Rappel : ce passage en revue ne se veut pas exhaustif de toutes les mesures prônées, mais s’attache aux différences marquantes. Sauf mention contraire, les termes employés sont ceux utilisés par les candidats dans leur programme.

 

1. Grandes lignes

 

Documents de référence

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
 Documents de référence Livre L’Avenir en Commun – contenu ici
 Doc’ 40 pages sur le site du candidat
  Doc’ 17 pages + détails sur le site du candidat  Doc’ 100 pages sur le site du candidat
  Doc’ 24 pages sur le site de la candidate

En décembre 2016, Jean-Luc Mélenchon a publié le livre L’Avenir en commun dans lequel il expose son programme. Celui-ci a été développé à partir du programme de 2012 L’humain abord, lequel a été  enrichi et affiné par un travail commencé en février 2016 et consistant d’abord à recevoir les contributions des insoumis, à en réaliser la synthèse, à auditionner des experts, à consolider le tout et à soumettre le résultat à l’approbation de 77 000 militants (octobre).

De son côté, Marine Le Pen a annoncé début février 2017 ses 144 propositions, lesquelles constituent l’ossature de son programme. Quant à Emmanuel Macron, très critiqué par ses contempteurs qui l’accusaient de se passer volontairement de programme pour maintenir une base électorale large, il a distillé ses propositions au compte-gouttes pendant tout le mois de février, une stratégie de communication assumée qui permettait d’entretenir un suivi médiatique régulier. Il a fini par publier l’ensemble de son projet le 2 mars.

Le cas de François Fillon et Benoît Hamon est un peu différent. Tous les deux engagés dans des primaires, les deux hommes ont depuis longtemps exposé leurs programmes, au moins dans une très large mesure, même si un travail d’ajustements devait être effectué par après. En ce qui concerne François Fillon, cet exercice a été marginal, le document officialisé le 13 mars s’éloignant peu des moutures précédentes. Pour ce qui est de Benoît Hamon, l’histoire est un peu différente, le socialiste ayant dû d’une part préciser sérieusement les contours de sa mesure-phare du revenu universel, ensuite intégrer une partie des points de vue de ses ralliements Arnaud Montebourg et Yannick Jadot, enfin prendre en compte les demandes insistantes de ses camarades du PS de défendre (ou à tout le moins en donner l’illusion) le bilan du quinquennat de Hollande. A l’arrivée, le programme originel de Hamon a été un chouïa aménagé (sur le phasage du revenu universel ; sur le Made in France cher à Montebourg ; sur l’écologie), sans être pour autant vraiment différent.

 

 

Le programme en une expression

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Le programme en une expression
L’intérêt général humain
Un futur désirable et commun
 Confiance et modernisation
Redresser les finances, libérer l’économie
Ordre et priorité nationale

Si l’expression « Intérêt général humain » a été utilisée par Jean-Luc Mélenchon pour parler de l’urgence climatique, elle peut s’appliquer à l’ensemble de son programme, lequel met en avant la nécessité d’améliorer la qualité de vie de tous via un meilleur partage des richesses, la protection solidaire et celle de l’environnement.

« Un futur désirable et commun » est une expression régulièrement employée par Benoît Hamon. Elle croise la vision de Mélenchon (même si les moyens pour la réaliser diffèrent), à savoir améliorer les conditions de vie tous et que chacun trouve le moyen de s’épanouir individuellement au sein d’une société bienveillante qui fait la part belle à la diversité.

Pour François Fillon, pas d’ambiguïté, le programme est clair : la France est en pleine déliquescence économique et financière, il faut la redresser et cela passe par une potion corsée : d’une part la réduction drastique des dépenses publiques, et d’autre part la levée des contraintes qui entravent l’activité entrepreneuriale.

Du côté de Marine Le Pen, si certaines mesures ont été atténuées par rapport au passé, les leitmotivs restent clairs : la priorité nationale (qu’elle veut inscrire dans la Constitution) et « remettre la France en ordre ». Aurait pu être ajouté le mot « peuple », à qui la candidate veut rendre la parole et son argent (son slogan de campagne est d’ailleurs « Au nom du peuple »).

Emmanuel Macron : trouver une expression traduisant de manière concrète la vision de Macron est délicat. Le fait est que l’homme aime les concepts un peu évanescent où chacun peut mettre ce qu’il entend (cf. par exemple En Marche comme nom de parti). Si cette attitude est typique du marketing de grandes multinationales (Just do it, Think different), elle est aussi revendiquée, Macron expliquant que, plus qu’un programme, il entend porter une vision, un projet.

L’utilisation politique de slogans passe-partout n’est pas nouvelle, Obama (Yes we can) ou Mitterrand (La force tranquille), pour ne citer qu’eux, ont su en leur temps en utiliser d’emblématiques et percutants. Deux différences toutefois entre Macron et ces prédécesseurs : 1°) son slogan de campagne (Retrouver notre esprit de reconquête pour bâtir une France nouvelle) n’est ni percutant ni emblématique ; et 2°) Macron ne porte pas de rupture idéologique forte comme Obama en 2008 et Mitterrand en 1981, dont les slogans s’adossaient à la volonté d’un changement de société radical et clairement identifié.

Pas de rupture idéologique donc pour Macron. En revanche, une rupture de méthode : dépasser les clivages et rassembler au-delà des familles politiques classiques. Et pour ce qui est de la conduite du pays, faire preuve de pragmatisme : la France est riche et dotée d’un potentiel considérable, mais les Français doivent retrouver la confiance et amplifier la modernisation qui permettra de répondre aux défis du XXIe siècle. « Confiance » et « modernisation », donc, deux mots qui reviennent respectivement quatre et trois fois dans la page d’introduction du programme de Macron. « Union » pourrait leur être ajouté, mais aussi « continuité » tant la direction impulsée semble poursuivre (de manière ajustée et accélérée) les politiques en vigueur depuis plusieurs années, ce que nombre observateurs (et adversaires) ne manquent pas de souligner, même si Macron s’en défend, lui qui ne tient guère à passer pour un continuateur de François Hollande.

 

Axe majeur – La République

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
 Sur la République 6e République
6e République
 Rénover la démocratie
Finances publiques
Souveraineté du peuple

La volonté d’une 6e République au profil davantage parlementaire figure en première place dans le programme de Jean-Luc Mélenchon. Celle-ci est vue comme « le moyen pacifique et démocratique de tourner la page de la tyrannie de l’oligarchie financière et de la caste qui est à son service ». La tenue d’une assemblée constituante pour « abolir la monarchie présidentielle » servira à établir la nouvelle Constitution, laquelle devra être approuvée par référendum.

Benoît Hamon : le remplacement de la 5e République figure également au rang des priorités du socialiste, lequel veut mettre en place une conférence de la 6e République pour établir une nouvelle constitution qui établira la proportionnelle aux législatives, un septennat unique et la limitation de l’emploi du 49.3.

De son côté, Marine Le Pen entend organiser un référendum en vue de réviser la Constitution et conditionner toute révision future à un référendum. L’introduction de la proportionnelle à tous les scrutins est également prévue, cela afin que tous les Français se sentent représentés au Parlement.

Comme quasi tous les candidats, Emmanuel Macron entend moraliser davantage la vie politique, développer la participation citoyenne et améliorer le renouvellement des élus et leur pluralisme. Aucune mesure concernant la Constitution n’est prévue de sa part (« les Français n’attendent pas de grand soir constitutionnel ou de VIe République »). François Fillon est dans la même veine (il prévoit toutefois d’inscrire dans la Constitution le principe de quotas fixés par la loi en matière d’immigration). Comme mentionné supra, son principal objectif concernant la République est d’assainir ses finances via un programme massif de réduction des dépenses (dont le non-remplacement de 500 000 fonctionnaires). Macron se situe aussi dans cette optique, quoique de manière moins radicale (125 000 fonctionnaires non-remplacés) et sans renoncer à l’investissement (plan de €50 milliards investis en 3 ans, notamment pour la transition écologique).

 

Axe majeur – L’économie

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Sur l’économie Protectionnisme solidaire Revenu universel Libérer les carcans
Doper la compétitivité Protectionnisme patriote

Doper la compétitivité des entreprises est l’objectif n°1 de François Fillon en matière économique. Cette approche passe par une politique d’offre incluant une baisse massive des cotisations sociales, mais aussi un allègement des contraintes pouvant pénaliser l’investissement. Emmanuel Macron va dans une direction similaire quoique moins radicale, et y ajoute des mesures pour d’une part améliorer le pouvoir d’achat, et d’autres part stimuler la mobilité des travailleurs afin de les inciter à prendre davantage de risques professionnels (évolution vers une sorte de flexisécurité qui, selon ses partisans, va dynamiser le marché du travail et la croissance, ou, selon ses détracteurs, accélérer l’uberisation des emplois).

Tant Fillon que Macron prônent aussi (avec des nuances) un déplacement du dialogue social plus près du terrain, c.-à-d. que les accords soient établis moins par branche mais plus au niveau de l’entreprise.Toutes ces propositions peuvent se résumer avec deux expressions reprises dans le programme de Macron : 1°) « libérer les carcans » qui entravent l’initiative économique et « construire une société de mobilité plutôt que de statuts ». Bref, une libéralisation de l’activité.

Au cours de la primaire, Benoît Hamon a mis en avant la vision d’un monde où la numérisation et la robotisation conduisent à une raréfaction du travail et donc des emplois. Sa solution : l’instauration d’un revenue universel d’existence. Cet axe essentiel de son programme est critiquée par tous ces adversaires pour son coût et l’incitation à la paresse dont il est accusé. Depuis, Hamon a conservé cette proposition mais, cependant, 1°) il a prévu de phaser sa mise en oeuvre de manière à ne pas faire exploser les finances publiques, et 2°) il a ajouté à son programme une dimension stimulation de l’offre, notamment en faisant du Made in France une de ses priorités. Cette évolution est perçue comme le signe d’une concession à ceux du PS qui ont rallié Hamon (notamment Montebourg, qui avant vanté ce Made in France pendant la primaire) mais souhaitent que la valeur « Travail » soit davantage défendue et encouragée dans son programme.

Avec cette dernière proposition s’approche l’option « Protectionniste », que Le Pen et Mélenchon adoptent quant à eux résolument. Ainsi Jean-Luc Mélenchon déclare-t-il « refuser le libre-échange » et vouloir « instaurer un protectionnisme solidaire et la coopération économique ». A rebours de Macron et Fillon, il entend aussi protéger davantage les droits des travailleurs et lutter contre la précarisation contractuelle (p. ex. en instaurant un quota de contrats précaires dans les entreprises). De son côté, Marine Le Pen veut un protectionnisme intelligent qui stimulera la réindustrialisation de la France. A ce protectionnisme s’ajoutera la sortie de l’euro et l’adoption d’une nouvelle monnaie qui rendra la France plus compétitive. Selon leurs promoteurs, ces programmes vont doper la croissance à des niveaux bien supérieurs à ceux prévus par les autres candidats, ce que contestent bon nombre d’économistes, surtout vis-à-vis de celui de Le Pen.

 

Axe majeur – L’Europe

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Sur l’Europe Renégocier Relancer Relancer
Ajuster France souveraine

Ici aussi les positions sont tranchées. Jean-Luc Mélenchon veut « sortir des traités » et les renégocier en vue d’une « refondation démocratique, écologique et sociale  ». En cas d’échec de la renégociation, Mélenchon entend appliquer un plan B, lequel consistera notamment à stopper la contribution de la France au budget de l’UE, passer à un système monétaire alternatif avec monnaie commune et non plus unique, et mise en place d’un contrôle des capitaux et des marchandises. Quant à Marine Le Pen, elle entend engager une négociation avec les partenaires européens et en faire approuver le résultat par référendum. Son objectif indiqué en toutes lettres est de rendre à la France sa souveraineté nationale en allant vers une Europe des nations indépendantes.

De leur côté, Benoît Hamon et  Emmanuel Macron désirent donner un nouveau souffle au projet européen et prônent notamment (de manière distincte) une refonte de la gouvernance de la zone euro. D’autres projets animent également les deux hommes vis-à-vis de l’UE en matière d’énergie, d’innovation, de gestion de la migration, etc. S’il est également partisan d’une nouvelle gouvernance de la zone euro, François Fillon semble quant à lui plus porté sur des ajustements précis que par une relance européenne forte.

 

Axe majeur – Spécifique au candidat

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Spécifique au candidat  Planification écologique
Transition écologique
Numérisation
Ordre et famille
Ordre et identité

L’urgence climatique et environnementale figure au coeur des projets de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, lesquels veulent tous deux arriver à un pays fonctionnant à l’énergie 100% renouvelable (plus de carbone ni de nucléaire). De leurs côtés, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen veulent un pays décarboné mais continuant à recourir au nucléaire. Plus généralement, si les préoccupations écologiques et de biodiversité ne sont pas absentes des programmes de ces trois candidats, leur caractère essentiel ne transparaît de la même manière qu’elle ne fait chez Hamon et Mélenchon.

Concernant Emmanuel Macron, c’est la volonté d’accélérer la numérisation de la société qui est retenue ici. Cette volonté est évidemment présente chez les autres candidats, mais est particulièrement prégnante dans son programme et fera l’objet d’investissements, notamment pour numériser l’administration et, par exemple, permettre que le renouvellement de tout document officiel soit fait en ligne.

Pour François Fillon, la sécurité est un thème majeur et est l’un des rares domaines de son programme où des investissements et embauches publics sont annoncés (recrutement de 10 000 agents, construction de 16 000 places en prison). Sa proposition d’abaisser la majorité pénale à 16 ans suscite beaucoup de remous et s’inscrit dans la volonté de réaffirmer l’impunité zéro et de durcir les peines. Marine Le Pen va également dans cette voie répressive, souvent de manière radicale, et prône quant à elle la construction de 40 000 places de prison supplémentaires.

 

 

2. Modèle économique et cadre de vie

 

Emploi / Travail

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Emploi / Travail  Réduction du temps de travail Raréfaction et protection Flexisécurité Stop à la peur d’embaucher Ré-
industrialiser

Au cours de la primaire, Benoît Hamon a mis en avant la vision d’un monde où la numérisation et la robotisation conduisent à une raréfaction du travail et donc des emplois. Sa solution : l’instauration d’un revenue universel d’existence qui bénéficiera à tous. Cet axe essentiel de son programme est critiquée par tous ces adversaires pour son coût et l’incitation à la paresse dont il est accusé. Depuis, Hamon a conservé cette proposition mais, cependant, 1°) il a prévu de phaser sa mise en oeuvre de manière à ne pas faire exploser les finances publiques, et 2°) il a ajouté à son programme une dimension stimulation de l’offre, notamment en faisant du Made in France une de ses priorités (cf. infra section Entreprises. Cette évolution est perçue comme le signe d’une concession à ceux du PS qui ont rallié Hamon (notamment Montebourg, qui avant vanté ce Made in France pendant la primaire) mais souhaitent que la valeur « Travail » soit davantage défendue et encouragée dans son programme.

Autre mesure à noter chez Benoît Hamon : créer un statut de l’actif qui permettra aux travailleurs qui ne bénéficient pas aujourd’hui de la protection du Code du travail et du régime général de la Sécurité sociale d’accéder à un socle de protections et de droits fondamentaux.

Opposé au revenu universel (comme les autres rivaux de Hamon), Jean-Luc Mélenchon le rejoint en revanche sur la réduction du temps de travail pour créer de l’emploi. Sur ce sujet il se montre d’ailleurs particulièrement volontariste, voulant ainsi : une sixième semaine de congés payés pour tous ; appliquer réellement les 35h en majorant les heures supplémentaires ; aller vers la semaine de 4 jours et les 32h.

Chez Emmanuel Macron, c’est l’impression de flexisécurité (le terme n’est pas employé dans son programme) qui ressort de son programme en matière de promotion de l’emploi et du travail. Concrètement, Macron vise à stimuler la mobilité des travailleurs, c.-à-d. les inciter à changer plus facilement de métiers et prendre davantage de risques professionnel. Parmi les mesures proposées, citons le droit à l’assurance-chômage pour tous les travailleurs (artisans, commerçants indépendants, entrepreneurs …). Ce droit sera également applicable aux salariés qui démissionnent, lesquels, en contrepartie, ne pourront refuser plus de deux offres « raisonnables » de nouvel emploi. Pour les partisans de telles mesures, celles-ci vont dynamiser le marché du travail et la croissance. Pour leurs détracteurs, la crainte est à une uberisation des emplois.

Ceci posé, le plus gros de l’effort en matière de création d’emplois passera avant tout pour Macron par une politique d’offre semblable à celle qui a été appliquée au cours de la second moitié du quinquennat Hollande. Cette approche se traduira notamment par une baisse des cotisations patronales et la redéfinition du dialogue social. François Fillon suit également cette voie (de manière plus radicale), laquelle est  détaillée infra dans la section « Entreprise » de cet article. Quant à Marine Le Pen, la création d’emploi et la lutte contre le chômage passe avant tout par la réindustrialisation du pays et le regain d’activité des entreprises qui doit s’en suivre.

 

Pouvoir d’achat

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Pouvoir d’achat Augmenter les salaires Revenu universel d’existence (RUE) Baisse des cotisations, exonération taxe d’habitation
Baisse des cotisations, suppression ISF
Baisse massive des impôts

Le revenu universel de Benoît Hamon se traduira dès 2018 par l’augmentation du « revenu des actifs, ouvriers, employés, indépendants et étudiants dont les revenus sont inférieurs à 2 200 euros net, et prioritairement ceux dont les moyens sont les plus faibles ». Le montant maximum supplémentaire alloué sera de 600 euros/mois. Le coût de cette mesure a été estimé à €35 milliards d’euros/ an. L’objectif sera ensuite de réunir « une conférence sociale pour programmer les étapes suivantes qui permettront la généralisation progressive du RUE à l’ensemble des Français et son augmentation à 750 euros ».

Opposé au revenu universel, Jean-Luc Mélenchon est en revanche un avocat ardent de la hausse des salaires. Il préconise ainsi d’augmenter le smic net mensuel de 16% à 1326 euros, et veut engager une revalorisation des salaires des fonctionnaires, gelés depuis 2010.

Du côté d’Emmanuel Macron, l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des Français a été remarquée. Parmi d’autres mesures, citons : la réduction des cotisations payées par les salariés indépendants et fonctionnaires ; la défiscalisation des heures supplémentaires ; un 13ème mois pour les smicards ; etc.

Comme Macron, François Fillon entend également procéder à une baisse substantielle des cotisations sociales des salariés. Tous deux veulent aussi intervenir sur l’ISF, Macron en le transformant en un « Impôt sur la fortune immobilière », Fillon en le supprimant. En revanche, pour financer diverses de ces mesures, tous deux vont relever certaines taxes (pour Macron : hausse de la CSG de 1,7 points, prélèvement forfaitaire unique sur les revenus de l’épargne, taxes écologique au titre de lutte contre les gaz à effet de serre ; pour Fillon : hausse de 2 points du taux normal de la TVA). Au total, tant Macron que Fillon estiment que leurs mesures fiscales permettront de diminuer de €10 milliards/an les prélèvements effectués sur les ménages.

Quant à Marine Le Pen, elle prévoit de rendre pour €20 milliards d’euros d’impôts aux ménages via notamment la défiscalisation des heures supplémentaires et une baisse de 10 % l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches. Elle annonce également refuser toute hausse de la TVA et de la CSG, ainsi que ne pas vouloir toucher à l’ISF.

D’autres mesures concernant le pouvoir d’achat touchent au remboursement de soins de santé, au minimum vieillesse, au quotient familial, etc. Elles seront exposées ultérieurement dans la section consacrées aux « Affaires sociales » de cet article.

 

Libre-échange

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Libre-échange Protectionnisme solidaire Priorité au “Made in France” Libre-échange Libre-échange mais … Protectionnisme intelligent

Jean-Luc Mélenchon déclare « refuser le libre-échange » et vouloir « instaurer un protectionnisme solidaire et la coopération économique ». De son côté, Marine Le Pen veut un protectionnisme intelligent qui stimulera la réindustrialisation de la France. A ce protectionnisme s’ajoutera la sortie de l’euro et l’adoption d’une nouvelle monnaie qui rendra la France plus compétitive. Tous deux sont opposés aux traités CETA et TAFTA.

Sur ce dernier point, ils ne sont pas les seuls. Benoît Hamon est contre aussi, de même que, pour ce qui est du TAFTA … François Fillon. Comme les trois autres, le candidat républicain a aussi de forts griefs envers la directive européenne sur les travailleurs détachés. Il entend également que l’Europe défende ses intérêts dans la compétition commerciale internationale en mettant en place de nouvelles règles de réciprocité, notamment en matière d’accès aux marchés publics ainsi que de respect des normes environnementales et sociales sur les produits importés afin que nos industries ne subissent plus une concurrence déloyale.

De son côté, Emmanuel Macron est le plus ouvert au libre-échange et, s’il entend combattre des abus (notamment dans le cas du travail détaché, ou l’optimisation fiscale pratiquées par certaines multinationales), il refuse de voir la France se replier sur elle.

 

Entreprises

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Entreprises  Abroger la loi Travail – Définanciariser
Abroger la loi Travail – Taxer les robots Baisse des charges et contraintes Baisse massive des charges et contraintes Protectionnisme intelligent et quitter l’euro

Parmi les mesures marquantes prônées envers les entreprises par Benoît Hamon figure l’abrogation de la loi Travail et l’instauration d’une contribution sociale sur les robots, cette dernière dans le but d’alimenter un Fonds de Transition Travail (FTT) dont la mission sera de créer autant d’emplois nouveaux que ceux qui disparaîtront, et de financer la formation des salariés à ces nouveaux métiers (les entreprises dont la robotisation s’accompagne d’une augmentation des effectifs seront dispensées de cette contribution). Concernant les mesures visant à stimuler l’offre, Hamon veut accorder la priorité au Made in France en réservant 50% des marchés publics aux PME. Il entend également introduire des clauses sociales et environnementales qui encourageront le produire local.

Jean-Luc Mélenchon entend lui aussi abroger la loi Travail, et l’introduction du protectionnisme solidaire qu’il préconise doit permettre de relancer la production en France. Il entend également définanciariser l’économie réelle et promouvoir une autre économie (économie sociale et solidaire, et économie collaborative) en opposition à la prédation de la finance et la dictature des actionnaires.

Du côté d’Emmanuel Macron et François Fillon, l’accent est mis radicalement mis sur la baisse des charges sociales (€ 25 Mds pour Fillon) mais aussi la redéfinition du dialogue sociale. La baisse de l’impôt des société n’est pas oublié, tous deux voulant le faire passer de 33% à 25%. Fillon entend également lever le verrou des 35 heures et parle de refonder et simplifier le code du travail en distinguant clairement les normes sociales fondamentales et ce qui relève de l’accord collectif (en priorité d’entreprise ou, à défaut, de branche). De son côté, Macron veut également simplifier le code du travail et permettre que les accords sociaux soient négociés au plus près du terrain, c.-à-d. l’entreprise, dont les accords conclus à ce niveau auront primauté sur les accords de branche.

Pour stimuler l’activité des entreprises, Marine Le Pen mise sur l’impact de son protectionnisme intelligent (cf. section sur le libre-échange supra) et le regain de compétitivité monétaire lié à la sortie de l’euro. Elle entend également prendre des mesures pour soutenir les PME en allégeant leurs formalités, charges et impôts.

 

Politique énergétique

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Politique énergétique Objectif 100% renouvelable Objectif 100% renouvelable Décarbonée, nucléaire maintenu Décarbonée, nucléaire maintenu Nucléaire maintenu

Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon veulent un pays à l’énergie 100% renouvelable, c.-à-d. ne recourant ni aux énergies fossiles ni au nucléaire. Hamon souhaite y parvenir d’ici 2050, avec un objectif de 50% d’ici 2025. Jean-Luc Mélenchon a également fixé 2050 comme objectif du 100% et souhaite renationaliser EDF et Engie. Enfin, ces politiques en faveur du renouvelable s’accompagneront d’un plan massif en faveur de l’isolation des logements et bâtiments en général.

Emmanuel Macron entend fermer toutes les centrales électriques à charbon d’ici la fin du quinquennat. Ses objectifs en matière de renouvelable sont moins agressifs que Hamon et Mélenchon, puisqu’il prévoit un mix énergétique avec 32% de renouvelable d’ici 2030, qui est l’objectif déjà en vigueur actuellement. La sortie du nucléaire n’est pas à son programme, mais il souhaite en réduire la part dans le mix énergétique (de 75% à 50%). Comme Hamon et Mélenchon, il investira dans la rénovation thermique des habitations (cf. infra plan d’investissement).

François Fillon souhaite également une énergie décarbonée. Sur le nucléaire, il en est un farouche défenseur et entendant en moderniser le parc. Le développement du renouvelable figure aussi dans son programme, mais sans objectif chiffré.

Marine Le Pen a annoncé vouloir faire de l’isolation de l’habitat une priorité budgétaire du quinquennat. Elle entend développer massivement les énergies renouvelables, mais pas l’éolien, sur lequel elle veut un moratoire immédiat. Comme Fillon, Marine Le Pen défend ardemment le nucléaire. Comme Fillon, le document de référence de Marine Le Pen ne contient pas d’objectif chiffré en terme de renouvelable de le mix énergétique. Aucune mention à une énergie décarbonée n’est non plus mentionnée, la principale mesure pour réduire les gaz à effet de serres (qui ne sont pas cités) semblant être une conséquence indirecte d’une protectionnisme conduisant à produire sur place et donc diminuant les transports.

 

Plan d’investissement

 

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Plan d’investissement
 € 100 milliards en 5 ans € 100 milliards en 5 ans
€ 50 milliards en 5 ans n/a n/a

Ni François Fillon ni Marine Le Pen ne prévoient de plan de relance par investissement. A contrario, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron en ont chacun un.

Jean-Luc Mélenchon veut ainsi investir € 100 milliards en cinq ans, répartis comme suit : € 45 Mds pour l’urgence sociale (dont € 18 Mds pour le logement), € 50 Mds pour l’urgence climatique (dont € 25 Mds pour les énergies renouvelables) et € 7 Mds pour les services publics. Avec cet investissement massif (financé par emprunt), Mélenchon table sur un effet multiplicateur qui stimulera davantage encore la croissance et la création d’emploi.

Benoît Hamon vise lui aussi un plan de € 100 Mds sur cinq ans, consacré à la rénovation urbaine et thermique, ainsi qu’au bien vivre en ville et dans la ruralité.

Quant à Emmanuel Macron, son plan consiste en € 50 Mds dont € 15 Mds vont à la transition écologique, € 15 Mds autres aux compétences (c.-à-d. la formation), € 5 Mds à la transformation de l’agriculture, € 5 Mds aux transports et équipements collectifs locaux, € 5 Mds à la santé et € 5 Mds à la modernisation des administrations publiques.

 

3. Cadrage financier

 

Plan d’investissement

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Plan d’investissement
 € 100 Mds en 5 ans  € 100 Mds en 5 ans
 € 50 milliards en 5 ans n/a n/a

Ni François Fillon ni Marine Le Pen ne prévoient de plan de relance par investissement. A contrario, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron en ont chacun un.

Jean-Luc Mélenchon veut ainsi investir € 100 milliards en cinq ans, répartis comme suit : € 45 Mds pour l’urgence sociale (dont € 18 Mds pour le logement), € 50 Mds pour l’urgence climatique (dont € 25 Mds pour les énergies renouvelables) et € 7 Mds pour les services publics. Avec cet investissement massif (financé par emprunt), Mélenchon table sur un effet multiplicateur qui stimulera davantage encore la croissance et la création d’emploi.

Benoît Hamon vise lui aussi un plan de € 100 Mds sur cinq ans, consacré à la rénovation urbaine et thermique, ainsi qu’au bien vivre en ville et dans la ruralité.

Quant à Emmanuel Macron, son plan consiste en € 50 Mds dont € 15 Mds vont à la transition écologique, € 15 Mds autres aux compétences (c.-à-d. la formation), € 5 Mds à la transformation de l’agriculture, € 5 Mds aux transports et équipements collectifs locaux, € 5 Mds à la santé et € 5 Mds à la modernisation des administrations publiques.

 

 

Dépenses vs. Recettes et économies

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Dépenses / pertes annuelles nouvelles en 2022
€ 173 Mds
répartis sur 5 ans
€ 71 Mds € 20 Mds
 € 62 Mds
Au moins
€ 28 Mds
Recettes / économies annuelles nouvelles en 2022
€ 190 Mds
répartis sur 5 ans
€ 71 Mds
€ 60 Mds
€ 100 Mds
€ 60 Mds

Jean-Luc Mélenchon prévoit € 173 milliards de dépenses nouvelles sur le quinquennat, dont € 33 milliards affectés à la lutte contre la pauvreté, € 32 milliards à la réforme des retraites, € 24 milliards à l’éducation et la culture, € 22 milliards à la hausse des salaires, etc. L’ensemble de ses mesures (dépenses + investissements) permettront selon lui de générer € 190 milliards de recettes nouvelles, dont € 55 milliards provenant de rentrées liées à la relance économique, € 38 milliards à la suppression de niches fiscales, € 30 milliards à la lutte contre l’évasion fiscale, € 33 milliards à de nouveaux prélèvements, etc.

Les dépenses annuelles nouvelles de Benoît Hamon atteindront € 71 milliards, dont la moitié pour le revenu universel et un quart pour les dépenses sociales, la justice … Son cadrage financier prévoit qu’elles seront compensées à 50% par les rentrées provenant du regain d’activité économique lié à son programme et à 50% par diverses mesures comme la réduction du CICE, la lutte contre l’évasion fiscale, une taxe sur les super-profits des banques, etc.

François Fillon prévoit € 50 milliards de baisse d’impôts et de cotisations (€ 40 Mds pour les entreprises, € 10 Mds pour les ménages), ainsi que € 12 Mds de dépenses régaliennes supplémentaires (police, prison, défense …). Les gains de la baisse des dépenses publics s’élèveront quant à eux à € 100 Mds, notamment via réduction du nombre de fonctionnaires (500 000 postes non-renouvelés).

Emmanuel Macron diminuera les prélèvements obligatoires de € 20 Mds (€10 Mds impôt des sociétés, € 10 Mds exonération de la taxe d’habitation). En parallèle, son objectif est d’abaisser les dépenses publiques de € 60 Mds par ans, cela via : € 25 Mds d’économies dans la sphère sociale (grâce e.a. à la diminution du chômage et des dépenses d’assurance maladie contenues grâce à une meilleure prévention) ; € 25 Mds d’économies au niveau de l’Etat grâce à la modernisation de la fonction publique et une réduction des postes (125 000) ; un effort de € 10 Mds d’économies demandé aux collectivités. En outre, plusieurs de ses mesures sont prévues à coût nul, telle la baisse des cotisations pour indépendants, salariés et fonctionnaires financée par une hausse de la CSG de l’ordre de 1,7 points (sans peser sur les retraités soumis à la CSG à taux réduits, ni sur ceux qui sont en exonérés, ni sur les indemnités chômages).

Chez Marine Le Pen, au moins € 28 Mds en baisses d’impôts sont prévues en 2022. D’autres dépenses sont annoncées (40 000 places de prison supplémentaires, augmentation du budget de la défense, augmentation des effectifs de police …) mais leur chiffrage n’a pas été trouvé (peut-être n’est-il pas encore communiqué). Rayon économies, € 60 Mds sont annoncés, provenant notamment d’une meilleure gestion de la Sécu, de la lutte contre la fraude fiscale et la fraude sociale, des effets de la croissance retrouvée et de la baisse des dépenses liées à la gestion de l’immigration. Enfin, une contribution sociale de 3% sur les importations financera une revalorisation des petits salaires et petites retraites.

 

 

Impact sur le déficit et la croissance

   Mélenchon Hamon Macron
Fillon Le Pen
Croissance moyenne 2018-22
(est. +1.3% 2017)
> 2%
dès 2018
+ 1,3 % + 1,6 % + 1,8 % (est.)  + 2,3 %
Déficit 2022
(est. -3.2% 2017)
 -2,8 %   -2,7 % -0,5 % 0,0 % -1,3 %

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen prévoient que leurs programmes respectifs vont tirer la croissance bien au-delà de son niveau actuel et l’amener à plus de 2%/an. Jean-Luc Mélenchon a notamment vanté l’effet multiplicateur sur l’économie des investissements et hausse des dépenses qu’il préconise. Les autres candidats sont plus prudents, Hamon notamment qui prévoit de rester à 1,3%, Fillon étant quant à lui plus optimistes, tandis que Macron se situent entre les deux.

Rayon déficits, François Fillon vise de repasser sous les 3% du PIB normalement autorisés par l’Union européenne à partir de 2019 et d’atteindre l’équilibre complet en 2022, un équilibre dont Emmanuel Macron estime pouvoir être proche (0,5%). Après un déficit à 3,8% en 2018, Marine Le Pen annonce une courbe rentrante qui est supposée l’amener à 1,3% en 2022. De leurs côtés, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon entendent se situer à cette date un peu en dessous des 3%, une limite dont Mélenchon se soucie d’ailleurs peu, lui qui entend s’exonérer du pacte de stabilité européen et assume de voir le déficit s’élever à 4,8% en 2018 avant de baisser ensuite.