a) Nicolas Sarkozy – b) François Hollande – c) Marine Le Pen – d) François Bayrou – e) Jean-Luc Mélenchon – f) Eva Joly – g) Autres candidats

 

Nicolas Sarkozy (UMP)

Nicolas Sarkozy en 2010Le président sortant est mal embarqué. Son quinquennat a été catastrophique sur le fond et dans la forme, et la liste des casseroles qui plombent son bilan paraît infinie. Ainsi, parmi les reproches à lui être adressés, citons en vrac : avoir été le président des riches (instauration du bouclier fiscal ; vacances sur le yacht de Bolloré) ; avoir été un président « bling-bling » incapable d’endosser les habits de la fonction (la fête au Fouquet’s ; le train de vie élyséen ; le divorce avec Cécilia ; le remariage avec Carla ; le « Casse-toi, pov’ con » du Salon de l’Agriculture) ; l’échec du « travailler plus pour gagner plus » (hausse du chômage, impuissance face au déclin industriel, surtout en comparaison avec l’Allemagne) ; le dérapage des déficits publics ; la perte du triple A ; l’échec de la conférence climatique de Copenhague ; un Grenelle de l’environnement insignifiant ; le pourrissement de la question migratoire (les Roms) ; etc.

A cette liste s’ajoute une série de scandales divers et variés qui ont frappé son entourage depuis 2007  :

  • les propos de l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux sur « les Auvergnats »
  • l’affaire de l’EPAD et du « Prince Jean »
  • les suites de l’affaire Clearstream
  • l’affaire Frédéric Mitterrand suite à l’affaire Polanski
  • les affaires Woerth (Compiègne et Bettencourt)
  • l’affaire Bettencourt
  • les déclarations de Michèle Alliot-Marie sur la Tunisie au moment du déclenchement de la révolution de jasmin
  • les suites de l’affaire Karachi
  • l’affaire des fadettes
  • etc.

Ces déboires n’empêchent pas Nicolas Sarkozy de revendiquer plusieurs succès. Ainsi épingle-t-il à son tableau de chasse sa gestion de la longue crise financière (avec un argumentaire qui peut se résumer à : « sans moi, ça aurait été pire », « la France a mieux résisté que la moyenne européenne » et « j’ai sauvé l’euro »), son rôle dans la crise russo-géorgienne de 2008, la libération des infirmières bulgares en Libye, la chute de Kadhafi, la solidarité du couple franco-allemand, Hadopi, la réforme des retraites, etc.

L’euphorie suivant son succès incontestable de 2007 (31% au premier tour, 53% au second) aura été de courte durée. Dès sa victoire proclamée est revenu au galop un naturel qu’il avait réussi à brider le temps de la campagne. Conséquence : des maladresses en pagaille et une hyperactivité improductive qui l’ont exposé comme jamais aucun président avant lui. Le rejet envers sa personne est très fort et les sondages le donnent largement battu par Hollande.

Le combat est-il joué d’avance ? Si son bilan est calamiteux et si les montées dans les sondages de Le Pen et Bayrou indiquent une perte de voix tant à droite qu’au centre, Sarkozy n’en reste pas moins une véritable machine de campagne, où son énergie, son style et sa combativité s’expriment à plein. Il entend aussi profiter au maximum des avantages de la fonction présidentielle pour mener une campagne officieuse sans se déclarer, tout en donnant l’image d’un président concerné à 100% par les problèmes des Français.

Son expérience est un autre atout qu’il ne manque pas de faire valoir (Hollande n’a jamais été ministre), ainsi que sa détermination et le rôle de leader qu’il assure être seul en mesure d’assumer dans la crise actuelle. Enfin, il a réussi à empêcher toute dissidence à droite susceptible de le gêner, Borloo ayant renoncé, Villepin étant marginalisé et Morin et Boutin insignifiants. Une exception : Bayrou, qui semble retrouver une dynamique semblable à celle de 2007, à même de mordre sur l’électorat sarkozyste et de le poser en alternative pour empêcher Hollande de s’imposer

En résumé, si la réélection de Nicolas Sarkozy serait une énorme surprise, tout paraît cependant encore possible, dans un sens (résurrection) comme dans l’autre (absence au second tour et 21 avril à l’envers). Certains proches laissent planer le doute quant à sa candidature, mais peu croient qu’il ne se représentera pas. Sa stratégie est de parier sur l’usure d’un Hollande entré en campagne plus tôt que lui, et de miser sur son effondrement, voire son absence au second tour.

 

François Hollande (Parti socialiste)

François Hollande en 2012Vainqueur d’une primaire socialiste bouleversée par la mise hors-jeu de Dominique Strauss-Kahn, François Hollande part avec les faveur du pronostic et une nette avance dans les sondages. Cette position, il la doit cependant davantage à la répulsion des électeurs pour le président sortant qu’à un engouement véritable autour de sa personne. Hollande manque de charisme, son projet ne transporte pas les foules, et ses adversaires (dont Martine Aubry lors des primaires) le présentent comme incarnant « la gauche molle », lui-même se définissant comme un candidat « normal », par opposition au président actuel. Autre défaut à lui être reproché : n’avoir occupé aucun poste de ministre ou à responsabilités majeures, celui de premier secrétaire du PS excepté, mandat entaché par des déconvenues tels l’échec de Jospin en 2002 ou le psychodrame du « Non » au référendum sur la constitution européenne en 2005.

Malgré cela, il est le favori. Peut-il perdre ? Oui. D’abord parce que sa campagne a commencé tôt du fait des primaires et l’expose naturellement à l’usure, à la lassitude. Ensuite, parce que la lutte sera dure et cruelle, et que l’UMP et Sarkozy sont des machines redoutables qui ne s’avoueront pas facilement vaincues. Enfin, parce que le manque d’enthousiasme et de vague porteuse pourrait provoquer le déplacement des électeurs les plus en colère vers Mélenchon ou Le Pen, et celui des électeurs les plus centristes vers Bayrou. Au risque de faire rater à Hollande le second tour ? Peu probable, les socialistes agitant à tour de bras le « vote utile » pour se prémunir d’un tel cataclysme. Hollande va pourtant devoir donner des gages à gauche et au centre et jouer un exercice de funambule pour se maintenir en tête et remporter une élection pour laquelle il a désormais toutes les cartes en main.

 

Marine Le Pen (Front national)

Marine Le Pen en 2010Surfant sur les thèmes de l’insécurité, de l’immigration et du protectionnisme que ses adversaires de l’UMP ont gentiment alimentés pour elle, Marine Le Pen est-elle en mesure de se qualifier pour le second tour ? Moins sulfureuse que son père, elle tente de donner au FN davantage de respectabilité mais est loin de l’avoir rendu fréquentable pour autant. Elle profite toutefois à plein de la crise économique permanente qui gonfle les rangs des mécontents, et est annoncée depuis un an aux alentours de 20%. Dans ces conditions, elle est un risque majeur pour Sarkozy, surtout si l’électorat de celui-ci est également siphonné par Bayrou.

Des quatre candidats aux intentions de vote les plus élevées, elle est toutefois la seule à qui aucune chance de gagner n’est accordée, étant admis que sa présence au second tour entrainera aussitôt une forte mobilisation contre elle, semblable (quoique moindre en intensité) à celle rencontrée par son père en 2002.

A noter que Marine Le Pen, comme son père en son temps, annonce être à la peine pour l’obtention des cinq cents parrainages.

 

François Bayrou (Modem)

Nicolas Bayrou en 2009Quasi-invisible pendant le quinquennat, Bayrou refait surface à l’approche de l’échéance présidentielle. Son retour au premier plan n’était pourtant pas attendu tant les sondages initiaux le donnaient à la peine. Profitant du rejet sarkozyste, du manque de charisme rassembleur de Hollande et de la réputation de Le Pen, Bayrou a vu sa cote doubler dès l’annonce de sa candidature (de 6% à 13%), lui donnant l’espoir de retrouver une dynamique similaire à celle qui le porta en 2007. Mode passagère ou tendance lourde ? Il est en tout cas relancé pour la course au « troisième homme », même si son ambition est plus élevée, d’autant que, contrairement à Marine Le Pen, il ne partirait pas battu d’avance dans aucune configuration du deuxième tour.

Ses faiblesses : un parti avec une présence famélique à l’Assemblée (trois députés), une machine électorale de peu d’envergure comparée aux mastodontes PS et UMP, et un profil de candidat qui, malgré ses dires, reste plus orienté à droite qu’à gauche, limitant ainsi ses tentatives pour se présenter comme un vrai rassembleur d’union nationale.

 

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche)

Jean-Luc Mélenchon en 2009Candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon est un tribun charmeur et batailleur, à l’aise dans les joutes oratoires. Son espoir : attirer la gauche du PS en donnant de Hollande une image de centriste éloigné des idéaux socialistes que Mélenchon juge être le seul à incarner. Cette stratégie peut fonctionner, pas assez a priori pour s’immiscer dans la lutte pour le second tour, mais suffisamment pour affaiblir Hollande. Au risque de provoquer un 21 avril bis ?

Autres cibles : attirer l’électorat ouvrier parti vers Sarkozy ou Le Pen, ainsi que les écologistes déçus par la campagne d’Eva Joly et qui pourraient se retrouver dans ses valeurs.

 

Eva Joly (Europe-Écologie-Les Verts)

Eva Joly en 2011Déroute en vue ? Depuis sa nette victoire à la primaire écologiste face à Nicolas Hulot, la candidate d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) n’en finit pas de glisser sur des peaux de bananes. Chacune de ses sorties et propositions est systématiquement et férocement démolie tant à gauche qu’à droite, avec au passage des attaques nauséabondes sur son accent et ses origines (surtout de la part de la droite). Ce ne serait rien si son parti la soutenait à bout de bras, mais celui-ci a très tôt conclu un accord pour les législatives avec le PS  et n’entend pas taper trop fort sur Hollande. EELV semble en fait ne participer à la présidentielle que pour la forme, comme un passage obligé. Dans ces circonstances, Eva Joly est bien seule, presque abandonnée. Sale coup pour cette candidate issue de la société civile et qui se démarque par son passé de juge et sa volonté de mettre l’éthique et la justice au cœur des mœurs politiques, quitte à paraître froide et intransigeante.

 

Les autres candidats (avérés ou possibles)

Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) : dur, dur de succéder à Arlette Laguiller … Les intentions de votes à son égard son pour l’heure inférieures à 2%.

Christine Boutin : la farouche opposante au mariage homosexuel et présidente du Parti chrétien-démocrate peine à obtenir les 500 parrainages et accuse Sarkozy d’en être responsable. Les intentions de votes à son égard son pour l’heure inférieures à 2%.

Jacques Cheminade : le fondateur du parti « Solidarité et Progrès » en 1996 était déjà candidat en 1995. Les intentions de votes à son égard son pour l’heure inférieures à 2%.

Jean-Pierre Chevènement (MRC, Mouvement républicain et citoyen) : qu’a-t-il à gagner, à part négocier son retrait avec le PS ? Les intentions de votes à l’égard du ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin sont pour l’heure inférieures à 2%.

 

Nicolas Dupont-Aignan : souverainiste de droite, le président de « Debout la République » (DLR) se présente comme le candidat de la sortie de l’euro. Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

Carl Lang : ce dissident du FN se présente sous la bannière de la coalition appelée « Union de la Droite nationale » (UDN). Il peine toutefois à obtenir les parrainages nécessaires. Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

Corinne Lepage (présidente du parti Cap21) a quitté le Modem en 2010. L’écologie est l’axe principal de sa campagne. Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

Hervé Morin : la candidature du président du Nouveau Centre fait rire ses adversaires tant son socle électoral est famélique. Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

 

Frédéric Nihous : le candidat du parti Chasse-Pêche-Nature-Tradition est en lutte contre « l’écologie punitive ». Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste, NPA) : dur, dur de succéder à Olivier Besancenot … Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

Dominique de Villepin (République Solidaire) : crédité de faibles intentions de votes (3%), l’ex-Premier Ministre et ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac maintiendra-t-il sa candidature ? Si oui, ce serait sa première rencontre avec le suffrage universelle. Les intentions de votes à son égard sont pour l’heure inférieures à 2%.

 

 

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