendemain
  • « Avec François Hollande, le vote communautaire est en marche ».
  • Accusation de soutien apporté à Hollande par Tariq Ramadan, là aussi vite démenti.

Le candidat UMP se lance également dans une offensive contre les médias et les sondages qu’il accuse de jouer contre lui. A l’opposé, François Hollande la joue charmeur en déclarant avoir « grand respect pour l’institution que vous [les journalistes] représentez, indispensable pour la démocratie », et promet, s’il est élu, de tenir une conférence de presse tous les six mois.

Hollande et Sarkozy s’affrontent aussi sur la question du nombre de débats. Sarkozy en réclame trois, puis s’empresse d’accepter l’offre de quatre radios pour un débat sur leurs ondes, mais Hollande décline les deux propositions. L’UMP l’accuse d’avoir peur, le PS répond en ironisant sur « un oral de rattrapage ». Le président sortant se lance également dans une surenchère pour le premier mai, répondant aux traditionnels défilés syndicaux et à la célébration de Jeanne d’Arc par le FN par un contre-événement qu’il annonce comme étant « la fête du vrai travail ». Rétropédalage deux jours plus tard : il dément avoir utilisé cette expression et son conseiller Guaino souhaite qu’on « laisse tomber » cette formule.

François Bayrou dénonce quant à lui la « course ventre à terre de Sarkozy derrière les thèses du FN » et lui reproche d’amalgamer l’électorat centriste à celui de Le Pen en déclarant que « les préoccupations des électeurs de Bayrou et ceux du FN sont les mêmes ». En parallèle, pendant que nombre de ses soutiens se positionnent rapidement en faveur de l’un ou l’autre finaliste, le candidat du Modem, comme il l’avait annoncé dimanche, envoie une lettre à Hollande et Sarkozy pour leur demander de préciser leur position sur plusieurs sujets avant qu’il ne se prononce pour le second tour.

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