Tous les chiffres repris dans cet article proviennent du site realclearpolitics.com, en particulier de la section spécialement consacrée aux sondages de la présidentielle.

 

1. Vote populaire
 

D’abord, un rappel : les sondages effectués au niveau national ont une valeur indicative, le vainqueur du scrutin étant déterminé non pas sur cette base, mais sur celle des grands électeurs, lesquels sont alloués suivant le résultat du vote populaire … par État. Cet indicateur n’en reste as moins intéressant à suivre pour la tendance qu’il décrit.

Alors qu’elle avait creusé un écart significatif après la convention de Philadelphie fin juillet, Clinton voit son avance au niveau national se réduire à peau de chagrin depuis la mi-août. Les événements récents concernant sa santé n’ont pas arrangé son cas, et les deux candidats sont actuellement (20 septembre) donnés dans un mouchoir de poche en ce qui concerne le vote populaire.

Concernant les candidats Third Party les plus visibles, Gary Johnson (Parti libertarien) tourne aux alentours de 7-8%, tandis que Jill Stein (Green Party) reste en dessous des 5%. Aucun des deux n’approche donc la barre déterminante des 15% pour être admis aux débats.

 

2. Grands Électeurs

 

Le site realclearpolitics.com regroupe les États en quatre catégories : ceux qui sont solidement acquis à un candidat (Solid States), ceux qui lui sont probablement acquis (Likely States), ceux dans lesquels un candidat est pour l’heure donner avec un léger avantage (Leaning States), et ceux qui sont dans l’incertitude quasi complète (Toss Up).

 

Les États acquis ou probables (Solid et Likely States)

270. Tel est le nombre magique de grands électeurs à décrocher pour s’assurer leur majorité absolue. A ce petit jeu, les candidats ne partent pas à égalité, un certain nombre d’États étant jugé comme quasi automatiquement acquis (Solid State ou Likely State) au représentant de tel ou tel parti, que ce soit pour des raisons historiques, sociologiques ou circonstancielles. Côté démocrate, c’est notamment le cas de la Californie (55 grands électeurs), de New York (29) et de l’Illinois (20), lesquels, à eux trois, assurent déjà 104 grands électeurs à Clinton dès avant l’ouverture des scrutins.

Cette année, à la date du 20 septembre, le nombre d’États dans une telle configuration s’élève à 12 pour les démocrates, pour un total de grands électeurs de 155. Côté républicain, l’histoire est différente : le nombre d’États quasiment assurés à Trump est certes plus élevé (17), mais le nombre de grands électeurs qu’ils rapportent est nettement moindre (95), ce qui lui donne au milliardaire un handicap à rattraper.  

 

Pour Clinton, les États considérés comme acquis ou probables sont : la Californie (55 grands électeurs), le District de Columbia (3), Hawaï (4), le Maryland (10), le Massachusetts (11) et le Vermont (3) pour ce qui est des Solid States ; et le Delaware (3), l’Illinois (20), le premier district du Maine (1), New York (29), Rhode Island (4) et Washington (12) pour les Likely States.

Pour Trump, les États concernés sont : l’Alabama (9), l’Alaska (3), l’Arkansas (6), l’Idaho (4), le Kentucky (8), le Nebraska (4), le Dakota du Nord (3), l’Oklahoma (7), le Tennessee (11), la Virginie occidentale (5) et le Wyoming (3) pour les Solid States ; et le Kansas (6), la Louisiane (8), le Mississippi (6), le Montana (3), le Dakota du Sud (3) et l’Utah (6) pour les Likely States. 63-32

 

Les États possibles (Leaning States)

11 États sont actuellement donnés à l’avantage de l’un ou l’autre candidat, sans toutefois être complètement joués, un renversement pouvant toujours si produire. Côté démocrate, il s’agit du Connecticut (7), du Maine (2), du Minnesota (10), du New Jersey (14), du Nouveau-Mexique (5) et de l’Oregon (7), soit un potentiel de 45 grands électeurs supplémentaires.

Côté républicain, les États concernés sont l’Indiana (11), le Missouri (10), le deuxième district du Nebraska (1), la Caroline du Sud (9) et le Texas (38), soit un potentiel de 69 grands électeurs supplémentaires.

Si la logique des États SolidLikely et Leaning est respectée, Clinton part donc avec une base de 200 grands électeurs (86 Solid + 69 Likely + 45 Leaning), pour 164 à Trump (63+32+69). La démocrate doit donc en gagner encore 70 à gagner dans les États indécis pour remporter la présidentielle, contre 106 à Trump.


 

Les États indécis (Toss Up)

Au 20 septembre 2016, les États indécis sont au nombre de 14 et peuvent être regroupés en quatre catégories.

 

a) La Rust Belt

C’est LE gros pari de Donald Trump. Ravir les États frappés par le déclin industriel, ceux où son électorat-cible (les hommes blancs en colère suite au déclassement économique qui frappe leur région) est le plus susceptible de lui faire gagner l’élection. Quatre États sont ici concernés. Parmi eux : l’Ohio (18 grands électeurs), un Swing State typique, où l’écart s’est considérablement réduit depuis début septembre et où le milliardaire est même depuis peu donné vainqueur. Tel n’est en revanche pas le cas des trois autres États concernés, la Pennsylvanie (20), le Michigan (16) et le Wisconsin (10), des bastions démocrates historiques, où Clinton garde pour l’heure l’avantage. Ces quatre scrutins-là seront observés de près, Ohio et Pennsylvanie en particulier.

 

b) Le Sud

C’est l’autre gros morceau des États indécis, avec, en point d’orgue, la Floride (29), un autre Swing State typique, où c’est la bouteille à encre la plus totale qui prévaut. Idem pour la Caroline du Nord (15), tandis que la Géorgie (16) semble pour l’instant favorable à Trump, et la Virginie à Clinton (13).

 

c) L’Ouest

Les trois États indécis de l’Ouest (Arizona, Colorado, Nevada) ont une importance vitale pour Trump, qui ne peut se permettre d’en perdre plus d’un (et de préférence pas l’Arizona). Problème pour lui : la présence de Gary Johnson, lequel devrait réaliser ses scores les plus élevés dans ces États au détriment de Trump.

Normalement, l’Arizona (11 grands électeurs) doit revenir aux républicains. Cet État a largement voté pour Romney et McCain en 2012 et 2008, et Trump se doit de le gagner. Johnson y est toutefois donné entre 8% et 10% et mord sur son électorat, réduisant ainsi son avance sur Clinton à une peau de chagrin. Une victoire de la démocrate en cet endroit serait un coup très dur pour le milliardaire.

La situation est inversée dans le Colorado (9), un État largement démocrate en 2008 et 2012, mais où Clinton est talonnée par Trump. Là encore, le salut pour Hillary viendra peut-être de Johnson, crédité de près de 15% d’intentions de vote, dont une partie pourrait manquer à Trump.

Enfin le Nevada (6), lui aussi bastion démocrate en 2008 et 2012, est pour l’instant donné légèrement à Trump, et ce malgré la forte de cote de Johnson (entre 8 et 10%). Le nombre de grands électeurs en jeu est minime, mais le milliardaire doit absolument les grappiller pour gagner la présidentielle.

 

d) Les autres

Ils sont au nombre de trois, l’un dans le Midwest (l’Iowa), les deux autres en Nouvelle-Angleterre (le New Hampshire et un district du Maine).

Largement favorable à Obama en 2008 et 2012, l’Iowa (6 grands électeurs) semble en passe de basculer en faveur de Trump, qui est annoncé comme y ayant rattrapé sa rivale et creusant même l’écart.

Dans le New Hampshire (4), Clinton part avec une longue d’avance, mais celle-ci s’érode au fil des semaines et sa victoire est remise en question. Quant au deuxième district du Maine (1), il est pour l’instant donné à Trump.

 

e) Résumé de la situation

Sur base des tendances actuelles, Clinton a besoin de reporter 70 grands électeurs dans les États indécis, alors que Trump doit en gagner 106 (il y en a 174 en jeu). Au vu des dernières prévisions (sachant que realclearpolitics n’attribue à personne ni la Floride ni la Caroline du Nord tant l’incertitude y est grande), Clinton en obtiendrait 72 contre 58 à Trump, ce qui lui assurerait la victoire quel que soit le résultat en Floride et en Caroline du Nord.

 

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