Si certains patelins reculés n’ont rien pour eux, la petite ville de Page, à la lisière du territoire navajo, elle, est doublement bénie des dieux, avec, en point d’orgue, un site parmi les plus photogéniques des Etats-Unis. Aujourd’hui, première partie : Antelope Canyon.

 

Un ciel infiniment haut, un sol infiniment plat. Bienvenue dans ce qui constitue la partie la plus plane du plateau du Colorado, une zone du nord de l’Arizona, aux paysages arides et à la végétation aussi rare qu’ailleurs dans la région, mais, à la différence d’autres endroits, sans reliefs vraiment accidentés.

Avantage : en été, c’est un ciel gigantesque qui s’offre à la vue des automobilistes arrivant de l’est, un ciel d’un bleu parfait, dont ne se détachent, à bonne distance mais avec netteté, que quelques nuages noirs en train de se vider. Vu de loin, le spectacle semble inoffensif, celui d’un mince filet continu s’échappant gentiment de la masse compacte du nuage. Et pourtant, ce phénomène si anodin pour qui le contemple à des kilomètres de là, c’est bel et bien celui de nuées en train de crever, avec, dans leur sillage, le déversement brutal et soudain de quantités d’eau si énormes que les sols sont incapables de les absorber, provoquant ainsi en des endroits très localisés des crues subites et déchaînées capables de tout submerger.

Loin d’être rare dans la région, ce genre d’événements climatiques violents (connu en anglais sous le nom de « flash flood ») a parfois des conséquences dramatiques. C’est ainsi qu’Antelope Canyon se retrouva à la une des journaux de 20h en 1997, lorsque, au mois d’août de cette année-là, onze touristes (parmi lesquels sept Français) en visite avec un guide dans la partie dite « Lower Antelope » y trouvèrent la mort suite à une crue subite provoquée par une averse torrentielle ayant eu lieu à onze kilomètres de là.

Depuis, les mesures de sécurité et d’alerte ont été renforcées pour éviter la répétition d’une telle tragédie, et, alors qu’elle était possible dans le passé, la visite des canyons d’Antelope ne peut désormais plus se faire sans guides. Ceux-ci sont tous issu de la tribu des Navajos. C’est en effet sur leur territoire que se trouve le site d’Antelope Canyon, découvert en 1931 et depuis devenu une source importante de revenus pour les Indiens.

Autre source importante de revenus pour eux : la Navajo Generating Station, une imposante centrale électrique alimentant des foyers d’Arizona, de Californie et du Nevada, et absolument immanquable depuis la route menant à Page et Antelope Canyon, dont un des parkings se trouve d’ailleurs juste au pied de l’usine.

 

Voilà pour la partie contexte. Place aux sites en tant que tels. « Aux sites » et pas « au site », Antelope Canyon se composant en fait de deux parties distinctes, non-reliées entre elles, et qui se visitent avec des guides différents (et donc en payant deux entrées différentes).

 

Upper Antelope Canyon

« Upper » (supérieur, ou plus haut). Cette partie d’Antelope Canyon est ainsi nommée en raison de sa hauteur, et parce que l’entrée s’y fait debout, via une anfractuosité dans la une colline de pierre où elle se trouve, par opposition à « Lower Antelope Canyon » (inférieur, ou plus bas), dont l’entrée est une crevasse à même le sol et requiert de s’enfoncer (un peu, rien à voir avec de la spéléo) dans les entrailles de la terre pour y pénétrer (cf. infra).

L'entrée de « Upper Antelope Canyon »

L’entrée de « Upper Antelope Canyon »

 

Pour s’y rendre, il convient de passer par une agence de guides à Page qui vous y emmènera en pick-up avec une dizaine d’autres touristes. En pleine saison, mieux s’y être pris à l’avance. Si tel n’a pas été le cas, une seule solution : se rendre dès six heures du matin au bureau d’une agence et obtenir une place pour l’une des premières excursions de la journée, en général les moins remplies de participants. Inconvénient : ne pas visiter le site alors que le soleil est à son zénith et que ses rayons de lumière y donnent leur plein éclat, avec parfois la formation de toutefois. Avantage (non-négligeable) : ne pas se retrouver empêtré dans une cohue de touristes, surtout si le pick-up qui vous a embarqué est le premier à inaugurer la journée, lorsque le lieu est encore calme et serein, et qu’y prévaut une douceur agréable qui, quelques heures plus tard, se transformera en canicule étouffante.

Une fois arrivé, le guide navajo fournit quelques explications sur la formation de ce défilé formé par l’action de l’érosion sur cette colline de grès. Puis, en route vers l’intérieur, pour une balade de 400 m aller-retour, au cours de laquelle on découvre ça :

Vue de l'intérieur de Upper Antelope Canyon

 

et ça :

Un visage de pierre dans Upper Antelope Canyon

Un visage de pierre …

 

ou ça :

 

avant de déboucher sur la sortie,

La sortie de Upper Antelope Canyon, là où le défilé creusé dans le grès rejoint le lit d’une rivière à sec, qui revit parfois brièvement en cas de forte pluie.

 

puis, de revenir sur ses pas.

 

 

Lower Antelope Canyon

Comme expliqué plus haut, « Lower Antelope Canyon » est ainsi nommé en raison de sa disposition, une crevasse dont l’entrée se trouve à même le sol et requiert de s’enfoncer (un peu, rien à voir avec de la spéléo) dans les entrailles de la terre pour le visiter.

L'entrée de Lower Antelope Canyon

L’entrée de Lower Antelope Canyon (en bas de l’image : un bout de l’échelle permettant l’entrée dans la crevasse)

 

Légèrement plus exigeant physiquement que Upper Canyon (quelques échelles de fer à descendre et monter, boyaux plus étroits, plafond parfois plus bas), Lower Antelope Canyon est un chouïa moins fréquenté, ce qui permet d’y accéder plus facilement, même sans réservation. Pour y aller, pas besoin de pick-up, un parking en contre-bas de la centrale électrique permet de se parquer sans souci.

La visite diffère de celle de Upper Canyon. Ici, pas question de vaquer à son rythme ni de s’éloigner un tant soit peu du groupe, l’étroitesse de l’endroit ne le permet pas, ni le groupe suivant qui arrive dans le dos. Pour autant, le parcours ne s’effectue pas non plus au pas de charge, les guides prévoyant suffisamment de temps pour que les touristes (qui doivent le plus souvent avancer à la queue leu leu) aient chacun l’occasion de prendre un ou plusieurs clichés des endroits les plus appréciés.

Il est près de 11h, le soleil approche du zénith, la lumière va bientôt devenir zénithale.

 

Vue du plafond

 

L’œil de l’aigle

 

Le guide navajo (repérable à son T-Shirt orange) attendant que ses visiteurs aient fini leurs clichés

 

 

A suivre : les deux autres joyaux de Page, tous deux liés au fleuve Colorado : Horseshoe Bend et le Lake Powell