1er mars 2017 – La campagne de la candidate Marine Le Pen est troublée par les remous causés par diverses affaires, au rang desquelles se trouvent notamment :

  • les relations du parti avec la Russie
  • l’enquête sur le financement des campagnes du Front national

 

Les assistants parlementaires européens

Marine Le PenDepuis les élections de 2014, le FN dispose de 23 députés au Parlement européen. Pour les seconder dans leurs tâches, ces députés (comme tout autre député) peuvent embaucher des assistants parlementaires payés par le Parlement. Naturellement, le travail effectué par ces assistants doit être réel et lié à l’activité de député européenne. Or, en mars 2015, des doutes sérieux sont apparus sur la nature du travail effectué par 29 parmi la soixantaine d’assistants parlementaires utilisés par les députés FN, plusieurs d’entre eux apparaissant dans l’organigramme du FN ou exerçant des fonctions auprès d’élus frontistes en France.

Face à ces soupçons d’emplois fictifs, le président du Parlement Martin Schulz a demandé à l’OLAF (Office européen antifraude) d’enquêter. Ses recherches ont pour l’heure (1er mars 2017) mené à demander à six élus FN de rembourser 1,1 millions d’euros dépensés en salaires d’assistants. Parmi les personnes visées : Marine Le Pen, à qui un remboursement de 340 000 euros a été demandé fin janvier 2017 (au vu de son refus, des retenues sur son salaire de députées sont à prévoir). Dans le viseur : les cas de Catherine Griset (qui est cheffe de cabinet de Marine Le Pen) et celui de Thierry Légier (ex-garde du corps de la dirigeante FN). Le 22 février 2017, ces deux personnes sont entendues par la justice française, laquelle a ouvert une instruction pour escroquerie en bande en organisée en décembre 2016. Au terme de cette entrevue, Catherine Griset est mise en examen pour recel d’abus de confiance. Également convoquée par l’Office anticorruption de la PJ (OCLCCIFF) qui voulait l’entendre dans le cadre d’une audition libre, Marine Le Pen utilise l’immunité que lui confère son mandat de parlementaire et refuse de se rendre chez le juge avant le second tour des législatives, justifiant sa décision par le fait que la justice ne doit pas perturber la campagne présidentielle.

Addendum du 5 mars : un juge d’instruction a envoyé à Marine Le Pen une convocation en vue de mise en examen. En réaction, la candidate FN a fait savoir par courrier qu’elle ne se rendrait à aucune comparution avant la fin de la campagne, confirmant ainsi la position adoptée une semaine auparavant.

Addendum du 12 mars : Marine Le Pen maintient le cap en refusant une nouvelle fois de se rendre à la convocation adressée par un juge d’instruction désireux de l’entendre dans l’enquête sur la réalité du travail effectué par certains assistants parlementaires frontistes. Cela n’a pas empêché en parallèle l’assistant parlementaire de la députée FN Marie-Christine Boutonnet d’être lui bel et bien placé en examen. Marie-Christine Boutonnet, elle aussi convoquée, a en revanche adopté la même attitude que sa présidente de parti.

Addendum du 2 avril : l’affaire des assistants parlementaires connaît un fait nouveau avec la publication par Le Monde d’un email adressé à Marine Le Pen en 2014 par le trésorier du parti Wallerand de Saint Just. Dans ce message, Wallerand de Saint Just expose la forte augmentation des dépenses du parti et souligne la nécessité de trouver des fonds, notamment via des reversements en provenance du Parlement européen. Ce document a été saisi lors des perquisitions qui ont eu lieu au siège du parti en février 2016 et 2017.

Addendum du 16 avril : dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs au Parlement européen, la justice française a demandé fin mars audit Parlement de lever les immunités de Marine Le Pen et de Marie-Christine Boutonnet (une autre élue FN). Si cette procédure devrait prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois, elle pourrait en revanche s’accompagner d’une convocation de Marine Le Pen devant la commission juridique du Parlement européen pour la première semaine de mai, c.-à-d. … pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle …

 

Les relations du parti avec la Russie

Mediapart a révélé en 2014 qu’un prêt de 9 millions d’euros a été accordé au FN par la First Czech Russian Bank (FCRB). A la baguette : le député européen frontiste Jean-Luc Schaffhauser et un député russe Alexandre Babakov, qui ont servi d’intermédiaires à la signature du contrat.

Pour justifier cet acte, le parti a expliqué avoir dû se résoudre à souscrire un emprunt auprès d’un organisme étranger suite aux refus systématiques essuyés auprès des banques françaises. Marine Le Pen a toutefois réfuté l’idée qu’un tel prêt ait été obtenu avec l’aide du Kremlin, ce que conteste des journalistes ayant enquêté sur le sujet.

L’influence de la Russie sur le FN est une question sensible depuis plusieurs années, nombre d’observateurs voyant dans ce parti l’un des chevaux de Troie que désire utiliser Vladimir Poutine pour infléchir la politique européenne vers une ligne plus favorable à son parti. Dans une moindre mesure, une interrogation similaire se pose avec le candidat LR François Fillon, lui aussi réputé proche du Kremlin.

 

Le financement du Front national

Logo du Front nationalDepuis 2013, la PJ enquête sur le financement de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2012, ainsi que sur celle des législatives ayant suivi. Plus tard, une deuxième enquête (ouverte en octobre 2016) se penche sur le cas des campagnes électorales ayant eu lieu en 2014 (européennes, municipales, départementales, sénatoriales), puis une troisième (décembre 2016) sur celle des régionales de 2015.

En cause : le soupçon de financement frauduleux des campagnes du parti. Le principe : surfacturer des services payés par les candidats FN à des sociétés leur offrant des prestations de marketing électoral. Le parti aurait imposé à ses candidats de passer par des sociétés précises (dont les dirigeants son proche du FN) et, en parallèle, consenti des prêts via le micro-parti Jeanne pour que lesdits candidats puissent financer leurs dépenses. Celles-ci étant remboursée par l’Etat en cas de bonne performance électorale (ce qui a souvent été le cas), les bénéfices de l’opération allaient aux sociétés impliquées qui engrangeaient ainsi des bénéfices plus importants, mais aussi à Jeanne via les intérêts perçus sur les emprunts.

Les enquêtes sur ce système ont notamment mené en octobre 2016 au renvoi en correctionnelle du FN, du micro-parti Jeanne et du trésorier du parti Wallerand de Saint-Just). Figure également sur le banc des accusés la société Riwal et son dirigeant Frédéric Chatillon, l’homme considéré comme la clef-voûte du mécanisme. D’autres sociétés sont également concernées, de même que divers membres et proches du FN, mais pas Marine Le Pen, qui n’a jusqu’à présent pas été inquiétée dans cette affaire.

Semaine du 20 au 26 février : le journal Le Monde révèle que, dans le cadre de l’enquête sur le micro-parti Jeanne, l’administration fiscale conteste à la formation politique son statut d’association et entend la requalifier en société commerciale, ce qui pourrait avoir comme conséquence de l’empêcher de prêter de l’argent aux candidats FN lors des législatives à venir. Une semaine auparavant (le 15 février), Frédéric Chatillon, l’homme considéré comme la clef-voûte du mécanisme de financement frauduleux, a été mis en examen pour abus de bien sociaux dans le cadre des ramifications de cette affaire liées des campagnes de 2014 et 2015 (municipales, européennes, sénatoriales et départementales). Il avait déjà été renvoyé en correctionnelle cinq mois plus tôt dans le cadre cette fois du financement des législatives de 2012.

 

La diffusion d’images violentes liées à Daech

En décembre 2015, une information judiciaire a été ouverte à l’encontre de Marine Le Pen pour diffusion d’images violentes. Les faits reprochés concernent la publication sur le compte Twitter de l’intéressée de photos montrant les corps de victimes de l’Etat islamique. Marine Le Pen avait agi de la sorte pour protester contre des propos de l’animateur radio Jean-Jacques Bourdin qui avait comparé le FN et Daech.

Semaine du 27 février au 5 mars : le Parlement européen a levé l’immunité de député de Marine Le Pen suite à une demande du parquet de Nanterre dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour diffusion d’images violentes en décembre 2015. Cette levée d’immunité ne concerne que cette affaire et ne vaut pas pour celle concernant ses assistants parlementaires

 

La sous-estimation de patrimoines

Jean-Marie Le PenMarine Le Pen et son père Jean-Marie sont soupçonnés d’avoir rentré des déclarations de patrimoine sous-estimée en 2014, lorsqu’ils ont été élus au Parlement européen. A l’origine de l’enquête se trouve la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique) qui a saisi le PNF en janvier 2016. Le reproche adressé aux Le Pen est d’avoir volontairement sous-évalué la valeur de certains de leurs biens immobiliers, dont leur fameuse propriété des Hauts-de-Seine. En outre, Jean-Marie Le Pen est soupçonné de fraude fiscale aggravée pour une histoire de compte en Suisse et de lingots d’or non-déclarés.

Parmi les sanctions encourues par Marine Le Pen dans cette affaire : une peine de dix ans d’inéligibilité.

 

Les bisbilles intestines du clan Le Pen

Marion Maréchal-Le PenLes tensions au sein de la famille Le Pen ne sont pas une nouveauté et émaillé l’histoire du parti depuis des années. Parmi les plus récentes, il y a évidemment la rupture entre Marine Le Pen et son père Jean-Marie, qui a débouché sur l’exclusion de ce dernier de la présidence d’honneur du FN. Il est toutefois un autre membre du clan avec qui les relations de la candidate à la présidentielle sont, si pas aussi aigres, en tout cas délicates : sa nièce Marion Maréchal Le Pen (27 ans).

Plus jeune députée de France jamais élue (en 2012), Marion Maréchal-Le Pen connaît une trajectoire fulgurante et est une figure en vue du FN. Sur certains sujets (par exemple au niveau des valeurs familiales, mais aussi en matière économique, où elle se montre libérale), sa vision plus radicale que celle de sa tante crée cependant parfois des interférences et débouche régulièrement sur des rappels à l’ordre plus ou moins secs.

Ses accrocs dans la relation des deux femmes ne sont pas sans laisser de traces, et se traduisent notamment par une certaine défiance vis-à-vis de Marion Maréchal-Le Pen par sa tante, cette dernière déclarant notamment fin mars 2017 à Femmes actuelles qu’elle ne nommerait probablement pas sa nièce à un poste de ministre si elle était élue, d’une part en raison de leur lien de parenté, mais aussi laisse-t-elle entendre parce qu’elle est trop inexpérimentée. Aux dernières nouvelles, la fougueuse nièce n’aurait guère apprécié.

 

Autres

Semaine du 27 février au 5 mars : Marine Le Pen s’est vue une nouvelle fois déboutée dans le procès qu’elle menait contre Jean-Luc Mélenchon qui l’avait qualifiée en 2011 de « fasciste ». La Cour de cassation a estimé que de tels propos exprimés dans le contexte d’un débat politique ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d’expression. Cette décision met un terme définitif à la procédure qui avait déjà vu Mélenchon obtenir gain de cause en première instance et en cour d’appel.

 

Semaine du 13 au 19 mars : une procédure d’expulsion est entamée à l’encontre d’un membre du FN en PACA, Benoît Loeuillet. En cause : des propos négationnistes (« Je pense qu’il n’y a pas eu autant de morts, il n’y en a pas eu 6 millions. (…) Il n’y a pas eu de morts de masse comme ça a été dit ») enregistrés en caméra cachée par des journalistes préparant un reportage diffusé mercredi 15 sur la chaîne C8. Cette scène avait été filmée dans la libraire que gère le militant frontiste, une librairie dans laquelle il vend notamment des livres du négationniste Robert Faurisson. Les cadres du FN ont réagi vivement aux propos de M. Loeuillet, notamment le vice-président du parti (et compagnon de Marine Le Pen) Louis Aliot, lequel a déclaré : « Les caméléons qui se cachent dans nos rangs et profitent de la réussite du FN en ayant des idées parfaitement détestables doivent dégager ».

 

Semaine du 3 au 9 avril : le Canard enchaîné révèle que le parquet de Lille a ouvert une enquête préliminaire pour de nouveaux soupçons d’emplois fictifs. Dans la ligne de mire notamment : David Rachline, directeur de campagne de Marine Le Pen mais aussi sénateur du Var et maire de Fréjus, et qui, de 2010 à 2015, alors qu’il était conseiller municipal de cette même ville du sud de la France, a été salarié du conseil régional du … Nord-Pas-de-Calais. Invités à réagir, des membres du FN ont dénié tout caractère fictif de l’emploi, assurant que le travail accompli par David Rachline était bien réel.

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