27 novembre 2016 – Nicolas Sarkozy éliminé dès le premier tour, Alain Juppé écrasé au second : la primaire de la droite accouche d’un vainqueur inattendu qui a déjoué les pronostics.

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François FillonLa mobilisation demeure importante (4,3 millions de votants, quasi autant qu’au premier tour) et conforte la victoire d’un François Fillon qui écrase Alain Juppé avec 66,5% des suffrages. Son succès est éclatant, il représentera sans discussion la droite à la présidentielle.

Avec ce choix, les électeurs de la primaire de droite ont envoyé deux messages clairs : 1°) ne plus vouloir de Nicolas Sarkozy, et 2°) privilégier une ligne idéologique de droite dure à celle modérée et centriste d’Alain Juppé, lequel avait d’ailleurs le soutien de l’UDI de Jean-Christophe Lagarde et celui de François Bayrou du Modem. La ligne Juppé a toutefois été clairement rejetée par les votants, au terme d’une campagne parfois nauséabonde, le maire de Bordeaux s’émouvant notamment d’avoir été qualifié de « Ali Juppé » par certains de ses détracteurs qui ne voulent pas entendre parler de son concept d’identité heureuse.

Le fait est aussi que Juppé a mené une campagne assez terne et donné l’impression de gérer une victoire trop vite considérée comme acquise (bien aidé en cela par les sondages et les éditorialistes médiatiques qui le sacraient déjà présidents). Le retour sur terre a été brutal et trop tardif que pour renverser la vapeur, les électeurs choisissant clairement d’amplifier le succès du candidat sorti nettement en tête du 1er tour.  

 

Avec François Fillon, la droite a donc majoritairement opté pour un programme libéral intensif, avec comme mesures marquantes :

  • son intention de diminuer de 500 000 postes l’emploi dans la fonction publique (par non-remplacement des départs)
  • sa volonté de faire passer le temps de travail de ces mêmes fonctionnaires publiques à 39h
  • créer 1,5 millions d’emplois en diminuant drastiquement charges et impôts

Autre facteur important dans la victoire de François Fillon : son positionnement conservateur pour ce qui est des questions sociales. Catholique bon teint, le vainqueur de la primaire a suscité une ferveur certaine chez les électeurs partisans d’une plus grande fermeté en ce qui concerne la défense des valeurs familiales et chrétiennes, une thématique porteuse, dont Alain Juppé a (étonnamment) sous-estimé l’impact et appelée à jouer un rôle important dans la présidentielle, notamment face à Marine Le Pen.

Lorsque tombent les premiers résultats, la sensation est énorme. Non pas que l’arrivée en tête de François Fillon ait été impensable (les derniers sondages rendaient cette hypothèse possible), ni ne l’ait été l’élimination dès le premier tour de Nicolas Sarkozy. Non, ce qui étonne, ce qui sidère, c’est l’ampleur de l’avance prise par François Fillon : 16 points de mieux que son dauphin Alain Juppé, alors que rien ne laissait attendre pareille envolée. Au vu de cet écart, Fillon est en position de force pour enfoncer le clou dimanche prochain, tandis que la tâche d’Alain Juppé s’annonce très difficile.

Du côté des vaincus, Bruno Le Maire a vécu une humiliation non seulement en finissant très loin des ambitions qui l’animaient lorsqu’il s’est lancé dans la primaire, mais aussi en étant dépassé par Nathalie Kosciusko-Morizet. Humiliation aussi (mais attendue) pour Jean-François Copé, qui récolte à peine 0,2% des voix. Quant à Jean-Frédéric Poisson, il finit au niveau qui lui était prédit.

Mais le grand battu du jour est évidemment Nicolas Sarkozy. Il espérait un retour en fanfare qui lui aurait permis de prendre une revanche sur la défaite jamais digérée de 2012, mais force est pour lui de déchanter : même s’il pourra toujours invoquer la participation d’électeurs de gauche pour le faire battre (15% des votants, d’après une estimation à la sortie des urnes), les écarts sont trop substantiels pour contester quoi que ce soit. Sa déclaration post-électorale n’a d’ailleurs à aucun moment été dans cette direction, l’ex-président se montrant au contraire digne (comme au soir du 6 mai 2012) pour reconnaître sa défaite. Pour le second tour, il déclare laisser ses électeurs libres de voter comme ils l’entendent, mais que, à titre personnel, lui votera Fillon, qu’il juge plus proche de ses idées. De son côté Bruno Le Maire a appelé à voter Fillon, tandis que NKM reste fidèle à Juppé qui l’a aidée à obtenir les parrainages requis pour participer à la primaire et dont elle est plus proche idéologiquement.

Nicolas Sarkozy en 2010

 

Ils sont sept à se présenter à la primaire de la droite et du centre, laquelle rassemble Les Républicains (LR), le Parti chrétien-démocrate, et le Centre national des indépendants et paysans (CNIP). L’UDI de Jean-Christophe Lagarde n’y participe pas formellement mais soutient Alain Juppé. Idem ou presque pour le Modem, qui ne présente pas de candidat, mais dont le président François Bayrou supporte Alain Juppé.

Alain Juppé (71 ans) : le maire de Bordeaux et ex-Premier Ministre de Jacques Chirac fait figure de favori. Il se positionne comme un sage vénérable capable de rassembler et de ramener au pays la sérénité dont il manque cruellement. Si élu, il promet de s’en tenir à un seul mandat, ce qui lui permettra, affirme-t-il, de mener les réformes nécessaires sans arrière-pensée électoraliste. En ce qui concerne les relations difficiles entre divers parts de la population, il met en avant le concept d’identité heureuse, qui doit permettre à chacun de s’épanouir en France.

Nicolas Sarkozy (61 ans) : l’ex-Président battu en 2012 est revenu sur scène pour prendre sa revanche. Et aussi pour se mettre à l’abri des procédures judiciaires qui le poursuivent (notamment l’affaire Bygmalion) ? Le fait est que la personnalité de Nicolas Sarkozy demeure clivante et qu’une sorte de TSS (Tout sauf Sarkozy) existe bel et bien au sein de la population. Les rumeurs d’une participation substantielle d’électeurs de gauche à la primaire de droite pour lui barrer la route se multiplient et inquiètent l’ex-Président, qui dénonce de telles manœuvres. Sur le plan idéologique, il se caractérise notamment par un positionnement fort sur les questions identitaires, quitte à souvent flirter avec celui du FN.

François Fillon (62 ans) : député de Paris et ex-Premier Ministre de Nicolas Sarkozy, il voit depuis quelques semaines sa candidature gagner en crédibilité, notamment grâce à des débats télés où il a été plutôt bon, là où Alain Juppé s’est montré terne et Bruno Le Maire faiblard. Son programme est axé sur l’administration au pays d’une thérapie de choc (réduction de 500 000 emplois publics par non-remplacement des départs naturels et passage aux 39h pour les fonctionnaires) combinée à une forte baisse des impôts et charges salariales et patronales. Il se positionne également comme un candidat aux mains propres, notamment vis-à-vis de Nicolas Sarkozy (« Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? »), mais aussi implicitement vis-à-vis d’Alain Juppé, condamné en 2004 dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Bruno Le Maire (47 ans) : longtemps présenté comme le troisième homme du scrutin, le député de l’Eure est désormais annoncé en chute libre. La faute à une campagne médiocre, notamment marquée par des débats télés où il a affiché un faible niveau.

Nathalie Kosciusko-Morizet (43 ans) : seule femme de cette primaire, la députée de l’Essonne sait qu’elle ne joue pas pour la gagne mais entend faire entendre sa voix et cultiver sa différence, notamment en ce qui concerne la prise en compte de l’impact du numérique et des nouvelles technologies, dont elle est une des rares à donner l’impression d’avoir compris l’importance.

Jean-François Copé (52 ans) : le député de Seine-et-Marne et ex-président de l’UMP ne concourt que dans un seul but, faire perdre Nicolas Sarkozy, avec qui il est en guerre suite à l’affaire Bygmalion.

Jean-Frédéric Poisson (53 ans) : parfait inconnu en début de campagne, le député des Yvelines et président du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson sort de l’anonymat lors du premier débat télévisé grâce à un style original et des propos qui le différencient des positions de ses rivaux. Le soufflé retombe toutefois rapidement, de sorte que ce catholique conservateur profond aux idées sociales bien à droite ne devrait pas faire de score élevé au scrutin.

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