Julian Assange en 2014Julian Assange l’avait promis : WikiLeaks passe à l’offensive à un mois du 8 novembre et publie désormais presque quotidiennement des fournées d’emails concernant la candidate démocrate.

Commencée dès vendredi dernier, la charge a dans un premier temps été complètement éclipsée par la vidéo polémique sur les propos de Donald Trump envers les femmes. Après avoir atteint son apogée dimanche avec le deuxième débat des candidats, puis lundi, avec l’annonce de Paul Ryan qu’il cessait de faire campagne pour Trump, la tempête s’est ensuite calmée et, même si la mer demeure agitée, davantage d’attention a enfin pu être portée aux publications de WikiLeaks.

A partir d’emails obtenus via le piratage de l’adresse électronique de John Podesta, WikiLeaks a notamment sorti les fameuses conférences prononcées par l’ex-Secrétaire d’Etat à Goldman Sachs. Comme dans le cas du DNC-leaks, ces passages ne contiennent pas spécialement de grandes révélations, mais apportent la confirmation de ce que pressentait quiconque suit de plus ou moins loin la campagne, à savoir un discours pas totalement à double-face, mais délivré avec plus de franchise quand elle s’adresse au monde de la finance, notamment lorsqu’elle déclare que certaines décisions (tel que l’adoption du Dodd-Frank Act) l’ont été pour des raisons politiques, afin de montrer à la population que des actions étaient prises pour contrôler Wall Street.

D’autres passages sont plus gênants, notamment quand elle déclare lors d’un événement à la Deutsche Bank en 2014 que le secteur financier doit se réguler lui-même, ou, lorsque, dans un discours de 2013, elle plaide pour davantage de libre-échange, bref autant de sujets où ses positions sont connues pour être mouvantes et qui ne contribueront pas à améliorer la méfiance d’une grande partie de la population à son égard, mais qui, à tort ou à raison, ne devraient pas non plus substantiellement l’aggraver.

De son côté, l’équipe de la candidate a fait peu de commentaires sur ces publications, préférant surtout réitérer ses accusations de connivence entre WikiLeaks et la Russie au profit de Donald Trump, et aussi comparer cette affaire avec celle du Watergate.

 

Le GOP à feu et à sang

Portrait officiel de Paul Ryan en tant que membre de la Chambre (2013) - Domaine publicLe matin du lundi 10 octobre, au lendemain du deuxième débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, une réunion téléphonique s’est tenue entre plusieurs responsables du parti républicain pour savoir quelles suites donner à la campagne suite à l’ouragan qui s’est abattu sur le milliardaire après la révélation de ses propos polémiques sur les femmes.

Très inquiet que la tournure prise par la campagne de Trump ne fasse perdre aux républicains à la fois la présidentielle le Sénat et la Chambre des représentants, l’actuel speaker de la Chambre Paul Ryan (photo) s’est clairement désolidarisé du milliardaire et a annoncé que, s’il ne lui retirait pas son adoubement (endorsment) en tant que candidat du GOP, il cessait en revanche immédiatement toute opération de soutien en sa faveur pour se concentrer uniquement sur les élus républicains les plus menacés de perdre leur circonscription (voir Les autre élections du 8 novembre).

Cette décision pourrait toutefois s’avérer à double tranchant, une partie de la base électorale de Trump pouvant décider de faire payer à Ryan et au GOP ce qu’elle considère comme un lâchage. Un aperçu lui en a peut-être déjà été donné samedi passé, lorsque l’actuel speaker de la Chambre a été accueilli par des sifflets et des huées à un meeting dans le Wisconsin où il avait intimé à Trump de ne pas se présenter, contrairement à ce qui était prévu au départ. C’est sans doute pour cette raison que Mitch McConnell (chef de la majorité au Sénat, celle qui est le plus en danger pour les républicains, celle de Chambre paraissant en meilleure posture) a adopté une attitude beaucoup plus réservée et moins tranchée, tandis que Reince Priebus, le président du RNC, assurait de son côté qu’il continuait d’aider Trump. Quant au scénario d’un changement pur et simple de candidat, il semble qu’il n’ait été qu’une hypothèse théorique brandie à la va-vite par les opposants républicains les plus farouches du magnat de l’immobilier, une telle décision semblant impossible à appliquer pour des raisons juridiques et logistiques, y compris si Trump décidait de lui-même de se retirer (ce qu’il a catégoriquement nié avoir l’intention de faire).

De son côté, Trump a réagi à sa manière, d’abord en tweetant que Ryan ferait mieux de s’occuper de l’équilibre budgétaire, de l’emploi et de l’immigration illégale au lieu de lui battre des bâtons dans les roues. Il en a ensuite remis une couche en déclarant : « It is so nice that the shackles have been taken off me and I can now fight for America the way I want to » (« C’est très bien que mes chaînes aient été retirées, je vais maintenant pouvoir me battre pour l’Amérique de la manière que je veux »).

 

Trump et les femmes : suite (et sans doute pas fin)

Les coups continuent de pleuvoir sur Donald Trump au sujet de son rapport avec les femmes, plusieurs témoignages sortant en effet cette semaine (dont deux dans le New York Times) pour l’accuser d’attouchements sexuels. Le milliardaire s’est empressé de nier et a relancé son couplet sur une élection corrompue par des médias truqués au service de sa rivale.

Dans un tout autre registre, Trump a laissé entendre que Clinton s’était … dopée pour le débat de dimanche dernier, et l’a défiée de passer un contrôle anti-dopage avant d’entrer en scène pour le prochain. Pour preuve de son accusation, il a expliqué avoir trouvé anormale que sa rivale soit pleine d’énergie en début de débat et amortie (d’après lui) à la fin. Pour les observateurs, cette attaque est à mettre en relation avec les précédentes ayant visé à démontrer que Clinton n’a ni la santé ni la résistance requise pour être présidente.

 

Pendant ce temps, chez Hillary …

Rien. Enfin, rien, excepté l’affaire WikiLeaks (cf. supra), qui est très loin de déclencher un raffut comparable à celui subit ces dernières semaines par Trump. Et de fait, Clinton se fait discrète, laissant ses alliés puissants et respecter monter au front pour elle et livrer des attaques tranchantes sur son adversaire. Cette semaine, ce fut notamment le cas de Barack Obama (qui a réitéré avec des mots très proches une diatribe qu’il avait sorti il y a quelques semaines), mais aussi de son épouse Michelle Obama, laquelle a prononcé jeudi 13 un discours à nouveau fort remarqué.

 

 

 

 

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