Le mois qui s’est écoulé entre le dernier débat démocrate et le suivant républicain a été marqué par les répercussions des attentats à Paris, en particulier dans le chef de Donald Trump, lequel est parti en roue libre totale, avec une parole plus que jamais décomplexée qui ravit ses fans et accapare l’attention des médias.

Donald Trump en août 2015Dès avant les attentats, le Trump outrancier était de retour. Non pas qu’il ait jamais disparu, mais le magnat de l’immobilier était apparu un peu plus calme lors des deux débats précédents, se contentant de maintenir ses positions sans lancer de nouvelles provocations. Mais dès après le débat de Milwaukee il s’est remis à l’invective, notamment vis-à-vis de Ben Carson ou, plus exactement, vis-à-vis de ceux ayant l’intention de voter pour lui, qui se sont vu traiter d’idiots. Cette sortie n’était toutefois rien par rapport aux diatribes qui allaient sortir après les attentats de Paris et la tuerie de San Bernardino. Florilège :

 

  • « Des milliers de musulmans dans le New Jersey ont applaudi au 11 septembre ». Le retour d’une légende tenace que rien ne soutient, les seules images de pareilles « célébrations » provenant d’un coin du … Proche-Orient. Cette sortie a débouché sur une autre controverse, Trump citant un journaliste travaillant au Washington Post en 2001 pour justifier son propos, lequel journaliste nia avoir jamais écrit quelque chose de tel. Furieux, Trump s’attaqua alors à lui en le caricaturant et imitant son handicap (l’homme souffre d’arthrogrypose congénitale).
  • Après l’accusation, les sanctions : Trump exige non seulement la mise en place d’une base de données pour pister les musulmans aux Etats-Unis, mais demande également la surveillance des mosquées et appelle à interdire complètement l’immigration des musulmans jusqu’à ce que « nous soyons capables de déterminer et de comprendre ce problème ».
  • Niveau répressif, pas de tabou non plus : appel au retour de la torture par noyade (« waterboarding ») ainsi qu’à s’en prendre aux familles des terroristes (« faire ce qu’Israël a fait pendant tout un temps : détruire leurs maisons »).
  • Les pays d’Europe ne sont pas oubliés, le magnat populiste parlant de lieux à Londres et ailleurs qui sont si radicalisés que les policiers craignent pour leur propre vie. Résultat : un tollé international en Angleterre et en France.
  • Dernière saillie en date : un appel à fermer ou contrôler Internet, traitant au passage d’idiots ceux qui brandissent la liberté d’expression.

 

Portrait officiel de Ted Cruz en tant que sénateur (2013)Conséquence de ces sorties ? Une cote au beau fixe dans les sondages, au désespoir de tous ceux qui, à chaque fois qu’il commet un dérapage, espèrent que ce sera enfin celui qui amènera sa chute, Trump a repris du poil de la bête dans les enquêtes d’opinion et nettement creusé l’écart vis-à-vis de Ben Carson, lequel voit ses intentions de vote s’effondrer depuis que se pose avec plus d’acuité la question « qui verriez-vous comme commandant-en-chef de notre armée ? ». Carson chute et il est désormais dépassé par Ted Cruz (photo) et Marco Rubio. Le sénateur du Texas en particulier a le vent en poupe, et est même donné en tête dans l’Iowa par les trois derniers sondages réalisés dans cet État, tandis que Rubio est resté stable en peu en-dessous des 15% au niveau national. Quant aux autres candidats, ils sont loin derrière, tous en moyenne sous la barre des 5% depuis un mois, y compris Bush et Fiorina.

 

Calme plat en revanche côté démocrate : les lignes bougent peu, Hillary Clinton reste loin devant dans les sondages (aux alentours de (50-55%), Bernie Sanders suivant aux alentours de 30-35% tandis que Martin O’Malley ne dépasse jamais la barre des 5%.

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