La semaine commence par une mauvaise nouvelle pour Trump : sa fondation est interdite de levée de fonds dans l’État de New York. Cette organisation de charité est dans le viseur de la justice depuis plusieurs semaines suite aux révélations du Washington Post sur l’utilisation de ses finances au profit du candidat républicain.

La prestation de Mike Pence lors du débat des vice-présidents mardi soir met en revanche du baume au coeur de l’équipe du milliardaire. Bien aidé par un Tim Kaine inutilement agressif, le gouverneur de l’Indiana a, dans un style sobre et posé, bien géré les échanges et est sorti vainqueur de la soirée. Certes cette performance est-elle à relativiser (le débat n’a pas attiré les foules attendues, Pence a été bon mais pas génial, et Kaine l’a plusieurs fois mis en position délicate en demandant comment il pouvait défendre telle ou telle position controversée de Trump, ce à quoi le républicain a souvent préféré ne pas répondre), elle n’en est pas moins bonne à prendre pour le camp Trump qui retrouve des couleurs. Mais vendredi, moins d’une semaine après la révélation des impôts fédéraux que le milliardaire n’a pas dû payer pendant vingt ans, explose une nouvelle bombe dont les effets sont immédiats et immensément dévastateurs.

Le coup vient du Washington Post et de NBC News qui publient une vidéo de 2005 (filmée lors de la préparation de l’émission télé Advanced Hollywood, avec Donald Trump qui ignore visiblement que ses paroles sont enregistrées) dans laquelle le milliardaire tient des propos dégradants à l’égard des femmes et se vante de comportements comparables à des agressions sexuelles (« lorsque vous êtes une star, les femmes vous laissent faire ce que vous voulez », tel que « les attraper par la chatte »). Trump a beau (chose inhabituelle chez lui) s’excuser si tôt ces propos révélés, le mal est fait et le tollé instantané, y compris au sein des républicains qui jusque-là le soutiennent : Mike Pence se déclare « offended » (outré), Paul Ryan est « sickened » (écœuré) et annule la venue du milliardaire à un meeting qu’il devait mener conjointement avec lui, Mitch McConnell parle de propos « répugnants et inacceptables en toutes circonstances », et le gouverneur de l’Utah Gary Herbert ainsi que le représentant de ce même État Jason Chaffetz lui retirent leur soutien. D’autres vont plus loin : Mitt Romney, Condoleezza Rice, John McCain et des élus tels Barbara Comstock (représentante de la Virginie), Mike Coffman (représentant du Colorado) ou encore Mike Lee (sénateur de l’Utah) appellent purement et simplement le magnat de l’immobilier à abandonner.

Bref, Trump est au coeur d’une « tempête parfaite » qui porte un coup terrible à un navire qui prenait déjà bien l’eau. Les républicains ont-ils sauté sur l’occasion pour se désolidariser d’une campagne qui apparaît de plus en plus impossible à gagner et qui entache leurs chances de conserver la majorité tant au Sénat qu’à la Chambre ? En tout cas, pour l’instant, Trump rejette catégoriquement toute idée d’abandon et le GOP, ravagé par des tensions internes comme il en a rarement connus, se déchire quant à la suite à donner à cette élection folle qui est en train de complètement lui échapper. Les prochaines quarante-huit heures s’annoncent chargées, et bien malin qui peut prévoir comment elles vont se terminer. Seule certitude : le deuxième débat télévisé a lieu demain dimanche, avec en piste un Trump dont l’attitude sera guettée bien plus encore qu’elle ne l’avait été lors du premier face-à-face avec Clinton.

 

 

Le reste de la semaine

 

Bill Clinton à la convention démocrate de 2016En comparaison avec la semaine vécue par Trump, celle de Clinton est anecdotique. Quelques faits l’ont pourtant émaillée, dont la gaffe de son mari Bill qui a critiqué l’Obamacare en soulignant de manière vive (« la chose la plus folle du monde », en parlant de l’accroissement des charges pour certains employeurs) quelques-uns de ses principaux manquements. Les républicains se sont félicités de ces propos et n’ont pas hésité à les reprendre, Mike Pence notamment lors du débat des vice-présidents. De son côté, Bill Clinton a effectué un rétropédalage pour expliquer qu’il soutenait encore et toujours l’Obamacare, et qu’il parlait des points à améliorer sans pour autant remettre en cause son existence.

Plus problématique aurait pu être la nouvelle salve de Wikileaks, avec notamment la diffusion d’extraits des conférences d’Hillary Clinton à Goldman Sachs dont Sanders avait réclamé à cors et à cris la parution lors des primaires démocrates. Ces extraits confirment une sorte de double discours tenue par la candidate selon qu’elle parle dans les débats publics ou avec Wall Street, mais, vu le contexte, ils passent pour le moins inaperçus.

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