1. Le résumé – 2. Le déroulé des échanges – 3. La prestation des candidats

1. Le résumé

 

Philippe Poutou superstar ! Telle avait été la conclusion de l’émission de France 2 où, voici cinq Philippe Poutou en 2011ans, les prétendants à la présidentielle avait chacun disposé de vingt minutes pour convaincre. De par son style atypique, de par son franc-parler, et aussi, de par une certaine candeur, Philippe Poutou avait détonné et apporté un peu de fraîcheur à la soirée, ou à tout le moins, du relief. Pour l’immense majorité des téléspectateurs, sa prestation ce soir-là avait été synonyme de découverte, celle d’un inconnu complet, un ouvrier à l’usine Ford de Bordeaux qui, quelques mois auparavant, avait été propulsé porte-parole du NPA en remplacement du médiatique Olivier Besancenot, lequel venait de renoncer à être à nouveau candidat.

Lors de son passage à Des Paroles et des Actes 2012, l’effet nouveauté et le style atypique avaient donc joué à plein, Poutou avait eu son un quart d’heure de gloire et attiré à lui le feu des projecteurs. Deux jours plus tard toutefois, et l’effet de mode était déjà passé, Poutou retournait à l’anonymat et il allait finir huitième avec 1,2% au premier tour, comme les sondages le laissaient entendre depuis le début de la campagne.

L’histoire repassera-t-elle les plats cette année ? En tout cas, pour ce qui est de la première partie du récit, la mission est accomplie. Au terme d’un débat interminable (quatre heures !) où étaient rassemblés les onze candidats à la présidentielle, les passages qui auront le plus retenu l’attention auront en effet été des moments impliquant le candidat NPA. La raison ? Des tirades où il s’en est prit de manière virulente à François Fillon, Marine Le Pen et aux affaires qui leur collent aux basques.

Premier ciblé : le candidat LR. Interrogé sur l’exemplarité, Poutou commence par évoquer des cas jugés (Dassault, Balkany) puis se lance dans le présent : « Alors là, depuis janvier, c’est le régal, une campagne super : Fillon … Il est en face de moi … Plus on fouille et plus on sent la corruption, plus on sent la triche. Et en plus ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu’il faut de la rigueur, et eux ils piquent dans les caisses publiques ». Aussitôt après, au tour de la candidate FN : « Le Pen pareil, on pique dans les caisses publiques. Alors là, c’est pas ici, c’est l’Europe. Pour quelqu’un qui est anti-européen, ça gêne pas de piquer de l’argent de l’Europe. Et le pire, c’est que le FN, qui se dit anti-système, ne s’emmerde pas du tout, se protège grâce aux lois du système, grâce à l’immunité parlementaire, et refuse d’aller aux convocations des policiers (…) Nous, quand on est convoqué par la police, on n’a pas d’immunité ouvrière, on y va (…) Alors le truc anti-système, c’est de la foutaise ». La tirade se poursuit sur l’argent qui circule dans les sphères politiques, des applaudissements fusent et la journaliste de C-News Ruth Elkrief (qui co-anime la soirée avec Laurence Ferrari de BFM TV) doit ramener un peu de calme.

Plus tard, Poutou en remet une seconde couche au moment où est évoqué la question de la dette, le candidat NPA déclarant que Fillon se dit préoccupé par la dette mais pique dans la caisse publique. Il ne manque non plus d’égratigner Macron à deux reprises (cf. le compte-rendu des piques de la soirée) et eut encore l’un ou l’autre échange avec Fillon et Le Pen, voire avec le duo de journalistes en plateau, à qui il reprocha (de manière toujours courtoise et souriante, mais ferme) de l’interrompre ou de ne pas le traiter comme il faudrait (« c’est pas parce que j’ai pas mis une cravate que … »).

Bref, les amateurs de show ont été servis, et c’est peut-être à peu près tout ce qu’il restera de la soirée. L’événement était pourtant annoncé comme historique : pour la première fois en effet, TOUS les candidats à une présidentielle française se retrouvaient simultanément pour débattre et partager leurs programmes, leurs visions, leurs idées. L’exercice était inédit, mais laissait songeur : comment ces onze-là allaient-ils interagir, comment allaient-ils réussir à éviter le piège de la cacophonie ? Si le précédent à cinq d’il y a trois semaines avait été d’une tenue honorable, sa longueur et la difficulté qu’il y avait eu à vraiment aller au coeur des sujets laissaient augurer d’un exercice bancal, comme l’ont été (dans un autre style) les débats de la primaire républicaine américaine de 2016, où là aussi les candidats avaient été à onze sur le podium.

Ruth Elkrief et Laurence Ferrari

Ruth Elkrief et Laurence Ferrari

A l’arrivée, l’impression est mitigée. Non pas que le débat ait été inutile, non, et certainement pas pour les « petits candidats », qui ont eu pour la première fois l’occasion de réellement se faire entendre et qui, à l’instar de Philippe Poutou, ont largement contribué à animer une soirée qui s’est éternisée pendant près de quatre heures (contre trois pour celle de mars) et s’est achevée minuit largement passé. Du côté des participant principaux en revanche, il n’y a pas eu de nouveauté, chacun a déroulé son programme sans y apporter d’originalité (à l’exception peut-être de Mélenchon qui veut nommer un haut-commissaire pour lutter contre la corruption), et aucun n’a effectué de sortie spectaculaire à même de modifier les dynamiques observées avant l’émission. Dans ce cas-là, avantage à ceux qui ont le vent en poupe : Jean-Luc Mélenchon est une fois encore apparu le plus à l’aise, bien qu’il soit finalement assez peu intervenu, et Emmanuel Macron a passé un débat relativement tranquille, quitte parfois à disparaître des radars et frôler l’anonymat, un anonymat dans lequel a végété un Benoît Hamon complètement ignoré par ses adversaires.

A l’opposé, Marine Le Pen et surtout François Fillon ont été largement exposés. Pour la candidate FN, c’était en partie voulu, puisqu’elle n’a pas hésité à régulièrement porter le fer contre ses adversaires. Le candidat LR, en revanche, aurait sans doute aimé moins de lumière. Comme lors du premier débat, il a voulu se faire discret, exploiter la parole quand elle lui était donnée et ne pas partir à l’offensive. A la différence du premier débat toutefois, les « petits » candidats n’entendaient pas l’épargner sur les affaires et l’ont à plusieurs reprises pris sèchement à partie, lui et Marine Le Pen aussi.

 

Compte-rendu – Dupont-Aignan et Le Pen les plus offensifs du second débat

Compte-rendu – Fillon de loin le plus attaqué de tous les candidats

Compte-rendu – Les attaques du second débat : tous les détails candidat par candidat

 

2. Le déroulé des échanges

 

La soirée a été découpée en trois thématique : comment créer des emplois, comment protéger les Français et quel modèle social les candidats comptent-ils mettre en oeuvre. Bonus : une section sur l’exemplarité en politique.

En pratique, le débat a en effet commencer sur la question de l’emploi et l’activité économique avant ensuite une très longue séquence sur l’Union européenne, entre d’un côté ceux qui la pourfendent et expliquent pourquoi leur plan pour en sortir (ou la changer) est meilleur que celui des autres candidats, et ceux qui la défendent avec plus ou moins d’intensité.

Après une pause pour permettre aux participants et aux spectateurs de souffler, le débat repart sur le terrorisme, la défense et les relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Viennent ensuite la moralité en politique, les affaires et la démocratie exemplaire. Les échanges glissent ensuite sur le service public, la Guyane, la dette et la situation sociale en général.

Les participants au grand débat, moins Philippe Poutou qui a refusé de participer à la photo.

Les participants au grand débat, moins Philippe Poutou qui a refusé de participer à la photo.

 

3. La prestation des candidats

 

Nathalie Artaud en 2012Plus sobre que son homologue trotskyste Philippe Poutou, Nathalie Arthaud n’en a pas pour autant été moins mordante, notamment vis-à-vis de Marine Le Pen qu’elle a ciblé à pas moins de cinq reprises (cf. le résumé de ses prises à partie), parlant notamment d’un décalage insupportable entre ce qu’elle peut se permettre (et les politiciens en général) et ce que les travailleurs doivent subir s’ils sont malades (contrôles) ou commettent des erreurs bien moindres que celles commises par les puissants.

Sur le fond, elle a répété que les discussions sur l’Europe étaient de l’enfumage et passaient à côté du vrai problème, lequel est d’après elle une société pourrie de l’intérieur à cause de la politique capitaliste. La défense des travailleurs a évidemment été le leitmotiv de la plupart de ses interventions, dénonçant la Constitution qui ne les protège pas (ou alors, quand elle le fait – « tout citoyen a droit à un emploi » – n’est pas respectée) et déclarant à Mélenchon que sa révolution citoyenne ne servira à rien. Comme lui elle a critiqué Lafarge, ajoutant que, outre les affaires qu’elle avait faite avec Daech en Syrie, cette entreprise a contribué à la construction du Mur de l’Atlantique et veut maintenant participer à celle du mur de Trump.

Elle évoqua également la Guyane et le décalage entre Kourou dont s’enorgueillit la France et les conditions de vie des Guyanais, puis énuméra les grandes fortunes françaises dont les patrimoines se sont encore enrichis ces dernières années. Dans le style habituelle qui la caractérise (dure, sévère, austère), sa prestation a été bonne, jamais vraiment flamboyante, mais assénant sèchement plusieurs vérités bien senties.

 

François Asselineau en 2014François Asselineau n’a qu’un seul point à son programme et il l’a bien fait comprendre : quitter l’Europe (Frexit) et quitter l’OTAN. La quasi-totalité de ses interventions ont consisté à marteler ce credo, les exceptions portant sur les relations des précédents gouvernements avec le Qatar et l’Arabie saoudite, les emprunts des autres candidats auprès de banques pour financer leur campagne, et une énumération de toutes les entreprises qu’il compte nationaliser si cela est nécessaire.

Affirmant que les dirigeants français n’ont plus le contrôle des manettes, il a invité à ne pas se tromper d’élections, déclarant que la présidentielle n’était les législatives et que, comme le disait Charles De Gaulle, « la présidentielle, c’est la question de l’indépendance ». Par rapport aux autres candidats en faveur d’une sortie de l’Europe, il s’est présenté comme le seul à avoir une méthode réaliste et efficace, et a déclaré que tous ceux qui prônent une renégociation des traités se fourvoient car ils cadenassent la France et rien ne pourra les faire modifier sans un impossible accord unanime des autres pays.

Pour soutenir ses propos, Asselineau s’est plus souvent qu’à son tour référer à tel ou tel article de tel ou tel traité, allant jusqu’à brandir les documents invoqués et invitant les Français à les consulter. Dans un autre registre, il s’est également montré amateur de proverbes chinois, qu’il cita deux fois. Sa conclusion fut d’un autre ordre : « N’ayez pas peur », affirma-t-il, c.-à-d. n’ayez pas peur de franchir le pas et de voter pour le départ immédiat de l’Europe.

 

Jacques Cheminade en 2012Comme Asselineau, Jacques Cheminade a insisté à l’envi sur le point-clef de son message : la lutte contre les marchés financiers (Wall Street, la City …) qui contrôlent l’Europe et le monde. Se la jouant visionnaire, il indiqua avoir dit il y a douze ans qu’une catastrophe financière allait arriver, qu’il avait eu raison, et qu’il prédit maintenant que c’est un tsunami qui va arriver.

Concernant son programme, il a indiqué vouloir un RSA automatique pour tous les jeunes de moins de 25 ans. Il veut aussi investir €100 Mds / an pendant cinq ans, notamment de le numérique, et appelé à faire une autre politique recentrée sur les BRICS, l’Afrique et l’espace. Concernant le terrorisme, il déclare qu’il faut être coordonné avec Trump et Poutine, quitte peut-être à se boucher le nez, mais aussi qu’il est indispensable d’avoir une meilleure politique d’aide au développement.

N’attaquant quasiment jamais les autres candidats, il fit une exception notable lors d’une tirade sur la Françafrique en déclarant que beaucoup avaient profité de la Françafrique et que le père de Marine Le Pen y avait eu sa part.

Dans sa conclusion, il déclara vouloir retrouver les jours heureux de la Libération, mais pas avec les institutions actuelles, et qu’il fallait faire sauter le verrou financier, faire sauter les dettes illégitimes et odieuses, et retrouver la fraternité.

 

Nicolas Dupont-Aignan en 2011Avait-il mangé un lion juste avant l’ouverture du débat ? Nicolas Dupont-Aignan a en tout cas démarré l’émission pied au plancher en se montrant d’emblée incisif et prêt à ferrailler, notamment avec … Emmanuel Macron, qu’il a amplement ciblé (cf. Dupont-Aignan et Le Pen : les plus offensifs). Par la suite toutefois, il est rentré dans le rang et s’est fait plus calme jusqu’en fin d’émission, lorsqu’il a recommencé à titiller Macron.

Concernant son programme, il a réitéré sa volonté de sortir de l’Europe et pris part à chaque conversation portant sur ce sujet. Il a également livré une tirade sur l’éthique en politique et plusieurs fois visé Fillon (sa seconde cible favorite) en critiquant son bilan et en parlant de ceux qui vont chercher leurs ordres chez Angela Merkel (la remarque visait aussi Hamon et Macron, mais le candidat LR fut le seul à y réagir, une réaction qui tint en un mot : « Minable » – cf. le résumé de ses prises à partie).

Dupont-Aignan a-t-il marqué des points ce soir ? Au moins a-t-il été combatif et certainement a-t-il gagné encore un peu plus en notoriété. Sa conclusion : appeler à voter conte le vote utile, qui depuis tant d’années « a été inutile, pour vous, les Français ».

 

Compte Twitter de François Fillon - Février 2017Comme évoqué supra, François Fillon  a vécu une soirée plus agitée qu’il ne l’aurait souhaité. Si lui a voulu se faire discret, exploiter la parole quand elle lui était donnée (il semblait d’ailleurs sciemment accumuler du retard au temps de parole pour pouvoir le rattraper avec des tirades de deux à trois minutes sur des sujets porteurs là où les autres disposaient d’une minute trente) et ne pas partir à l’offensive pour ne pas faire se faire contrer, les autres candidats (surtout les « petits ») ne l’ont pas entendu de cette oreille et, contrairement au premier débat, les prises à parties sur ses affaires et son bilan de Premier ministre ont fusé (cf. Fillon : de loin, le plus attaqué de tous les candidats ainsi que le résumé de ses prises à partie).

Face à cette situation, son positionnement et ses autres sorties ont évidemment été reléguées au second plan, d’autant plus qu’ils ne comportaient pas de nouveautés, le candidat LR affichant sa cohérence en continuant de garder son attitude de père-la-rigueur soucieux de couper les dépenses et réduire la dette pour éviter que le pays n’aille à la faillite.

Dans sa conclusion, il a réitéré la nécessité d’une alternance politique et affirmé qu’il était le seul à en offrir une qui soit pourvue d’une vraie majorité.

 

Benoit Hamon en 2012S’il a à nouveau été sérieux et déterminé, Benoît Hamon n’en a pas moins à nouveau été peu audible et, qui plus est, pratiquement ignoré par ses adversaires.

Concernant ses deux rivaux principaux, Macron et Mélenchon, le socialiste ne les a quasiment pas ciblés. Ce constat a été particulièrement vrai pour le candidat d’En Marche !, qu’il avait pris à partie lors du premier débat. Une conséquence des critiques qu’il a reçue de la part de caciques du PS qui l’avaient trouvé trop dur la fois passée ? En tout cas, presque rien sur Macron, ni sur Mélenchon, exception faite d’un questionnement (important) sur son plan B pour l’Europe.

La cible favorite d’Hamon aura en fait surtout été François Fillon, et encore, de manière limitée. Lui-même en revanche n’a quasiment pas été directement sollicité (cf. le résumé de ses prises à partie).

Pour le reste, il a déroulé son programme et conclu en appelant à voter « pour » (comme la fois précédente), puis en se livrant à une interminable liste des régions françaises pour appeler chacun de ses habitants à le soutenir.

 

Jean Lassalle en 2010Qui avait parié sur Jacques Cheminade pour être l’excentrique de la soirée en a été pour ses frais. Ce titre est en effet revenu haut la main à Jean Lassalle, dont la bonhomie, l’accent béarnais pas toujours parfaitement compréhensible et les tirades en forme d’élucubrations ont fait (un peu) sensation.

Concernant son programme, Jean Lassalle a mis l’accent sur la nécessité de « retrouver le contrôle » et un « espace financier que la France n’a plus », en appelant notamment à l’Europe des nations voulue par Charles De Gaulle. Commençant systématiquement ses interventions par « Mes chers compatriotes » (au moins pendant toute la première moitié de l’émission), il a parlé des gisements invisibles d’opportunités qui se trouvent dans les campagnes et les banlieues, et affirmé que, lui, il n’aura pas de difficultés à être exemplaire, vu qu’il l’a toujours été.

Questionné sur la Syrie (il s’est rendu à Damas), il a annoncé qu’il retirerait les troupes françaises du Moyen-Orient et enchaîné avec une remarque sur les balles qui « ont tué les soldats salués aux Invalides » (une référence aux ventes d’armes de la France à des pays du Golfe ?).

Au cours de sa conclusion, il appela à engager un effort de guerre pour sauver la paix, sinon il y aura « de nouvelles rivières de sang ».

 

Marine Le PenAu cours de ce débat, Marine Le Pen s’est montrée pugnace vis-à-vis de Fillon (surtout) et Macron (moins, cf. Dupont-Aignan et Le Pen : les plus offensifs), mais aussi souvent sur la défensive (cf. le résumé de ses prises à partie) en étant notamment ciblée par les candidats les plus à gauche de l’échiquier (Poutou, Arthaud, Mélenchon).

Comme les autres principaux candidats, elle a sans surprise répété les axes-clefs de son programme, notamment concernant l’Europe, la sécurité et le patriotisme. Lors de sa conclusion, elle déclara vouloir rappeler aux Français qu’ils ont une nation, une patrie, que la religion et l’origine n’ont aucune importance, mais que leur civilisation est aujourd’hui en danger.

Dans l’ensemble, sa prestation a été dans la lignée de la précédente, haute en couleurs quand elle peut monopoliser la parole, mais en retrait lorsqu’elle se fait contrer sur des points plus techniques, comme ce fut encore le cas ce soir lorsque Mélenchon la reprit concernant les travailleurs détachés.

 

Emmanuel Macron 2016De manière étonnante, Emmanuel Macron n’a pas eu subir beaucoup d’attaques de la part de François Fillon ou Marine Le Pen, mais surtout de … Nicolas Dupont-Aignan, lequel l’a harcelé lors de la première heure d’émission, rentrant ensuite dans le rang avant de tirer une dernière salve en fin de partie (cf. le résumé de ses prises à partie).

Cette situation un peu étrange exceptée, le candidat d’En Marche a passé un débat relativement tranquille, quitte parfois à disparaître des radars et frôler l’anonymat. Problématique ? Oui et non : d’un côté Macron n’a pas été déstabilisé ni n’a pris de coups marquants, de l’autre sa réputation de charisme en est égratignée, au risque de renforcer l’aspect flou et creux que lui reprochent ses contempteurs.

Signe de ce manquement : une conclusion peu enlevée par rapport à celles de ces rivaux, où il parla notamment de « tourner la page des vingt dernières années » et de « rassembler les progressistes », des propos que, selon les avis, l’on pourra trouver sages et responsables, ou au contraire tiédasses et sans consistance.

 

Jean-Luc MélenchonDans la continuité du débat précédent, Jean-Luc Mélenchon est une fois encore apparu le plus à l’aise de la soirée, bien qu’il soit finalement assez peu intervenu et se soit montré sélectif dans ses prises à partie. Le candidat de la France insoumise continue en fait de donner de lui une image plus apaisée et moins agressive que par le passé, sans toutefois renier sa verve et son art du verbe.

Et ça marche : d’après un sondage Elabe réalisé en cours d’émission (avec toutes les réserves d’usage que cela comporte), il est le candidat qui, au cours du débat, a le plus convaincu les Français (25%), devant Macron (21%), Fillon (15%), Le Pen (11% seulement) et Hamon (9%). Bref, Jean-Luc Mélenchon entretient la bonne dynamique qui lui permet de distancer le candidat socialiste et se rapprocher du candidat LR dans les sondages pour le premier tour. Espère-t-il mieux ? En tout cas, dans son propos d’ouverture, il a déclaré « être prêt à gouverner », puis dans sa conclusion, a affirmé vouloir aider les Français à « retrouver le goût du bonheur ».

 

La prestation Philippe Poutou en 2011de Philippe Poutou ayant déjà été évoquée supra, contentons-nous d’y ajouter quelques précisions sur son style, celui d’un candidat qui a fait jaser les commentateurs pour ne pas être venu en costume. Dans le même genre se répandra très vite sur les réseaux sociaux son refus de poser avec les autres participants sur la photo qui devait les immortaliser tous ensemble. Enfin, il sera plus tard révélé que le candidat NPA a également refuser de serrer la main d’Emmanuel Macron. Concernant ses prises à partie pendant le débat, cf. ici.

Rayon style encore, craignant visiblement de ne pas avoir le temps de dire tout ce qu’il avait dire, Poutou parla très vite lors de ses premières tirades. Par la suite, il se calmera et ralentira le débit, probablement à l’instigation de ses camarades assis derrière lui, vers lesquels il se retourna régulièrement pour leur parler.

Concernant sa vision de la société, il critiqua la baisse des charges voulues par Fillon, Macron, Le Pen et rappela que ce sont en fait des cotisations qui alimentent la sécurité sociale et tout ce qui peut être collectif. Il critiqua également l’austérité organisée à l’échelle du continent et répondit aux journalistes que police armée et terrorisme n’avait rien à voir, et qu’armer la police servait uniquement à renforcer la répression généralisée des travailleurs et des citoyens. Dans sa conclusion, il déclarera ne pas s’adresser qu’aux Français mais à l’ensemble de la population, y compris les étrangers et tous les exploités.

 

 

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