Portrait officiel d'Hillary Clinton en tant que Secrétaire d'Etat (2009)Après Trump, c’est au tour d’Hillary Clinton de vivre une quinzaine délicate, avec un retour de l’interminable affaire de ses emails et, dans la prolongation de celle-ci, les critiques sur les financements étrangers de l’organisation de charité mise sur pied par son mari Bill en 1997.

Concernant la controverse des emails, le premier soubresaut survient le 16 août, lorsque le Congrès obtient la remise par le FBI du dossier confidentiel consacré à l’affaire, donnant ainsi l’impression de vouloir se lancer dans une sorte d’enquête sur l’enquête. Le second soubresaut a lieu une semaine plus tard, lorsqu’un juge fédéral ordonne au département d’État de rendre public avant l’élection du 8 novembre 15 000 emails supplémentaires liés à la correspondance de Clinton à l’époque où elle travaillait pour l’administration Obama. Ces nouveaux faits n’apportent a priori rien de neuf à une saga qui dure depuis un an et demi déjà, mais ils maintiennent une certaine pression sur la candidate en entretenant le soupçon de dissimulation et malhonnêteté, et montrent que les républicains sont bien décidés à ne pas lâcher le morceau, ce que les démocrates qualifient « d’acharnement ».

 

Autre sujet à avoir alimenté la chronique : la « Bill, Hillary & Chelsea Clinton Foundation ». Organisation à but non-lucratif fondée en 1997 pour mener des actions de charité à travers le monde entier, cette fondation peut compter sur des dons conséquents de la part de mécènes étrangers, dont l’Arabie saoudite (entre $10m et $25m de dollars sont cités), le Qatar, les Émirats Arabes unis, l’Algérie, Brunei, etc., ou encore des personnes privées tel le gendre de l’ex-président ukrainien Leonid Koutchma. L’identité de ces donateurs alimente depuis longtemps les accusations de conflits d’intérêts concernant le rôle de Secrétaire d’État tenu de 2009 à 2013 par Hillary Clinton, laquelle a pu, selon plusieurs virulents critiques, profiter de sa fonction pour négocier des versements en faveur de sa fondation en échange d’avantages politiques. Bien qu’aucun élément concret ne soit jusqu’à présent venu étayer ces affirmations, le camp Trump a profité de la mention de certains de ces donateurs dans les emails rendus publics par le FBI pour ouvrir une nouvelle ligne de feu vis-à-vis de la candidate démocrate, le magnat de l’immobilier parlant de corruption (« No issue better illustrates how corrupt my opponent is than her pay for play scandals as secretary of state ») et demandant la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur le sujet. Du côté de Clinton, ces accusations sont évidemment formellement démenties, même si Bill a reconnu que la Fondation devrait renoncer aux dons étrangers si son épouse était élue présidente.

Autres attaques subies par Hillary Clinton ces derniers jours : celles concernant sa santé, la sociosphère conservatrice alimentant des rumeurs de problèmes qui d’épilepsie, qui de démence, la plupart basées sur des images détournées et sur-interprétées, voire des faux.

 

Du côté de Trump

 

Donald Trump en août 2015Nouveaux remaniements dans l’équipe du candidat républicain, et pas des moindres. De plus en plus sous le feu des critiques pour ses relations passées avec de nombreux dictateurs (Mobutu, Marcos …), Paul Manafort est contraint de démissionner de son poste de directeur de campagne suite aux révélations du New York Times l’impliquant dans une affaire de corruption liée à l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, dont il a été un conseiller.

Dès avant sa démission, Trump avait déjà remanié son équipe. Rejoignent ainsi les rangs de ses principaux lieutenants Kellyanne Conway (une spécialiste des sondages politiques, déjà conseillère de Trump et désormais en charge des aspects plus stratégiques de la campagne) et, arrivée très commentée, Stephen Bannon, un polémiste politique haut en couleurs et président exécutif du site polémique d’informations Breitbart News, lequel soutient Trump depuis le lancement de sa campagne et se montre particulièrement critique à l’égard des républicains de l’establishment.

Si cette nomination semble indiquer la volonté de Trump de faire marche-arrière en ce qui concerne ses tentatives pour lisser son style au profit d’un retour au discours direct et sans fioritures qui a fait son succès lors de la primaire républicaines, les jours qui ont suivi n’en ont pas moins été marqués par deux sorties ayant tout de courbes rentrantes. La première a consisté en un semblant de début d’excuses pour avoir tenu des propos déplacés au cours de la campagne (« sometimes, in the heat of debate and speaking on a multitude of issues, you don’t choose the right word or you say the wrong thing. I have done that and, believe it or not, I regret it »), sans toutefois spécifier à quels propos il faisait référence, puis en ajoutant qu’il n’en continuerait pas moins de toujours dire la vérité.

La seconde, plus emblématique, a concerné l’immigration. Trump laisse en effet désormais entendre qu’il ne compte plus expulser les onze millions de clandestins présents aux Etats-Unis, mais qu’il va concentrer ses efforts sur ceux d’entre eux qui sont des criminels, allant même jusqu’à évoquer un adoucissement (« softening ») des lois pour aidés les immigrants établis de manière illégale mais paisible. Voilà qui serait un revirement spectaculaire sur LE sujet qui a fait son succès, ce qui a provoqué une réaction ironique de la part de la porte-parole de Jeb Bush, Kristy Campbell, laquelle a fait remarquer : « It is unsurprising that Donald Trump is finally faced with reconciling his immigration policy with reality, something Governor Bush predicted last year ». Pas de changement (encore ?) en revanche concernant le « mur », que le candidat républicain compte toujours élever.

 

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