Partis de droite : Les Républicains (ex-UNR, RPR, UMP …) – Parti chrétien-démocrate (PCD) – Debout La France (DLF) – Front national (FN)

Partis du centre : MoDem (ex-UDF) – En Marche ! (EM) – Union des démocrates et indépendants (UDI) – Les Centristes

Partis de gauche : Parti socialiste (PS) – Parti radical de gauche (PRG) – Europe-Écologie-Les-Verts (EELV) – Parti écologiste (PE) – Parti communiste français (PCF) – France insoumise (FI) – Lutte ouvrière (LO) – Nouveau parti anticapitaliste (NPA)

 

Partis de droite

 

Les Républicains – LR

Au commencement était le RPF (« Rassemblement du peuple français) » fondé en 1947 par Charles de Gaulle pour mettre en oeuvre sa vision politique. L’aventure ne rencontre toutefois pas le succès escompté et, en 1955, le mouvement est « mis en sommeil ». Deux formations lui succèdent brièvement jusqu’en 1958, année où a lieu la renaissance du mouvement gaullistene avec la fondation de l’UNR (« Union pour la Nouvelle République ») pour soutenir de Gaulle dans l’établissement de la toute nouvelle Ve République.

Dominant l’Assemblée nationale sans toutefois y avoir la majorité absolue, l’UNR s’associe pour les législatives de 1962 avec l’UDT (« Union démocratique du travail »), un parti qui soutient également l’action de de Gaulle, mais plus à gauche et plus progressiste que l’UNR sur les questions économiques et sociales. Ensemble, ces deux formations décrochent près de la moitié des sièges à l’Assemblée et s’appuient sur les Républicains indépendants pour s’assurer une majorité absolue.

En 1967, les deux partis officialisent leur fusion complète et donnent naissance à l’UDR (« Union des démocrates pour la République »). Georges Pompidou en devient la figure emblématique après le retrait en 1969 de Charles de Gaulle, à qui il succède à l’Elysée. A sa mort en 1974, c’est le député-maire de Bordeaux Jacques Chaban-Delmas qui prend les devants et représente le parti à la présidentielle. Mais l’UDR est miné par les dissensions et les intrigues, notamment dans le chef de celui qui est alors ministre de l’Intérieur, l’ambitieux Jacques Chirac. La campagne de Chaban-Delmas tourne au fiasco, le centriste Valéry Giscard d’Estaing l’emporte et Chirac devient son Premier ministre. Leur alliance entre les deux hommes ne dure toutefois pas : après deux ans à Matignon, Chirac s’en va, reprend l’UDR en main et en change le nom : désormais, il sera le RPR (« Rassemblement pour la République »).

Aussitôt, Chirac en fait sa machine de conquête personnelle. Le premier succès d’envergure vient dès 1977, avec la prise de la mairie de Paris au terme d’une campagne acharnée contre le candidat soutenu par Giscard, Michel d’Ornano. Quatre ans plus tard, Chirac décroche la troisième place à la présidentielle de 1981 et contribue en sous-main à la défaite de Giscard d’Estaing face à Mitterrand, devenant ainsi de facto le leader d’une droite désormais dans l’opposition.

L’étape suivante a lieu en 1986 : la coalition RPR-UDF rafle la mise aux législatives et Chirac devient Premier ministre. La cohabitation avec Mitterrand est toutefois difficile pour Chirac qui y perd des plumes et est largement battu lors de la présidentielle de 1988. Cette échec s’accompagne d’une remise en question du chef par la jeune garde du RPR, et Chirac doit batailler pour garder la mainmise d’un parti en outre tiraillé entre les tenants d’une politique libérale, les partisans d’une politique souverainiste (cf. Maastricht 1992) et ceux favorables à une ligne gaulliste plus traditionnelle. Le coup le plus dur vient toutefois de là où il ne l’attendait : son ami de trente ans Edouard Balladur, à qui il a laissé la place de Premier ministre après la victoire aux législatives de 1993 afin de mieux se concentrer sur la présidentielle à venir, mais qui rompt cet accord et, fort de sa popularité, décide de jouer sa carte personnelle. Un temps au fond du trou, Chirac finit par s’en extirper et renverse une situation qui paraissait bien compromise, devenant ainsi le cinquième président de la Ve République.

Une mue du RPR s’effectue alors progressivement dans le but de fonder un grand parti de droite et du centre. Ce processus culmine pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 avec la fondation de l’UMP (Union pour la majorité présidentielle), laquelle naît de la fusion entre le RPR, diverses petites formations de droite, et une partie de l’UDF.  Ainsi s’efface un parti qui aura été pendant vingt-cinq ans un acteur majeur de la vie politique française, mais laisse aussi derrière lui une réputation sulfureuse en matière d’affaires et scandales financiers qui auront contribué à décrédibiliser la classe politique. Parmi les cas les plus médiatisés, citons : l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris ; l’affaire des HLM de Paris ; l’affaire des HLM des Hauts-de-Seine ; l’affaire des marchés publics d’Île-de-France ; etc.

Après la large victoire obtenue aux législatives post-présidentielle, la signification de l’acronyme UMP est modifiée en Union pour un mouvement populaire. Si l’impopularité du gouvernement Raffarin lui vaut d’essuyer de sévères défaites aux élections régionales et européennes (sans parler du camouflet encaissé avec le « Non » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne), l’UMP voit son nouveau champion Nicolas Sarkozy surclasser ses rivaux à la présidentielle de 2007 et succéder à Jacques Chirac à l’Elysée.

Le quinquennat du nouveau président va toutefois se révéler catastrophique, et, à la présidentielle de 2012, il s’incline face au socialiste François Hollande,  La période qui s’en suit va s’avérer tourmentée pour l’UMP, qui non seulement après dix ans de pouvoir se retrouve dans l’opposition, mais en outre va être frappé par deux scandales majeurs : d’abord le fiasco de l’élection de son nouveau président suite à la constatation de fraudes qui empêchent de désigner un vainqueur au scrutin opposant François Fillon à Jean-François Copé ; ensuite, la révélation de l’affaire Bygmalion relative à un système de fausses factures mis en place pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.

Dans la tourmente, le parti vacille et, s’il gagne la plupart des élections intermédiaires (européennes, municipales, départementales, régionales) face à une gauche affaiblie, il constate aussi la montée en puissance du Front national qui le menace de plus en plus et rêve de le voir s’effondrer. Pour sortir de la crise, l’UMP, après une période transitoire, décide de procéder à une nouvelle élection interne, laquelle voit Nicolas Sarkozy – sorti de sa semi-retraite – redevenir président du parti (il l’avait déjà été de 2004 à 2007). Parmi ses premières décisions : changer son nom, la marque « UMP » étant à ses yeux désormais trop entachée que pour être conservée. Fin de l’UMP donc, place à une nouvelle appellation : Les Républicains (LR), adoptée le 30 mai 2015.

Fin 2016, pour la première fois de l’histoire d’une formation française de droite, Les Républicains organisent une primaire pour désigner le candidat qui les représentera à la prochaine présidentielle. A la surprise générale, les deux favoris du scrutin Alain Juppé et Nicolas Sarkozy sont battus par un troisième homme, François Fillon. Fort de sa nette victoire, celui-ci se retrouve aussitôt en bonne position pour gagner la présidentielle, mais le Penelopegate qui éclate fin janvier 2017 affaiblit considérablement sa position et le met en mauvaise posture pour la suite de la campagne.

 

Parti chrétien-démocrate – PCD

A l’origine du PCD se trouve le mouvement FRS (Forum des républicains sociaux), fondé en 2001 par Christine Boutin, une élue UDF animée de valeurs catholiques fortes et qui s’est fait remarquer trois ans auparavant pour sa vive opposition au PACS (Pacte civile de solidarité, permettant notamment la reconnaissance légale des couples de même sexe).

Candidate à la présidentielle de 2002 où elle récolte 1,2% des voix, Christine Boutin arrime dans la foulée le FRS au grand parti de droite en train d’être constitué pour soutenir le second quinquennat de Jacques Chirac, l’UMP.

En 2007, Boutin renonce à se présenter au profit de Nicolas Sarkozy. Elle confiera plus tard avoir pris cette décision en échange de la promesse que, s’il était élu, celui-ci ne ferait pas avancer les dossiers concernant le mariage homosexuel et l’euthanasie.

Après la victoire de Sarkozy contre Royal, Christine Boutin est nommée ministre du Logement, une fonction dont elle est toutefois évincée en 2009. La rupture est alors consommée avec le président, et Boutin décide de donner un nouvel élan à sa formation politique en la renommant Parti chrétien-démocrate (PCD).

Bien décidée à se présenter à la présidentielle de 2012, Boutin rencontre toutefois de grandes difficultés à rassembler 500 parrainages et accuse Sarkozy d’en être responsable. Elle renonce finalement à être candidate et accepte d’apporter son soutien au président sortant.

En 2013, Christine Boutin démissionne de la présidence du PCD, et c’est Jean-Frédéric Poisson qui est élu pour la remplacer. Peu connu du grand public, celui-ci gagne une certaine notoriété en participant à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, bien que cet effet « curiosité » n’ait pas de suite dans les urnes (1,5% des voix).

 

Debout La France – DLF

A l’origine de ce parti souverainiste se trouve la fondation en 1999 par Nicolas Dupont-Aignan du courant gaulliste Debout la République (DLR), d’abord au sein du RPR puis de l’UMP, dont il se détache progressivement à partir de 2005 suite à des divergences de vue concernant le fameux référendum sur la Constitution européenne (l’UMP a massivement soutenu le «  Oui » alors que Dupont-Aignan y est opposé).

L’émancipation complète du mouvement a lieu en 2007 lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Nicolas Dupont-Aignan lui reprochant ses positions en faveur d’un traité simplifié ainsi que son atlantisme en matière de politique étrangère.

Debout la République devient officiellement un parti le 23 novembre 2008 et, en 2012, Nicolas Dupont-Aignan se présente à l’élection présidentielle, où il s’affiche comme le candidat de la sortie de l’euro et affirme sa volonté de diviser l’immigration par deux pour protéger les acquis sociaux. A l’arrivée, il récolte 1,8% des suffrages.

Fin 2014, le parti change de nom et devient Debout la France. En mars 2016, son leader Nicolas Dupont-Aignan annonce son intention de concourir à la présidentielle de 2017.

 

Front national – FN

Le Front national est fondé en 1972 à l’instigation du mouvement nationaliste d’extrême-droite Ordre nouveau désireux de se doter d’une vitrine électorale. Appelé à en être le président, Jean-Marie Le Pen (ex-militaire ayant participé à la guerre d’Algérie, ex-député de la Seine élu sur une liste poujadiste, et directeur de campagne du candidat d’extrême-droite Jean-Louis Tixier-Vignancour à la présidentielle de 1965) en prend en fait rapidement les commandes et fait du parti son parti.

Les premières années sont difficiles, le FN n’a aucune visibilité politique et vivote de scrutins en scrutins. La donne change à partir des cantonales de 1982, où il décroche près de 10% dans plusieurs cantons, dont Dreux, qui devient un lieu emblématique de sa percée. La tendance se poursuit lors des élections locales et européennes suivantes, bien aidée par l’aura médiatique qu’acquiert Jean-Marie Le Pen. Le rôle du PS et de François Mitterrand est alors pointé du doigt, ceux-ci étant accusés de diverses manœuvres visant à favoriser l’éclosion du FN dans le but d’affaiblir la droite traditionnelle, notamment l’instauration du scrutin proportionnel à un tour pour les législatives de 1986 qui voient les frontistes faire une entrée fracassante à l’Assemblée nationale avec 35 députés.

Candidat à la présidentielle de 1988 (il l’avait déjà été en 1974 mais n’avait pu se présenter en 1981 faute de parrainages suffisants), Le Pen y décroche la quatrième place avec 14,4% des voix, un résultat inattendu et qui se répète en 1995. Cultivant inlassablement un discours sécuritaire et raciste mettant en avant la préférence nationale et ponctués de nombreux dérapages, Jean-Marie Le Pen attire à lui une part grandissante de votants et permet même au FN d’obtenir quelques succès locaux (les mairies de Vitrolles, Marignane, Toulon et Orange) malgré les appels systématiques à la constitution d’un front républicain de la part des partis classiques dès qu’un frontiste semble en mesure de remporter une élection. La croissance du FN ne se déroule toutefois pas sans heurts, et des divergences profondes éclatent en 1998 et 1999 entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, l’étoile montante du parti, qui entend rendre celui-ci moins sulfureux et le dédiaboliser afin de pouvoir passer des alliances avec la droite.

Rapidement la brouille entre les deux dirigeants s’accentue et fait place à la haine : Mégret claque la porte et fonde son propre parti, le MNR (Mouvement national républicain). Pour le FN, le coup est rude et les européennes qui suivent virent au désastre : si le MNR n’y réalise que 3,3%, le Front national fait à peine mieux avec 5,7% et semble au fond du trou. C’est peu dire dès lors que la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle 2002 fait figure de surprise colossale. Bien que lui-même pénalisé par la candidature de Mégret (2,3%), le leader frontiste (16,9%) n’en devance pas moins le socialiste Lionel Jospin qui a été plombé tant par sa mauvaise campagne que par la multiplication des candidats de gauche. A l’annonce de cette nouvelle, le traumatisme qui frappe la France est fort et entraîne aussitôt une mobilisation totale contre Le Pen, ce qui permet à Jacques Chirac de remporter le second tour avec le score exceptionnel de 82%.

Les années qui suivent voient monter en puissance au sein du parti la fille de Jean-Marie Le Pen, Marine, et avec elle une nouvelle génération de cadres-dirigeants, plus présentables, plus professionnels, et qui cherchent à leur tour à rendre le parti plus respectable. L’évolution est toutefois lente, Jean-Marie Le Pen menant encore la formation à la présidentielle de 2007, où son faible score (10%, et une quatrième place seulement) dû à la dynamique Sarkozy rend inéluctable un passage de témoin qui a finalement lieu en janvier 2011, quand Marine Le Pen est élue présidente du FN.

Si la transition ne se fait pas sans émois (plusieurs dirigeants quittent un parti dont ils désapprouvent l’évolution, et Marine Le Pen et son père finissent par se brouiller de manière violente), le résultat est un succès sur le plan électoral. La présidentielle de 2012 voit la nouvelle patronne du FN réussir le meilleur pourcentage jamais obtenu par le parti à cette élection, et toutes les élections intermédiaires qui suivent (législatives, européennes, municipales, départementales et régionales) se traduisent par des poussées qui permettent à la formation d’extrême-droite de se proclamer avec plus ou moins de pertinence « premier parti de France ».

Un problème demeure toutefois : l’incapacité à conclure, l’incapacité à gagner vraiment. Bien que de plus en plus malmené (notamment par Nicolas Sarkozy qui a imposé à son parti la doctrine du « ni-ni », c.-à-d. aucun report de voix ni pour le FN, ni pour le PS, même si le FN a une chance de l’emporter), le cordon sanitaire tient encore bon et empêche (de justesse) le Front national de ravir aucune région en 2015, alors qu’il était arrivé largement en tête au premier tour dans le Grand Nord et en PACA (avec Marine Le Pen en tête de liste dans le premier cas et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen dans le second, cette dernière étant par ailleurs devenue la plus jeune députée de France en 2012).

Ainsi, paradoxalement, depuis 2011, le FN va de succès en succès mais n’en concrétise que peu. Accéder au pouvoir demeure une marche qu’il n’a pas encore franchie (exception faite d’une petite dizaine de mairies, dont Béziers) et que ses adversaires refusent de le voir réussir. Dans cet optique, si la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017 semble probable, une victoire de sa part semble en revanche toujours hors de portée. Quant à elle, elle veut croire que les scénarios récents du Brexit et de Trump peuvent se répéter en France et lui permettre d’enfin appliquer ses idées de sortie de l’Europe, de priorité nationale, de protectionnisme et de renforcements des frontières.

 

 

Partis du centre

 

Mouvement démocrate – MoDem

A l’origine est l’UDF (« Union pour la démocratie française »), fondée en 1978 en tant que fédération de partis politiques de centre droite et de droite. Sa création fait suite à la prise de contrôle par Jacques Chirac en 1976 de l’UNR gaulliste et sa rupture avec le chef de l’État Valéry Giscard d’Estaing, lequel gouvernait jusque-là en s’appuyant sur une coalition formée par les Républicains indépendants dont il est issu et ledit UNR.

L’UDF repose principalement sur l’alliance de trois formations :

  • le CDS (Centre des démocrates nationaux), issu de l’ancien MRP (Mouvement républicain populaire), un parti en vue de la IVe République, avec comme figures emblématiques Georges Bidault et Robert Schuman, mais marginalisé sous la Ve, avant d’être en partie relancé par Jean Lecanuet, lequel est candidat à la présidentielle de 1965 et renomme le MRP en CD (Centre démocrate), puis dix ans plus tard en CDS.
  • le PR (Parti républicain), nouvelle appellation du FNRI (Fédération nationale des Républicains indépendants), lui-même issu d’une scission menée en 1962 par Giscard d’Estaing pour quitter le CNIP (Centre national des indépendants et paysans) qui s’opposait à la réforme constitutionnelle de l’élection du président de la République voulue par Charles de Gaulle (voir ici).
  • le Parti radical dit « Parti radical valoisien », le plus ancien parti de France encore existant, qui s’est séparé de son aile gauche (devenue le PRG – Parti radical de gauche) en 1971 et est emmené par Jean-Jacques Servan-Schneider.

Les débuts de l’UDF sont réussis, il fait jeu égal avec le PS, le RPR et le PCF aux législatives qui se tiennent quelques moins après sa fondation et permet à Valéry Giscard d’Estaing de conserver une majorité parlementaire (comprenant le RPR) pour gouverner.

La suite est moins favorable : la défaite de Giscard en 1981 relègue l’UDF dans l’opposition où le RPR devient la force dominante. Malgré quelques succès ponctuels, l’UDF entame alors un déclin marqué notamment par l’échec de Raymond Barre à devancer Jacques Chirac au premier tour de la présidentielle de 1988.

Bien qu’il participe aux gouvernements Chirac de 1986-88, Balladur 1993-95 et Juppé 1995-97, l’UDF voit son influence décroître et et il commence à se désagréger en différents courants. Une première scission a lieu en 1998 lorsque des présidents de régions recourent au soutien de l’extrême-droite pour être élus. Opposé à ces manœuvres, François Bayrou obtient gain de cause et devient président de l’UDF, tandis Démocratie libérale, le courant emmené par Alain Madelin, le quitte pour s’associer au RPR.

La débandade se poursuit en 2002 : François Bayrou est candidat à la présidentielle, mais une partie substantielle de ses troupes lui préfère Jacques Chirac et s’allie avec le RPR pour former l’UMP, tandis que ce qu’il reste de l’UDF doit se contenter des bancs de l’opposition. Bayrou n’en continue pas moins de creuser son sillon et croit son heure arrivée en 2007 lorsque se présente une opportunité réelle d’accéder au second tour de la présidentielle. Las ! Malgré une campagne bien menée, il ne peut devancer la socialiste Ségolène Royal au premier tour et finit troisième.

Les législatives qui suivent sont catastrophiques : de 29 députés, l’UDF passe à … 3, désormais repris sous la bannière MoDem (Mouvement démocratique), le nouveau parti que Bayrou vient de fonder à partir de l’UDF, dont une partie l’a suivi, et une autre a fondé le Nouveau Centre qui s’associe avec l’UMP.

Au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le MoDem vivote, n’empoche pas de succès notable et est pour le moins discret, ce qui n’empêche pas François Bayrou de présenter une nouvelle fois à la présidentielle en 2012. Il ne parvient cependant pas à recréer une dynamique semblable à celle de 2007 et ne pèse pas sur la campagne. Lors de l’entre-deux-tours, il se distingue toutefois en appelant non pas à voter blanc comme beaucoup s’y attendaient, mais en faveur de François Hollande. Ce choix lui vaut la haine de l’UMP qui le considère comme un traître, et nul renvoi d’ascenseur de la part du PS, la candidate socialiste aux législatives dans sa circonscription refusant de s’effacer pour lui permettre d’être réélu député.

Les cinq années qui suivent se passent dans un relatif anonymat, exception faite de l’élection à la mairie de Pau de François Bayrou. Concernant la présidentielle de 2017, ce dernier annonce d’abord vouloir soutenir Alain Juppé si celui-ci gagne la primaire de la droite, mais sa défaite le contraint à revoir ses plans. Après avoir un temps hésité à être une quatrième fois candidat, il renonce et annonce le 22 février offrir une alliance à Emmanuel Macron.

 

En Marche – EM

En Marche ! est le nom sous lequel est popularisé le parti « Association pour le renouvellement de la vie politique » lancé en avril 2016 par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron afin de soutenir une candidature à la présidentielle 2017 de plus en plus probable.

En Marche ! (dont l’acronyme est le même que les initiales de son fondateurs) se présente comme un mouvement qui s’affranchit du clivage gauche-droite traditionnel et entend apporter un souffle nouveau à la politique française. Son positionnement social-libéral et sa volonté de promouvoir l’Europe contribuent à le considérer comme un parti de tendance centriste.

Complètement neuf dans le paysage politique français, En Marche ! suscite dès son lancement un intérêt médiatique intense, et son leader, officiellement candidat à la présidence en novembre 2016, devient trois mois plus tard le favori de l’élection.

 

Union des démocrates et indépendants – UDI

L’UDI est un parti fondé en 2012 par le centriste Jean-Louis Borloo (ex-UDF, ex-UMP). Il consiste en une fédération de petits partis qui conservent chacun leur identité propre. Parmi ses composants figurent Force européenne démocrate (FED, fondé par Jean-Christophe Lagarde), Les Centristes (qui s’appelait Nouveau Centre jusqu’en 2016, cf. infra), le Parti radical valoisien (PR), Alliance centriste (présidée par Jean Arthuis) et La Gauche moderne (LGM, présidée par l’ex-socialiste Jean-Marie Bockel).

Jean-Louis Borloo préside l’UDI à sa fondation, mais, affaibli par une pneumonie, doit se mettre en retrait en 2014. Jean-Christophe Lagarde (FED) remporte le scrutin organisé pour élire un nouveau président. Ce changement se traduit par une inflexion dans la stratégie du parti : jusque-là proche du MoDem, l’UDI s’allie désormais plus volontiers avec l’UMP.

Si l’UDI n’envoie pas de candidats à la primaire de droite pour la présidentielle 2017, ses membres s’impliquent néanmoins dans la campagne, Lagarde soutenant Juppé, Morin faisant de même avec Fillon.

 

Les Centristes

A l’origine des Centristes se trouve le Nouveau Centre (NC), fondé en 2007 par des élus UDF opposés à l’orientation politique prônée par François Bayrou qui s’apprête à créer le MoDem. Contrairement à ce dernier, le Nouveau Centre (17 élus aux législatives de cette année-l) soutient l’action du président Nicolas Sarkozy (2007-2012), sans toutefois adhérer à son parti l’UMP. En échange, le cofondateur et président du Nouveau Centre Hervé Morin obtient le ministère de la Défense de 2007 à fin 2010.

Fin 2011, ce même Hervé Morin annonce sa volonté de participer à l’élection présidentielle à venir. Ses faibles sondages le contraignent toutefois à revoir ses ambitions et, en février 2012, le parti annonce désormais soutenir Nicolas Sarkozy.

La même année, le Nouveau Centre rejoint l’UDI lancé par Borloo (cf. supra). Lorsque celui-ci se retire en 2014, Morin postule à la présidence mais est battu par Jean-Christophe Lagarde. Fin 2016, Morin (qui a soutenu Fillon à la primaire de la droite, alors que Lagarde a soutenu Juppé) menace de quitter l’UDI. Il se ravise finalement et renomme le Nouveau Centre en Les Centristes.

 

 

Partis de gauche

 

Parti socialiste – PS

Prédécesseur du PS, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) est un acteur majeur de la vie politique française tout au long de la première moitié du XXe siècle jusqu’en 1958. Parmi les faits marquants de cette longue période, citons : la scission avec les communistes en 1921 (congrès de Tours) ; la participation au Cartel des gauches en 1924 ; la victoire du Front populaire qui gouverne de 1936 à 1938.

Si l’après-guerre voit la SFIO reprendre part de manière intermittente à la direction du pays, cette période est également le théâtre de divisions grandissantes au sein d’un parti qui va se déliter en même temps que s’écroule la IVe République. Avec l’avènement de de Gaulle et de la Ve République en 1958, la SFIO éclate, son socle électoral fond et plusieurs formations dissidentes voient le jour. Le maire de Marseille Gaston Defferre tente alors de s’imposer comme candidat du parti à la présidentielle de 1965, mais il se fait souffler la politesse par François Mitterrand (qui n’appartient pas à la SFIO et a fondé la CIR, Convention des institutions républicaine) qui réussit à mettre en place une candidature de gauche unifiée et, à la surprise générale, contraint le président de Gaulle à passer par un second tour.

Fort de cette dynamique, Mitterrand met en place la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et passe un accord avec le parti communiste pour les législatives de 1966. La gauche réalise à cette occasion une remontée foudroyante, mais en perd le bénéfice suite à Mai 68 : dépassée par les événements, elle prend l’eau aux législatives anticipées organisées en juin et ne parvient pas à s’unir pour la présidentielle de 1969, où Defferre, cette fois investi candidat par le nouveau Parti socialiste qui a succédé à la SFIO, ne récolte qu’un humiliant 5%, échoue à se qualifier pour le second tour et est devancé par le candidat communiste.

1971 est l’année-clef de relance des socialistes. Au congrès d’Epinay, le PS s’unit avec le CIR de Mitterrand. Devenu premier secrétaire du parti, celui-ci entame une parcours marqué certes par des défaites à la présidentielle de 1974 (de justesse) puis aux législatives de 1978, mais aussi par des gains locaux importants et, en 1981, par l’accession à l’Elysée, pour un mandat qui sera renouvelé pour sept ans de plus en 1988.

Pour le PS, le double septennat de Mitterrand est une période faite de hauts et de bas. A l’euphorie de la victoire de 1981 succède le tournant de la rigueur en 1983 et la claque aux législatives de 1986, avec pour résultat la première cohabitation de la Ve République. L’histoire repasse les plats à partir de 1988, avec trois années de pouvoir effectif, deux autres de descente aux enfers due à une mauvaise conjoncture économique, mais aussi à la révélation de toute une série de scandales financiers ou liés au président Mitterrand, et enfin une débâcle aux législatives de 1993 qui débouche sur une nouvelle cohabitation, de sorte que, lorsque vient la fin du règne mitterrandien, l’épuisement socialiste est si fort que la participation à la présidentielle de 1995 (avec Lionel Jospin comme candidat) se déroule sans entrain ni illusion.

Deux ans plus tard cependant, la droite, involontairement, va remettre le PS en selle. La décision de Jacques Chirac de dissoudre de manière anticipée l’Assemblée nationale se retourne en effet contre lui et mène au triomphe de la « gauche plurielle » (socialistes, communistes, écologistes …). Pendant cinq ans, le gouvernement Jospin dirige la France et engrange de bons résultats grâce à une conjoncture économique longtemps favorable. Le retour sur terre va toutefois être rude : la croissance connaît un fort ralentissement à partir de 2001, et l’unité de la gauche se lézarde en une multitude de candidatures à la présidentielle de 2002. Conséquence : une perte de voix dramatique pour Jospin qui est devancé au premier tour par non seulement par Jacques Chirac, mais aussi et surtout par Jean-Marie Le Pen. Le PS subit un traumatisme dont il mettra dix ans à se remettre, d’abord en se reconstruisant une assise locale (régions, villes, départements), puis en retrouvant l’Elysée en 2012 avec François Hollande.

Le quinquennat de ce dernier est toutefois difficile, sa cote de popularité chute à un niveau jamais vu et, à nouveau, la gauche va se fracturer, y compris au sein même du PS. Ulcérés par le tournant centre-droit adopté en 2013 par le président et son gouvernement, des « frondeurs » emmenés par Arnaud Montebourg et Benoît Hamon (tous deux … membres du gouvernement jusqu’en 2014) critiquent ouvertement l’action de l’exécutif et votent parfois contre lui à l’Assemblée. Écartelé entre ces deux tendances (gauche gouvernementale et réformiste vs. gauche radicale et progressiste), le parti étale des divisions quasi irréconciliables lors de la primaire pour la présidentielle 2017, une primaire à laquelle le président Hollande, discrédité, a choisi de ne pas se présenter, et que remporte le frondeur Benoît Hamon.

 

Parti radical de gauche – PRG

Le PRG naît en 1972 suite au départ du Parti radical (centriste) d’une partie de ses membres désireux de s’associer au Programme commun de la gauche et de soutenir François Mitterrand.

Se baptisant MRG (Mouvement des radicaux de gauche) en 1973, le nouveau parti présente un candidat à la présidentielle de 1981, Michel Crépeau, lequel ne récolte toutefois que 2%. L’alliance passée avec le PS permet toutefois au MRG de participer au gouvernement et contribue à lui procurer 14 élus aux législatives. Depuis, les radicaux de gauche continuent de mener leur barque dans le sillage du PS, tout en en restant différenciés et en cultivant une idéologie de centre-gauche. Leur résultats électoraux suivent dès lors une courbe indexée aux performances de leur partenaire, exception faite des européennes de 1994, lorsque, emmenée par Bernard Tapie, leur liste obtient un très bon 12% des voix. Ce succès ne débouche toutefois sur aucun lendemain notable, et le parti (qui devient le PRG en 1998) retourne dans une sorte d’anonymat qui ne l’empêche pas de participer au gouvernement Jospin avec l’ensemble de la gauche plurielle.

En 2002, le PRG décide cependant de participer à nouveau directement à la présidentielle, avec pour candidate la députée de Guyane Christiane Taubira. Cette candidature contribue toutefois à éparpiller les voix de la gauche au premier tour et contribue à la défaite de Lionel Jospin.En 2007, le PRG conclut un accord avec le PS pour ne pas présenter de candidat à la présidentielle et obtient en échange toute une série de circonscriptions réservées pour les législatives.

En 2011, Jean-Marc Baylet (président du parti depuis 1996) participe à la primaire de la gauche qui voit François Hollande l’emporter. S’il n’y récolte que 0,6%, sa participation au processus et le soutien offert à Hollande pour la présidentielle lui permettent de décrocher trois ministères dans le gouvernement Ayrault, dont la Justice pour l’emblématique Christiane Taubira. Jean-Michel Baylet lui-même devient ministre de l’Aménagement du territoire dans le gouvernement Valls en 2016 (il avait déjà été ministre délégué sous Rocard, Cresson et Bérégovoy). Sylvia Pinel lui succède alors à la présidence du parti. En janvier 2017, elle participe à la primaire de la gauche pour la présidentielle qui arrive. Elle y récolte 2% des voix et se rallie à Manuel Valls, lequel est battu par Benoît Hamon au second tour.

 

Europe-Écologie-Les-Verts – EELV

Le mouvement écologiste apparaît sur la scène politique française en 1974 avec la participation à la présidentielle du candidat René Dumont (1,3%). Dans les années qui suivent, diverses structures se forment pour en pérenniser l’action, avec notamment comme personnalités en vue Brice Lalonde (candidat à la présidentielle de 1981, 3,9%) et Antoine Waechter (candidat en 1988, 3,8%).

Au cours des quinze premières années de son existence, le mouvement politique écologiste reste fragmenté et émergent. Sa croissance connaît toutefois un coup d’accélérateur en 1989, lorsque le parti Les Verts (fondé en 1984) emmené par Antoine Waechter décroche 10,6% des voix aux européennes.

Les années 1990 marquent un tournant dans l’évolution idéologique des Verts. Sous l’impulsion de Dominique Voynet, le parti s’oriente résolument à gauche alors que Waechter avait jusque-là préconisé un positionnement hors du clivage traditionnel gauche/droite. Désavoué par un vote interne, Waechter quitte Les Verts et fond le MEP (Mouvement écologiste indépendant).

Si ce changement n’a pas grande influence sur le score écologiste à la présidentielle de 1995 (Voynet y réalise 3,3%), il permet en revanche aux Verts d’intégrer le gouvernement de la gauche plurielle dirigé de 1997 à 2002 par Lionel Jospin, avec un (puis deux à partir de 2000) ministères à la clef. Parallèlement, la liste emmenée par Daniel Cohn-Bendit obtient 9,7% aux élections européennes de 1999.

2002 marque le début d’une période de fort recul électoral pour l’écologie politique. Paradoxalement, Les Verts y réalisent pourtant leur meilleur score à une présidentielle : 5,3% pour Noël Mamère. Mais l’élimination au premier tour du socialiste Jospin (auquel le bon score de Mamère contribue) marque un coup terrible pour le PS et ses alliés gouvernementaux, et les législatives qui suivent voient les Verts ne conserver que trois élus à l’Assemblée nationale contre les six qu’ils avaient précédemment. Commence alors une traversée du désert marqué par des résultats électoraux médiocres et de profondes divisions, entre autres au sujet du référendum sur la Constitution européenne en 2005.

Après une présidentielle médiocre (1,6% pour Voynet), le rebond a lieu en 2009 avec un large rassemblement nommé Europe Écologie auquel participent bon nombre de personnalités en vue de l’écologie politique, dont Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové, Yannick Jadot, Cécile Duflot, Antoine Waechter, José Bové, Nicolas Hulot … . Le résultat qui suit est à la hauteur des espérances : 16,3% aux européennes.

Fort de ce succès, le mouvement se réorganise et devient EELV (Europe-Écologie-Les-Verts). Mais les vieux démons ne tardent pas à resurgir, le parti se divise lors de sa primaire pour la présidentielle 2012, lorsque, au médiatique Nicolas Hulot soutenu par l’équipe dirigeante d’EELV, sa base lui préfère comme représentante l’intransigeante Eva Joly. Celle-ci va alors être lâchée par les cadres d’EELV, pour qui l’essentiel (l’assurance d’avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée) a été obtenu en signant un accord pré-électoral avec le PS pour les prochaines législatives. Dès lors la campagne de Joly tourne au fiasco et elle n’enregistre qu’un petit 2,3%.

Avec la victoire de François Hollande, EELV obtient néanmoins ce qu’il espérait et entre au gouvernement. L’affaire se passe toutefois laborieusement, Cécile Duflot (la dirigeante écolo alors la plus et qui a obtenu le ministère du Logement) irrite ses partenaires autant qu’ils l’irritent elle, et ses rapports avec le ministre de l’Intérieur, le très sécuritaire et très centre-gauche Manuel Valls, sont tendus à l’extrême. La nomination de ce dernier au poste de Premier ministre conduit Duflot et les écolos à claquer la porte du gouvernement, et EELV se fissure avec le départ de plusieurs cadres (dont François de Rugy et Jean-Vincent Placé, qui vont fonder Écologistes) en désaccord avec le choix posé.

Les divisions ont refait surface, la contestation des dirigeants (une spécialité historique du parti) repart de plus belle et, à la primaire pour la présidentielle de 201 (EELV a refusé de participer à celle de la Belle Alliance populaire organisée par le PS), la favorite Cécile Duflot est éliminée d’un premier tour que Yannick Jadot termine en tête. Jadot remporte également le second face à Michèle Rivasi, mais face à la difficulté de mener campagne (la collecte des fameux cinq cents parrainages est particulièrement ardue) et sous la pression des cadres d’EELV (dont … Duflot) qui veulent un accord avec le PS pour les législatives, il annonce fin février (après approbation à 80% des militants) se rallier à Benoît Hamon, le candidat vainqueur de la primaire socialiste.

 

Parti écologiste – PE

Le parti Écologistes est fondé en 2015 par des dissidents d’EELV, François de Rugy et Jean-Vincent Placé, lesquels sont en désaccord avec la décision prise en 2014 par leur ancienne formation de quitter le gouvernement Valls. Jugeant que le parti écologiste s’engage dans une voie trop à gauche à leurs yeux, Rugy et Placé fondent donc leur propre parti, qu’ils renomment Parti écologiste en 2016. Entre-temps, trois de ses membres (Placé, mais aussi Barbara Pompili et Emmanuelle Cosse) ont été intégrés dans le gouvernement Valls.

François de Rugy participe à la primaire de la gauche en janvier 2017, et y récolte 3,9%. En février de la même année, contrairement à l’accord qui avait été passé par les participants de cette primaire, il refuse de soutenir son vainqueur Benoît Hamon (trop à gauche pour lui) et rallie Emmanuel Macron.

 

Parti communiste français – PCF

Le PCF (sous l’acronyme SFIC) est fondé en 1920 suite à la scission de la SFIO entre communistes et socialistes au congrès de Tours, lorsqu’une majorité de militants décident de s’affilier à l’Internationale communiste. Les première années du parti sont marquées par un socle électoral de l’ordre de 10%, une relation étroite avec l’URSS et, dans le cadre de la lutte « classe contre classe », le refus de toute entente avec les formations « bourgeoises ». Les années trente et la montée du fascisme (y compris en France, cf. manifestation du 6 février 1934) entraîne un assouplissement de la ligne autrefois intransigeante concernant les alliances politiques. Avec désormais Maurice Thorez à sa tête, le PC (pas encore « F ») se rapproche de la SFIO et des radicaux de gauche pour former le Font populaire qui remporte les élections en 1936. Le PC ne participe toutefois pas au gouvernement Blum qui s’en suit, mais le soutient à l’Assemblée nationale.

Le pacte germano-soviétique de 1939 entraîne la mise hors-la-loi en France du PC, dont une partie des membres entre dans la clandestinité. En 1941, lorsque l’Allemagne envahit l’URSS, les communistes de France rejoignent la Résistante balbutiante et prennent une part essentielle dans ses actions contre l’occupant. Leurs faits d’armes et le prestige dont est auréolée l’URSS à la fin de la guerre propulse le PCF au rang de premier parti de France, avec 26,2% des voix et 155 députés aux législatives de 1945 (le PS finit deuxième avec 25%). Cinq ministres communistes entrent alors dans le gouvernement formé par le général de Gaulle (deux d’entre eux avaient déjà fait partie du gouvernement provisoire de 1944).

Après une légère baisse aux législatives de juin 1946, le PCF obtient son meilleur score aux nouvelles législatives organisées cinq mois plus tard : 28,3% et 182 députés. La guerre froide qui éclate en 1947 entre blocs de l’Est et de l’Ouest entraîne toutefois le bannissement du PCF de tout gouvernement de la part des autres formations politiques, et ce en dépit de résultats électoraux toujours élevés (25,9% aux législatives de 1951). Cet ostracisme mais aussi des jeux de pouvoirs internes, la difficulté de se distancier de « l’œuvre » de Staline après la mort de celui-ci, et le soutien maintenu à l’URSS lors de la répression hongroise de 1956, contribuent à fragiliser le PCF. Celui-ci continue d’enregistrer de bonnes performances électorales (plus de 25% aux législatives de 1951 et 1956, et respectivement 103 et 150 députés), mais ces hauts niveaux ne seront ensuite plus jamais approchés.

Le passage à la Ve République voit l’assise du PCF reculer à 20% des votants et le nombre de ses députés chuter drastiquement suite à l’adoption de nouvelles règles électorales. Et s’il demeure la première force de gauche, il n’en voit pas moins le parti socialiste peu à peu grignoter son retard, exception faite de la présidentielle de 1969 où, avec 21,3% des voix, le communiste Jacques Duclos écrase le candidat de la SFIO Gaston Defferre et manque de peu de se qualifier pour le second tour.

En 1972, le PCF désormais emmené par Georges Marchais signe le Programme commun d’Union de la gauche avec le PS. Deux ans plus tard, il adoube le socialiste François Mitterrand comme candidat de cette union à la présidentielle. Deux ans plus tard encore, le PS devance pour la première fois PCF à une élection nationale (les cantonales) depuis 1945. La tendance se confirme aux législatives de 1978. Le PCF est en train de perdre son pari d’être le grand bénéficiaire de l’union signée en 1972.

Pour le PCF, la présidentielle de 1981 s’annonce clef. Cette fois, pas de candidature commune, Georges Marchais part au combat et entend devancer Mitterrand. La tentative échoue : le socialiste devance de dix points le communiste, qui se rallie à celui qui est élu président de la République deux semaines plus tard. Le PCF y gagnera une participation au gouvernement de Pierre Mauroy (quatre ministres), mais son déclin est désormais irréversible : il tombe à 16,3% aux législatives de 1981 (contre 20,6% encore en 1978) et près de 10% en 1986. S’il parvient à conserver ce niveau pendant encore dix ans (et ainsi participer au gouvernement « gauche plurielle » de Lionel Jospin à partir de 1997), il s’effondre ensuite à moins de 5% en 2002 et 2007, tandis que ses candidats à la présidentielle lors ces mêmes années (respectivement Robert Hue et Marie-George Buffet) ne récoltent que 3,4% et 1,9% des suffrages.

Plus résistante est en revanche l’implantation du parti au niveau locale, qui lui permet en 2014 de posséder encore 56 mairies de plus de 10 000 habitants, dont deux même dans des villes de plus de 100 000 habitants (Saint-Denis et Montreuil). Un autre facteur important de résilience a été l’alliance passée en 2008 avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon pour former le Front de gauche. Cette coalition a en effet bénéficié d’une bonne dynamique qui a permis à Mélenchon de récolter 11% à la présidentielle de 2011. Les relations entre les dirigeants des partis concernés se sont toutefois distendues depuis, et le PCF est divisé concernant la suite à donner ce partenariat, ses dirigeants votant en 2016 contre un nouveau soutien à Mélenchon, une décision renversée peu après par le vote des militants en faveur du représentant du mouvement France insoumise.

 

La France insoumise – FI

Membre du parti socialiste pendant trente ans, Jean-Luc Mélenchon le quitte en 2008 pour fonder le Parti de gauche (PG). Dans la foulée, il associe son parti avec le PCF dans une coalition appelée Front de gauche (FdG), laquelle se présente aux élections européennes de 2009 et régionales de 2010.

C’est sous cette bannière commune que Jean-Luc Mélenchon se présente à la présidentielle de 2012. Sa campagne suscite un engouement qui le porte bien au-delà des attentes initiales, mais laisse aussi un goût d’inachevé lorsque sont connus les résultats : 11% et une quatrième place derrière Marine Le Pen, dont Mélenchon avait décrété qu’elle était sa principale adversaire. Quelques semaines plus tard, cette même Le Pen le devancera à nouveau aux législatives dans la circonscription de Hénin-Beaumont, où Mélenchon était venu la défier (Le Pen sera toutefois battue par le candidat socialiste au second tour).

Le bilan contesté du quinquennat Hollande et le tournant centre-droit de son gouvernement à partir de 2014 convainquent Mélenchon que 2017 sera plus que jamais l’occasion unique pour lui de rassembler la gauche et d’atteindre le second tour. En février 2016 il lance le mouvement citoyen La France insoumise en vue de promouvoir sa candidature à la prochaine présidentielle et, tout au long de l’année, multiplie les meetings et se livre à une activité médiatique intense, en particulier sur Internet où sa chaîne YouTube dépasse de loin le nombre d’abonnés de tout autre politique français. Il refuse en revanche catégoriquement de se présenter à la primaire de gauche, estimant qu’il ne peut concourir à un scrutin dont il ne respecterait pas le résultat si Manuel Valls le gagnait. En parallèle, les relations avec le PCF se distendent et Mélenchon prononce unilatéralement en juin 2016 la fin du Front de gauche. Malgré cela, et en opposition avec l’opinion de la plupart de leurs dirigeants, les militants communistes votent le soutien du parti à Mélenchon en novembre 2016.

Crédité avant la primaire de gauche d’intentions de vote supérieures à celles de tout candidat socialiste, Mélenchon voit cette dynamique s’inverser une fois le victoire de Benoît Hamon à ladite primaire connue (janvier 2017). Les appels à un rassemblement des forces de gauche en une candidature unique se font alors pressants et sont exprimés par les intéressés eux-mêmes. Egos, divergences de programmes (dont certaines majeures, comme le revenu universel ou l’Europe) et jeux d’appareils ont toutefois raison de ces discussions, exception faite du candidat EELV Yannick Jadot qui rallie Benoît Hamon.

 

Lutte ouvrière – LO

Lutte ouvrière est un parti d’extrême-gauche tendance trotskyste. Ses origines remontent à 1939, lorsque un militant roumain venu en France et surnommé Barta fonde l’Union communiste (UC), laquelle disparaît en 1950 avant de réapparaître sous le nom Voix ouvrière en 1956. Un journal portant ce nom est également édité. En 1968, comme d’autres organisations trotskystes, Voix ouvrière est dissout par décret présidentiel suite aux événements de mai. Il se reforme dans la foulée sous le nouveau nom pris par son journal, Lutte ouvrière.

Si les scores électoraux de LO sont de tous temps modestes, le parti n’en gagne pas moins peu à peu en visibilité grâce à sa porte-parole fétiche Arlette Laguiller, laquelle est candidate à la présidentielle sans discontinuer de 1974 à 2007. Elle obtient ses meilleurs scores en 1995 (5,3%) et 2002 (5,7%). Ce dernier scrutin laisse toutefois des traces : son refus d’appeler à voter en faveur de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen lui est fortement reproché, et les appels au vote utile qui se répandent lors de l’élection de 2007 pénalisent les « petits » candidats dont elle fait partie, de sorte qu’elle ne récolte plus cette année-là que 1,3% des voix.

En 2008, Nathalie Arthaud devient la nouvelle porte-parole de Lutte ouvrière. Moins en vue que sa devancière, elle peine toutefois à se bâtir une notoriété semblable et ne reçoit que 0,6% des suffrages à la présidentielle de 2012.

A noter que LO s’est plusieurs fois associée avec l’autre parti trotskyste français, la Ligue communiste révolutionnaire (devenu NPA en 2009). Ces associations n’ont toutefois pas débouché sur de grandes évolutions et chaque parti continue aujourd’hui sa route séparément.

 

Nouveau Parti Anticapitaliste – NPA

A l’origine du NPA se trouve la Ligue communiste révolutionnaire elle-même issue d’une lignée de mouvements trotskystes (c.–d. marxistes révolutionnaires et prônant la lutte des classes) liés à la IVe Internationale, dont le PCI (Parti communiste internationaliste) et la JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire) qui, comme le prédécesseur de Lutte ouvrière, sont dissous suite aux événement de mai 1968. S’en suit la fondation de la Ligue communiste. Parmi ses dirigeants principaux : Alain Krivine, qui, en 1969, se présente à la présidentielle (1,1%). Quatre ans plus tard, suite à un assaut donné contre un meeting du groupe d’extrême-droite Ordre nouveau (qui donnera peu après naissance au FN), la Ligue communiste est dissoute. Elle se reforme un an plus tard sous le nom Ligue communiste révolutionnaire. Suite à ces événements, la LCR s’éloigne cependant de la ligne insurrectionnelle qui prévalait jusque-là et adopte un tournant « ouvriériste » qui l’amène à concentrer son action sur les ouvriers des usines.

Si les résultats électoraux de la LCR sont généralement modestes, pour ne pas dire marginaux, ils vont toutefois connaître une amélioration remarquée en 2002, lorsque, suite à l’échec d’un accord avec Lutte ouvrière, le parti présente pour la première fois depuis 1974 un candidat à l’élection présidentielle : Olivier Besancenot. Facteur de profession et complet inconnu, le jeune homme se révèle populaire et médiatique et obtient 4,3% des suffrages, moins qu’Arlette Laguiller de LO (5,7%) mais plus que le candidat du PCF Robert Hue (3,4%). Contrairement à Laguiller toutefois (qui reçoit de nombreuses critiques pour avoir refusé d’appeler à voter contre Le Pen), Besancenot (qui a appelé à barrer la route à Le Pen et donc, indirectement, à voter Chirac) voit sa popularité perdurer et, malgré les appels au vote utile qui fleurissent en 2007, il maintient le score obtenu cinq ans auparavant là où la représentante de LO s’effondre à 1,3%.

Fort de cette dynamique, la LCR entend en profiter pour grandir et lancer un nouveau parti qui lui permettra de brasser plus large. C’est ainsi que naît en 2009 le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste). Les années qui suivent sa fondation ne voient cependant pas le décollage espéré se produire, et la décision prise en 2011 par Olivier Besancenot de se retirer du poste de porte-parole n’arrange rien à l’affaire. C’est alors Philippe Poutou, ouvrier chez Ford et quasi inconnu, qui reprend le flambeau, mais il ne récolte que 1,2% des votes à la présidentielle.

 

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