C’est le mardi 8 novembre 2016 que sera connu le nouveau président appelé à succéder à Barack Obama. Le nouveau président … ou la première présidente. Huit ans après l’élection d’un Noir à la Maison Blanche, le peuple américain pourrait bien briser un autre « plafond de verre » et porter une femme à l’investiture suprême : la démocrate Hillary Clinton. Ex-Secrétaire d’État (de 2009 à 2013) et ex-First Lady (de 1993 à 2001), elle fait figure de favorite et pourrait prendre les rênes du pays vingt-quatre ans après son mari Bill Clinton.

Clinton favorite, oui mais … Son début de campagne est laborieux, empêtrée qu’elle est dans une sombre histoire d’emails qui lui colle aux basques tel le sparadrap du capitaine Haddock. Dans la course à l’investiture démocrate, elle voit en outre monter en puissance un challenger « socialiste » en la personne du sénateur Bernie Sanders, lequel a pris le relais d’Elizabeth Warren (qui a renoncé à se présenter) sur la gauche du parti. Sanders incarne le courant favorable aux Occupy Wall Street, se revendique des sociaux-démocrates scandinaves, et perce dans les sondages alors que les intentions en faveur de Clinton s’érodent. Assez pour remettre en cause son statut de favorite ? Une partie de la réponse dépendra de l’attitude du vice-président Joe Biden. Le décès en mai de son fils Beau, frappé par un cancer, l’a durement éprouvé et incité à se mettre en retrait de la compétition. De manière temporaire ? Les spéculations vont bon train.

Qui, côté républicain, pour s’opposer aux démocrates ? Jusqu’en juillet, c’est le nom de Jeb Bush qui revenait le plus régulièrement, quoique par défaut vu l’absence de candidat vraiment incontestable. La donne a toutefois changé fin juin, avec l’entrée en lice d’un bulldozer iconoclaste prônant mesures radicales et parler vrai : Donald Trump. Le magnat de l’immobilier s’est lancé dans la bataille avec détermination et, à la surprise générale, il caracole en tête des sondages. Le milliardaire bouscule les pontes du Grand Old Party (GOP) avec un discours décomplexé et démagogique (notamment en ce qui concerne les illégaux mexicains), et se présente comme le représentant de la « majorité silencieuse », loin des politiciens incapables et ineptes qui tuent le rêve américain. Trump attaque de front l’establishment, dénonce son impuissance à enrayer le déclin du pays et surfe sur la radicalisation de la base du parti, laquelle est de plus en plus en décalage avec ses leaders sur quantité de sujets clivants, dont l’économie et l’immigration.

Peut-il aller au bout et remporter une impensable investiture ? Deux arguments jouent en sa faveur : sa fortune qui lui permet de s’autofinancer sans problème, et l’éparpillement des candidats républicains, avec pas moins de dix-sept prétendants à la primaire. Bref, Trump fait le show et anime la campagne (le premier débat des candidats sur Fox News a d’ailleurs obtenu un record d’audience pour une chaîne du câble, avec 24 millions de téléspectateurs). Le passé a toutefois prouvé qu’un départ en trombe dans les intentions de vote n’est en rien gage de succès final (cf. Rudolph Giuliani en 2008 et Herman Cain et Newt Gingrich en 2012), et les adversaires du milliardaire sont persuadés que le phénomène va se dégonfler, misant notamment sur :

  • l’essoufflement d’un outsider qui n’a jamais mené de campagne politique de longue haleine
  • la réduction inévitable du nombre de candidats (Rick Perry a déjà « suspendu » sa campagne) qui va permettre de consolider les intentions de vote autour de deux ou trois leaders
  • un retour à la raison des votants devant l’inanité de son « programme »
  • la quasi-certitude que son intronisation mènera à une défaite face aux démocrates, l’aliénation de l’électorat hispanophone que provoquerait son investiture semblant rédhibitoire pour remporter la Maison Blanche.

Qui d’autre alors, si Trump finit par s’effacer ? Parmi les possibilités, outre Jeb Bush, figure un autre novice en politique, l’ex-neurochirurgien Ben Carson, qui monte – étonnamment – en puissance. Puis, en retrait, viennent les sénateurs Ted Cruz (Texas) et Marco Rubio (Floride), mais plus le gouverneur du Wisconsin Scott Walker, bien placé au printemps et rentré dans le rang depuis.

 

Tous les candidats démocrates au 15 septembre 2015

Tous les candidats républicains au 15 septembre 2015

 

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