Du 1er au 6 novembre 2016 : où Trump se remet à y croire

Le rebondissement de la semaine passée dans l’affaire des emails d’Hillary Clinton (en bref : l’annonce par le directeur du FBI James Comey que l’enquête concernant lesdits emails était relancée suite à la découverte de messages dont nul ne sait s’ils sont inédits ou pertinents) a hystérisé la campagne et déclenché un vent si pas de panique, au moins de déstabilisation au sein du camp démocrate.

Les sondages qui jusque-là donnaient Clinton largement victorieuse se sont en effet sensiblement resserrés, plusieurs annonçant même Donald Trump en tête au niveau national. Hillary Clinton n’en conserve pas moins l’avantage en ce qui concerne les prévisions pour les grands électeurs, mais cet avantage s’est érodé et le chemin vers la Maison Blanche n’est plus aussi béant qu’il l’était il y a dix jours. Au point qu’une défaite devienne envisageable ? Un tel cas de figure serait un renversement de situation énorme vu l’avantage que Clinton s’était forgée et l’importance atteinte par le vote anticipé avant que ne resurgisse pour la énième fois la controverse des emails. Néanmoins, Donald Trump veut y croire, les derniers événements l’ont électrisé comme jamais et les républicains semblent resserrer les rangs en vue du sprint final en se disant : « et si, en dépit de tout, finalement … ». A deux jours du scrutin (qui aura lieu le mardi 8 novembre), les pronostics n’en demeurent pas moins favorables à Clinton, laquelle continue avec force de mobiliser ses troupes et soutiens médiatiques afin d’éviter tout relâchement fatal de son électorat, notamment afro-américain, lequel donne des signes d’implication moindre que lors des succès d’Obama.

La semaine

• WikiLeaks et les emails piratés de John Podesta ont fait une victime : Donna Brazile, la présidente par intérim du DNC, mais qui est aussi consultante chez CNN, un poste dont elle a dû démissionner. En cause : la révélation qu’elle a fourni à l’équipe de Clinton au moins une des questions qui seraient posées lors du débat démocrate à Flint organisé par CNN en mars 2016. Les rumeurs qui avaient circulé il y a quelques semaines sur une Clinton informée à l’avance de questions posées lors des débats se voient ainsi confirmées, ternissant davantage encore l’image d’un DNC dont la collusion avec l’ex-First Lady au détriment de Sanders est une fois de plus démontrée (NB : au moment des faits, Donna Brazile n’était pas présidente par intérim du Comité, seulement membre, la présidence étant alors occupée par une autre figure controversée, Debbie Wasserman Schultz).

• La réaction de la Maison Blanche à la sortie du directeur du FBI James Comey sur les emails de Clinton s’est faite en deux temps, d’abord via Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama, lequel a déclaré que le président gardait sa confiance en M. Comey, un homme intègre, puis, deux jours plus tard, via Obama lui-même, lequel a pris une position moins neutre et plus partisane en déclarant qu’il existait une norme selon laquelle le FBI ne devait pas travailler sur des insinuations, des informations incomplètes ou des fuites.

• Chris Christie est partiellement rattrapé par le Bridgegate. Deux de ses ex-proches collaborateurs ont en effet été condamnés vendredi dans cette affaire qui éclabousse indirectement le gouverneur du New Jersey et pourrait lui coûter un poste en vue dans l’administration Trump, si celui-ci l’emporte.

• Le vote anticipé bat son plein. Au samedi 5 novembre, 40 millions de votes ont déjà comptabilisés (ce qui devrait représenter un tiers du vote total). Parmi les Etats les plus concernés : la Floride (5 millions de votes anticipés) et la Caroline du Nord (1,5 millions), deux des Etats les plus indécis. De son côté, Trump se méfie de cette procédure avancée et conseille à ses partisans d’aller voter en personne. A noter que trois Etats (Colorado, Washington et Oregon) ont supprimé les bureaux de vote et n’utilisent que la méthode par correspondance.

• Les meetings s’enchaînent à un rythme infernal pour les deux candidats, avec, pour Hillary Clinton, de nombreuses personnalités médiatiques à ses côtés : Jay-Z et Beyoncé, LeBron James et Katie Perry. Ça se bouscule moins au portillon en revanche côté stars chez Donald Trump. Rayon attaques : Clinton continue de mettre en avant le danger de donner à un homme impulsif et incontrôlable la responsabilité du bouton nucléaire, Trump parlant quant à lui du risque de crise institutionnelle que fait peser la démocrate étant donné les nombreuses affaires qui la concernent et pourraient déboucher sur une procédure de destitution.

• Meetings toujours : alors qu’il prononçait un discours à Reno (Nevada), Trump a été brièvement évacué par le service de sécurité lorsqu’un homme armé a cru être aperçu dans la salle. L’alerte s’avérera finalement fausse, et le magnat de l’immobilier pourra reprendre la parole et terminer sa prestation.

• Une surprise s’annonce-t-elle en Utah ? Le scénario n’est pas le plus probable, mais il est plausible. Bénéficiant du soutien de Mitt Romney (lequel est très influent dans la communauté mormone), le candidat républicain dissident Evan McMullin est donné en deuxième position dans cet État par divers sondages. Trump y demeure certes le favori, mais une surprise n’est pas totalement à exclure en faveur de McMullin, celui-ci pouvant alors pénaliser fortement le milliardaire, pour qui chaque grand électeur compte (l’Utah en alloue six).