7 novembre – où le FBI change d’avis et a lieu le dernier sprint

Dimanche 6 novembre, le directeur du FBI James Comey a annoncé que ses services ont terminé la vérification des emails trouvés sur l’ordinateur utilisé par l’ex-couple Huma Abedin et Anthony Weiner. Verdict : rien de particulier n’a été trouvé et le FBI confirme les conclusions qu’il avait rendu en juillet (c.-à-d. ne pas entreprendre de poursuites à l’égard d’Hillary Clinton).

Fin de l’histoire ? Ce rétropédalage du FBI n’annule pas l’effet provoqué par la sortie de Comey il y a une semaine, et il est probable que celui-ci aura des comptes à rendre si Clinton l’emporte. C’est peu dire en effet que cet « intermède » a été peu goûté par la candidate démocrate, laquelle a reçu un coup auquel elle ne s’attendait pas, et qui a substantiellement amplifié le redressement que Donald Trump manifestait alors dans les sondages. Un redressement suffisant pour renverser une situation qui il y a dix jours était complètement compromise ? Les observateurs sont sceptiques, d’autant que la mise au point hier du FBI n’est pas favorable au milliardaire. En réaction, celui-ci s’est déclaré surpris que l’agence fédérale ait réussi à passer en revue 650 000 emails en une semaine alors qu’il lui avait fallu un an pour analyser les 50 000 trouvés sur le server de Clinton. De son côté, Reince Priebus (le président du RNC) a déclaré que les enquêtes concernant la Fondation Clinton, elles, étaient toujours en cours. La semaine passée (le 2 novembre), le Wall Street Journal avait évoqué des dissensions qui opposent le FBI au Ministère de la Justice sur la manière de traiter les soupçons portant sur la Fondation et l’intensité à donner aux recherches (voir le compte-rendu qu’en donne The Daily Wire).

Concernant la Fondation Clinton justement, la fournée quotidienne de WikiLeaks sur les emails de John Podesta s’intéresse aujourd’hui aux relations entretenues avec elle par le mari de Chelsea Clinton, Marc Mezvinsky, lequel est soupçonné d’avoir utilisé sa belle-famille et leur fondation pour attirer des investisseurs dans son hedge fund. Ex-partner chez Goldman Sachs, Mezvinsky cherchait en effet à obtenir des clients pour le fond d’investissements qu’il venait de créer et aurait profiter d’un des tournois de poker organisé par la Fondation Clinton pour démarcher de riches participants. Le résumé de ces révélations par Politico.

Sur le terrain, Trump et Clinton se sont livré au sprint final de la campagne, avec respectivement cinq et trois meetings tenus en cette journée. Au menu de la démocrate, le Michigan, la Caroline du Nord (où elle a donné son dernier speech et Lady Gaga a clôturé la soirée) et la Pennsylvanie (Philadelphie), où, après avoir pu compter sur le soutien des chanteurs Bon Jovi et Bruce Springsteen, ainsi que sur les interventions de Michelle et Barack Obama, Clinton a délivré un discours appelant les électeurs à voter contre la division et pour l’unité.

Du côté de Trump (dont une rumeur prétend que son équipe de campagne l’a interdit de Twitter), Floride, Caroline du Nord, Pennsylvanie, New Hampshire et Michigan Hampshire étaient au menu.

Le compte-rendu du meeting de Trump à Philadelphie

Sur son adversaire

• « La politique commerciale de Bill Clinton a détruit les usines de votre région » ; « Le NAFTA est le pire traité commercial jamais conclu dans toute l’histoire du monde ».
• « Hillary Clinton a le visage de l’échec, regardez-la, elle, ses emails et sa corruption ».
• « Les Clinton et le gouvernement travaillent exclusivement pour Wall Street et les intérêts particuliers de leurs donneurs et leurs intérêts propres à eux-mêmes ».
• « Crooked Hillary (Hillary l’escroc) est la personne la plus corrompue qui soit, elle a détruit 33 000 emails après avoir reçu une assignation du Congrès. (…) D’autres ont subi de graves peines pour avoir fait cent fois moins que ce qu’elle a fait. (…) C’est une honte qu’elle puisse concourir pour la présidence ».
• « Répétez avec moi : We will drain the swamp » (nous allons assécher le marais, un slogan que Trump reprend régulièrement depuis quelques semaines en parlant de Washington D.C. et de la corruption qu’il dénonce).
• « Personne ne vient à ses meetings, alors elle invite Jay-Z ».
• Trump évoque aussi l’affaire Donna Brazile et les questions que celle-ci a fournie à Clinton avant un débat avec Sanders.

Sur les médias et les sondages

• Pointant la zone où se trouvent les caméras des grandes chaînes télés : « les personnes malhonnêtes des médias, là-bas (huées de la foule) … complètement malhonnêtes. Le New York Times : un mensonge total … tant des mensonges, tant d’inventions (…) Nous sommes en tête en Ohio, en Iowa, au New Hampshire, en Caroline du Nord. Et je crois que nous menons en Floride (…) ».
• « Clinton va au Michigan ce soir, qui n’est pourtant pas un endroit où les démocrates ont d’ordinaire besoin de s’arrêter » (le Michigan est un État historiquement pro-démocrate).

Sur son programme

• « Le changement commence avec l’abrogation et le remplacement de l’Obamacare, lequel va avoir un gros impact sur la Pennsylvanie ».
• « I WILL BRING BACK OUR JOBS ! ». Et aussi : « Les entreprises qui délocaliseront à l’étranger devront payer une taxe élevée pour vendre leurs produits aux États-Unis ».
• « Je vais baisser les impôts pour la classe moyenne, Clinton va les augmenter substantiellement ».
• « Je vais supprimer les restrictions qui entravent le secteur de l’énergie américaine, y compris pour les hydrocarbures de schiste, le charbon, etc. (…) Je vais annuler les milliards de dollars versés à l’ONU pour le réchauffement climatique et utiliser cet argent pour reconstruire les infrastructures des États-Unis ».
• « Je vais reconstruire les centres-villes pour les Afro-Américains et les Latinos. Qu’avez-vous à perdre ? »
• « Pour être une nation riche, nous devons être une nation sûre (…) Nous suspendrons le programme sur les réfugiés syriens et nous maintiendrons les terroristes radicaux islamiques hors de ce pays (…) ».
• « Nous construirons un grand mur (…) Nous mettrons un terme aux villes-sanctuaires ».
• « Je vais reconstruire l’armée, dont la Navy, et cela profitera à Philadelphie » (en raison de ses chantiers navals)