Drapeau de l'IowaContexte : la campagne entre dans le vif du sujet, avec un caucus de l’Iowa très indécis. Côté républicain, les derniers sondages montrent un resserrement de dernière minute entre Trump (qui reste en tête) et Cruz qui se tassent tous les deux, ainsi qu’une accélération de Rubio, à bonne distance des favoris mais nettement détaché du reste de la meute. En coulisses, l’incertitude demeure au sein du GOP pour savoir qui de Trump ou Cruz serait le moindre mal. L’ex-sénateur et ex-candidat républicain à la présidentielle de 1996 Bob Dole (92 ans) a en tout cas pris parti : officiellement soutien de Bush, il prendra fait et cause pour Trump en cas de duel avec Cruz, celui-ci étant « un extrémiste qui ne s’entend avec personne au Sénat ». Autre ralliement pour Trump : Sarah Palin.

Côté démocrate, Clinton semblait avoir repris la main mais, ici aussi, les dernières enquêtes d’opinions parlent d’un jeu très, très serré. Sur le terrain, la candidate voit inexorablement revenir l’affaire de ses emails, le département d’État ayant annoncé que plusieurs milliers de ses courriers devaient recevoir la classification « Top Secret ». A noter également la rumeur apparue voici une semaine d’une possible candidature en tant qu’indépendant de Michael Bloomberg si Sanders venait à remporter l’investiture.

Pour rappel : un caucus fonctionne de manière très particulière (voir : Primaires – Mode d’emploi) et la participation cette année est rendue aléatoire par l’annonce de tempêtes de neige, ce qui pourrait défavoriser Trump et Sanders, dont nombre de sympathisants sont des first-time goers (électeurs participant pour la première fois à un scrutin) peu habitués à ce genre d’élections.

 

Résultats

La soirée a été à suspense côté démocrate, où Clinton et Sanders ont fini côte-à-côte (701 équivalents délégués d’État pour la première, soit 49,8%, vs. 697 pour le second, soit 49,6%). Dans plusieurs circonscriptions les deux rivaux ont même fini ex-æquo et ont dû être départagés à … pile ou face (des rumeurs contradictoires parlent de six cas, où Clinton aurait chaque fois eu la chance avec elle). A l’arrivée, la candidate repart avec 23 délégués, son rival 21. Quant à savoir qui est le vainqueur moral … Clinton n’a pas frappé un grand coup mais elle n’a pas perdu, ce qui était pour elle essentiel. Sanders n’a pas gagné alors que cela lui était presque impératif, mais il a converti la dynamique qui lui était prêtée en votes réels et prouvé qu’il est à même de rivaliser avec la favorite. A l’arrivée, Clinton garde la faveur des pronostics. Si le New Hampshire lui échappe comme les sondages l’augurent, le prochain vrai test sera de savoir quelle résistance Sanders sera capable d’offrir en Caroline du Sud et au Nevada, deux États a priori acquis à Clinton. Quant au troisième larron, Martin O’Malley, avec seulement 0,6%, il a jeté l’éponge et mis sa campagne en suspens.

 

Portrait officiel de Ted Cruz en tant que sénateur (2013)Côté républicain, où le caucus a drainé un nombre record de participants, Cruz a démenti les sondages et battu Trump (27,6% des votants vs. 24,3%) qui se prend un double soufflet, Rubio finissant à un cheveu de lui (23,1%). Le sénateur de Floride est un des grands bénéficiaires de la soirée, il a écrasé la concurrence « modérée » et mordu sur l’électorat Trump. Prochain objectif pour lui : gagner la Caroline du Sud ou le Nevada. L’autre grand vainqueur est évidemment Cruz qui a gagné son premier duel avec le milliardaire. Parmi les raisons avancées de ce succès figurent la forte connotation évangéliste de l’électorat de l’Iowa, mais aussi une machine électorale efficace et performante, au contraire de celle de Trump, pointée comme pas assez organisée. Autre argument au détriment du magnat de l’immobilier : son absence lors du dernier débat, qui aurait offert plus de place à ses adversaires pour s’exprimer. Malgré une posture beau joueur, le revers est cuisant pour l’homme qui s’affiche comme celui qui va faire gagner l’Amérique. Autres perdants : Carson (9%) et Bush, qui a récolté … 2,8% et finit derrière Rand Paul (4,5%). Ce dernier a décidé de suspendre sa campagne, tout comme Mike Huckabee, lequel, comme les autres candidats restant, a fini sous les 2%. A noter que Kasich n’a pas fait campagne en Iowa pour se concentrer sur le New Hampshire.

 

 

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