Nicolas Sarkozy en 2010Sursaturation de l’espace médiatique par Nicolas Sarkozy, lequel entend bénéficier d’une exposition maximale avant l’entrée en vigueur la semaine prochaine de la règle d’égalité du temps de paroles des candidats.

Point de départ névralgique de cet intense déploiement d’énergie : le méga-meeting du dimanche 11 à Villepinte (40 000 militants et sympathisants UMP), un meeting au cours duquel le président sortant adopte un discours très agressif vis-à-vis de l’Europe (« Il faut revoir Schengen (…) et si l’Europe refuse (…), alors la France suspendra sa participation à ces accords », suivi par « Il faut doter l’Europe d’un Buy European Act (…) et ici aussi, s’il y a blocage, la France prendra les devants ») qui suscite de vives réactions à l’étranger, le Wall Street Journal allant jusqu’à évoquer un « Nicolas Le Pen » ! Suivent un passage dans l’émission Paroles de candidats sur TF1 lundi (marqué par l’annonce de sa volonté de taxer les exilés fiscaux), diverses interviews radios, une participation au Grand Journal de Canal + vendredi et une autre à Capital (M6) dimanche.

Cette hyperactivité donne le tournis aux instituts de sondages qui se répandent en études contradictoires. Lundi, Ifop annonce Sarkozy devant Hollande au premier tour. Mardi, Sofres donne une tendance inverse. Mercredi, CSA place les deux candidats à égalité. Samedi, LH2 montre Sarkozy en hausse mais toujours distancé par Hollande. Dimanche enfin, Ifop à nouveau annonce Sarkozy en pole-position mais pour seulement un demi-point. Bref, une cacophonie sans nom, qui fait toutefois le jeu de Sarkozy, le sentiment dominant étant que le président sortant a réussi à reprendre la main et à inverser (ou atténuer) la dynamique qui le donnait perdant sans rémission (et ce, même si tous les instituts s’accordent toujours pour donner Hollande nettement vainqueur au deuxième tour).

 

Jean-Luc Mélenchon en 2009L’autre gagnant de la semaine est Jean-Luc Mélenchon, que des sondages annoncent pour la première fois à plus de 10%, et dont les thèmes exercent une influence grandissante sur la campagne, jusqu’à être en partie repris par ses adversaires (taxer fortement les riches pour Hollande, taxer les exilés fiscaux pour Sarkozy). Point d’orgue de la semaine du candidat du Front de Gauche : le rassemblement du 18 mars à la Bastille, au cours duquel environ 100 000 personnes se massent pour l’entendre appeler à l’insurrection citoyenne et réclamer l’instauration de la Sixième République (cf. le résumé de la journée).

 

Les autres candidats

 

  • Face à la double menace que constitue la montée dans les sondages de Sarkozy et Mélenchon, François Hollande durcit son discours vis-à-vis du président sortant et lance un nouvel appel au vote utile. Un parfum de flottement n’en est pas moins perceptible dans le camp socialiste, d’autant que la performance du candidat à Des Paroles et des Actes sur France 2 jeudi n’est pas extraordinairement convaincante (cf. le résumé de sa prestation).
  • La semaine est marquée par le rush final pour l’obtention des cinq cents parrainages, lesquels doivent parvenir au Conseil constitutionnel pour le vendredi 16 mars dernière limite. Aux certitudes que sont Sarkozy, Hollande, Bayrou, Joly et Mélenchon, et aux rassurés de la semaine passée que sont Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade, s’ajoutent dès lundi Philippe Poutou et Marine Le Pen, puis Nicolas Dupont-Aignan.
  • N’obtiennent en revanche pas les parrainages requis : Carl Lang (attendu) et Dominique de Villepin, lequel dénonce « la République des partis » (même si les rumeurs font surtout état d’un manque de motivation de sa part au vu de ses faibles intentions de vote, et, par conséquent, du risque élevé que ne soient pas remboursés ses frais de campagne).
  • Incertitude pour Corinne Lepage : il faudra attendre la confirmation officielle du Conseil constitutionnel lundi pour être fixé quant au nombre de parrainages valides qu’elle a obtenus.
  • Pas de soucis de ce genre chez EELV, mais bien pour trouver des électeurs. Les intentions de votes restent désespérément médiocres et Noël Mamère évoque publiquement la possibilité d’un retrait. Eva Joly ne veut rien entendre et continue.
  • Jean-Pierre Chevènement (dont le parti – le MRC – a conclu la semaine dernière un accord avec le PS en vue des législatives) annonce officiellement soutenir François Hollande.

Articles récents

7 mai – Où Macron est élu président

7 mai – Où Macron est élu président

En dépit d’une abstention substantielle, Emmanuel Macron remporte le second tour avec une avance nette et devient le nouveau président de la République.

La « Trilogie de la Guerre » de Roberto Rossellini

La « Trilogie de la Guerre » de Roberto Rossellini

Italie, 1945. Dans un pays dévasté, une génération nouvelle de réalisateurs invente le néoréalisme. Parmi ses fers de lance : Roberto Rossellini, qui, en trois ans et trois films, accède au statut d’auteur majeur du 7ème Art.

Solaris (1972) – Andreï Tarkovski

Solaris (1972) – Andreï Tarkovski

En dépit d’années d’observations, la planète Solaris garde ses mystères, dont le principal n’est autre que sa surface, un océan gigantesque qui serait en fait … un cerveau.

Antelope Canyon – De lumière et de grès

Antelope Canyon – De lumière et de grès

Si certains patelins reculés n’ont rien pour eux, la petite ville de Page, elle, est doublement bénie des dieux, avec, en point d’orgue, un site parmi les plus photogéniques des Etats-Unis.

Lava Beds – L’ultime champ de guerre des Modocs

Lava Beds – L’ultime champ de guerre des Modocs

Isolé aux confins nord-est de la Californie, le parc de Lava Beds compte deux principaux centres d’intérêt : ses cavernes, et le souvenir de la résistance opiniâtre qu’y livra une poignée d’Indiens.

Les dynamiques qui ont fait basculer l’élection

Les dynamiques qui ont fait basculer l’élection

12 novembre 2016 – Si la victoire de Donald Trump est nette en termes de grands électeurs, elle s’est pourtant jouée à quelques États-clefs qui ont basculé de justesse en sa faveur. Pour expliquer ce résultat, plusieurs dynamiques sont …