Photo officiel de Marco Rubio en tant que sénateur (2011)1. Introduction (15 septembre 2015)

2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)

3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)

4. Ses prestations lors des débats

 

 

1. Introduction (15 septembre 2015)

 

Né à Miami (Floride) en 1971 (44 ans en 2015), Marco Rubio est sénateur de Floride depuis 2011. Il a gagné son siège avec le soutien du Tea Party, mais ses liens avec le mouvement se sont depuis distendus, notamment en raison de la question de l’immigration. Comme Ted Cruz, sa famille est d’origine cubaine, et, comme Cruz, ils est un des trois « Latinos » du Sénat.

Doté de sondages supérieurs à 10% à la mi-juin 2015, Rubio rentre nettement dans le rang au cours de l’été, perdu dans la masse avec quantité d’autres candidats aux alentours de 5%. Il rebondit toutefois nettement grâce au deuxième débat télévisé (16 septembre) et entre alors véritablement dans la campagne.

 

2. Son avant-primaires (du 1er août 2015 au 31 janvier 2016)

 

S’il reste en retrait de Donald Trump et Ben Carson (puis Ted Cruz) qui ont pris les devants, Marco Rubio domine en revanche le peloton des modérés, dont Jeb Bush, dont il fut autrefois le protégé et avec qui il est maintenant engagé dans une lutte féroce.

Les semaines passent et confirment la position d’un Marco Rubio qui se stabilise un peu en-dessous de 15%, sans toutefois progresser davantage. La question n’en est pas moins ouvertement posée : le sénateur de Floride peut-il être la surprise de ces élections ? La position qu’il occupe à la fin de l’année est en effet stratégique, avec un pied tant dans le camp des outsiders que dans celui de l’establishment. S’il a en effet été élu au Sénat en 2010 avec le soutien déterminant du Tea Party, Rubio est en effet plus consensuel et plus apte à composer qu’un Ted Cruz (qui est, lui, un Tea Party pur et dur), et contrairement au sénateur du Texas, il ne s’est pas aliéné une bonne partie du GOP. Fermement campé sur des fondamentaux conservateurs classiques (défense du droit au port d’armes, opposition au droit à l’avortement …), Rubio se positionne au centre-droit de l’échiquier républicain et espère être celui qui réalisera la synthèse des tendances contradictoires qui agitent la primaire. Sa fenêtre de tir est étroite mais favorisée par des atouts tels l’écart creusé avec Bush, la répulsion que Donald Trump et Ted Cruz inspirent chez les modérés, et ses origines hispanophones (cubaines, comme Cruz), lesquelles pourraient s’avérer prépondérantes face aux démocrates. Sa jeunesse (44 ans) ? Elle est à double tranchant. Côté pile, un physique avenant et un statut autoproclamé d’espoir pour les nouvelles générations. Côté face, des doutes sur son expérience et un air juvénile qui donne parfois l’impression de voir un étudiant entouré de professeurs, surtout lorsque ses rivaux commencent leurs réponses à ses propos par des mots tels que « Ce que Mario ne comprend pas … » ou « Mario a tort car … ». En comparaison, un tel sentiment n’est jamais ressenti pour Cruz, pourtant du même âge.

L’autre point faible de Rubio aux yeux de la base radicalisée du parti est l’immigration. Si Ted Cruz et Trump sont sur une ligne dure qui plaît à un grand nombre de votants potentiels, Rubio est confronté au feu des critiques pour les travaux qu’il a mené en 2013 au sein du Gang of Eight afin de moderniser le système d’immigration légale et – l’accuse ses rivaux – de mettre en place des mesures « d’amnistie » pour les illégaux. Amnistie … un mot tabou pour beaucoup de républicains, presque rédhibitoire pour qui cherche l’investiture du parti. Rubio tente de décoller l’étiquette, mais elle lui est régulièrement resservie, et, peut-être pire, ses tentatives pour s’en débarrasser lui donne une image de girouette suivant le vent plutôt que luttant âprement pour ses convictions.

Aux yeux de ses partisans, toutefois, ces éléments importent peu. Pour eux, aucun doute, sa voie est tracée, il sera « l’Obama républicain », une comparaison qui ne lui plaît sans doute qu’à moitié, vu sa détestation envers l’œuvre d’un président qu’il accuse d’avoir voulu « changer l’Amérique ».

 

3. Ses primaires (du 1er février au 31 juillet 2016)

 

Leur début est idéal pour le sénateur de Floride, troisième du caucus de l’Iowa (remporté par Ted Cruz) à un cheveu de Donald Trump et loin devant la masse des autres candidats (Ben Carson, Jeb Bush, Chris Christie …). Fort de ce résultat, il confirme son statut d’outsider modéré autour duquel le parti peut se rassembler contre les sulfureux Cruz et Trump.

L’état de grâce du sénateur de Floride va cependant être de courte durée. Au cours du débat précédant le scrutin du New Hampshire, alors qu’il livre une passe d’armes avec Christie qui lui reproche de réciter mécaniquement un discours que ses conseillers lui ont fait apprendre sur le bout des doigts, Rubio perd pied et répète la même tirade qu’il venait de prononcer. Christie jubile et ne se prive pas d’ironiser : « Here again : the memorized 25-second speech ». C’est un coup dur pour le sénateur de Floride, qui, quelques jours plus tard, ne décroche qu’une cinquième place dans la primaire du « Granite State », que Donald Trump remporte cette fois sans surprise et haut la main.

Les semaines qui suivent voient Trump prendre la main et accentuer sa percée. De son côté, Rubio enregistre déconvenue sur déconvenue et, au soir du Super Tuesday, il doit se rendre à l’évidence, il a échoué à rassembler les modérés. Le scénario d’une convention négociée reste toutefois possible et offrirait alors une session de rattrapage à Rubio, mais, pour même seulement envisager une telle issue, il doit impérativement remporter le scrutin du 15 mars dans son fief de Floride.

Problème : les perspectives ne sont pas bonnes pour lui, Trump étant donné nettement gagnant. Alors, Rubio change son fusil d’épaule : si jusque-là il a évité de prendre à partie le magnat de l’immobilier dans les débats, désormais, il n’hésite plus, il va le charger frontalement. La première attaque a lieu lors du débat précédant le premier Super Tuesday. Et c’est peu dire que la forme surprend, Rubio se livrant à un numéro étonnant de fou du roi espiègle rendu hilare par les propos du milliardaire auquel il réplique par des saillies acérées. Si le sénateur de Floride paraît s’amuser de ce petit jeu, celui-ci fait surtout puéril et, s’il agace Trump, il ne le déstabilise pas. La qualité des échanges en revanche s’en trouve altérée (d’autant que Cruz s’essaye aussi à chahuter le milliardaire) et la soirée vire à la cacophonie et aux invectives. Le fond est atteint lors du débat suivant (3 mars) : alors que Rubio vient d’expliquer pourquoi il se livre depuis quelques semaines à des attaques personnelles à l’encontre du milliardaire, celui-ci revient sur une remarque que son rival a, lors d’un meeting, proféré au sujet de ses mains, des mains que le sénateur de Floride a qualifiées de « petites », sous-entendant que, dans ce cas, une autre partie de l’anatomie de Trump devait l’être aussi. Visiblement offusqué, le magnat tient à mettre les choses au clair et, à la consternation générale, assure qu’il n’a pas de problème de ce côté-là.

Conséquences de ces prises de bec ? Pour Rubio, aucune, ou alors négatives, le sénateur de Floride voyant ses résultats plonger, seuls les scrutins (petits en nombre de délégués) de Puerto Rico et Washington D.C. lui permettant de sauver la face. Dépité, il reprend une attitude posée, et le débat tenu à Miami trois jours avant le deuxième Super Tuesday se déroule sans éclat notable.

Au jour J, le résultat est sans appel : Trump gagne la Floride avec 45,7% tandis que Rubio ne récolte qu’un maigre 27% et déclare « suspendre sa campagne ». L’histoire aurait-elle été différente si Ted Cruz (17%) et John Kasich (7%) s’étaient retirés de cet Etat, comme certaines voix républicaines en ont émis l’idée ? C’est là une des faiblesses des « Tout-sauf-Trump » : aucun de ses adversaires encore en lice n’est prêt à s’effacer au profit d’un autre, ni même simplement à lui donner un coup de pouce ponctuel, chacun jouant à fond sa carte personnelle, espérant être celui que les circonstances mèneront à l’investiture. Il faut dire aussi que les intéressés ne se sont guère épargnés depuis le début des primaires, Cruz et Rubio en particulier. Grande est l’animosité entre ces deux sénateurs aux profils proches, visant la même place de principal outsider, et que de nombreuses algarades ont opposé tout au long des débats.

En tout cas, pour « Little Marco » comme le qualifie péjorativement Donald Trump, c’est la fin de la partie. Il se fera encore remarquer à deux reprises au cours des primaires, d’abord en annonçant fin juin que, contrairement à ses déclarations passées, il va bel et bien chercher à se faire réélire au Sénat, ensuite lors de la convention de Cleveland lorsqu’il prononce un discours officialisant du bout des lèvres son soutien à Donald Trump pour la présidentielle.

Mise à jour du 12 novembre – Après une période de doute, les sondages de Marco Rubio pour sa réélection en Floride au poste de sénateur se sont nettement améliorés, et le candidat républicain a obtenu une victoire qui ne souffre d’aucune discussion.

 

4. Le résumé de ses débats

 

1er débat (août 2015, Cleveland, Ohio) : comme quasi tous les autres candidats, Marco Rubio a dû se contenter d’un rôle de faire-valoir par rapport à Donald Trump, la seule et unique attraction de la soirée.

Interrogé sur son inexpérience, Rubio a affirmé ne pas être neuf en politique et que la présidentielle ne pouvait se résumer à un concours de CV, sinon Hillary Clinton gagnerait. « It should be about the future, not the past ». Il mit en avant ses origines modestes et déclara qu’il fallait sécuriser la frontière mais aussi que les migrants qui respectent les procédures ne devaient pas défavorisés. Il déclara vouloir apporter davantage de soutien aux PME et nia avoir défendu des mesures d’exception en matière d’avortement si viol ou inceste (« all human life at every stage of its development is worthy of protection »).

Le résumé complet du 1er débat républicain

 

2e débat (septembre, Bibliothèque Ronald Reagan, Californie) : si la gagnante de la soirée est sans conteste Carly Fiorina qui est sortie du lot grâce à ses qualités oratoires, ses réponses argumentées et sa façon de gérer les escarmouches qui l’ont opposées à Donald Trump, Rubio est lui aussi à ranger au rang de ceux qui ont marqué des points, malgré le bide d’une tentative de bon mot sur la sécheresse en Californie lors de son entrée en matière.

Affirmant ses convictions conservatrices en matière de port d’armes, d’environnement et d’interventionnisme militaires, il joua également la carte hispanophone (cf. l’anecdote sur son grand-père venu en réfugié de Cuba et ne parlant pas anglais) et rappela qu’il est un produit du rêve américain, avant de s’en prendre de manière indirecte à Trump (et à Ben Carson) en déclarant que le nouveau président devrait être informé à fond dès son entrée en fonction des aspects les plus pointus de la politique étrangère, soulignant ainsi implicitement la méconnaissance avérée de Trump sur nombre de ces aspects. A cela Trump répondit mollement « Je suis un businessman » et « J’en saurai plus le moment venu ». En retour, Trump l’attaqua sur ses nombreuses absences au Sénat, des absences que Rubio revendiqua, déclarant à ce sujet s’être rendu compte de l’inanité d’y participer tant cette institution est déconnectée de la réalité, ajoutant ensuite qu’il n’avait pas l’intention de se présenter pour un nouveau mandat et que l’important était surtout d’avoir un bon président.

Ses autres interventions portèrent sur le besoin impérieux de moderniser le système d’immigration légale, la question du droit au port d’armes (« les criminels trouveront toujours des armes ; le problème, c’est la perte de valeurs ») et le changement climatique, jugeant à ce propos que les réponses fédérales sont inadaptées et vont tuer l’emploi.

Le résumé complet du 2e débat républicain

 

3e débat (octobre, Boulder, Colorado) : alors que Ben Carson talonne désormais Donald Trump dans les sondages et que les autres prétendants à l’investiture pointent sous les 10% d’intentions de vote, le débat est marqué par la fronde commune des candidats envers les journalistes de CNBC qui animaient le débat. Rubio ne manqua de participer à la curée, déclarant notamment que les médias mainstream étaient un Super PAC au service des démocrates.

Concernant le reste de la soirée, Rubio s’est bien sorti de plusieurs situations délicates, notamment lorsqu’il fut mis sur le gril quant à sa faible présence au Sénat, se posant alors en victime de personnes tenant un double discours, les démocrates d’abord qui n’ont adressé aucun reproche semblable à Kerry et Obama lorsqu’ils étaient dans pareille situation, puis Jeb Bush, à qui il répliqua qu’il n’avait eu aucun problème avec John McCain en 2008 alors qu’il était dans le même cas.

Autre moment difficile : lorsque la journaliste Becky Quick évoqua les problèmes qu’il rencontrait dans la gestion de son patrimoine privé et lui demanda s’il avait la maturité et la sagesse suffisante pour gérer un pays de 17 trillions de dollars (Rubio répondit qu’il n’avait hérité d’aucune fortune et qu’il avait trimé dur pour s’en sortir, la journaliste rétorquant que ses déboires étaient postérieurs à la constitution de son patrimoine).

Ensuite, interrogé sur les critiques affirmant que son plan pour accroître le nombre de permis de travail alloués aux migrants entrainera une diminution des salaires et une hausse des pertes d’emplois pour les travailleurs américains qualifiés, Rubio (que Trump a qualifié de « sénateur de Marc Zuckerberg ») a rétorqué que son programme serait encadré pour éviter de tels abus et que les sociétés qui le dévoieraient seraient sanctionnées. Il ajouta également que le plus important pour les citoyens américains est de leur offrir les formations adéquates qui leur permettront d’exercer les métiers du XXIe siècle.

Le résumé complet du 3e débat républicain

 

4e débat (novembre, Milwaukee, Wisconsin) : si la soirée a été relativement calme et sans éclat notable, elle n’en a pas moins été bonne pour Marco Rubio qui continue à tracer son sillon tandis que son rival n°1, Jeb Bush, sans être aussi terne que lors du débat précédent, ne s’est pas transcendé.

Rubio a continué de mettre en avant son côté « nouvelle génération » prête à répondre aux défis du XXIe siècle alors que Hillary Clinton et les démocrates représentent les vieilles recettes du passé. Il insista à nouveau sur le besoin d’améliorer le système éducatif et de former les gens aux emplois du futur, mais n’a pas détaillé comment.

Une passe d’armes l’opposa à Rand Paul lorsque celui-ci critiqua son projet fiscal en faveur des parents d’élèves, le sénateur du Kentucky déclarant qu’une approche augmentant les dépenses n’était pas compatible avec une bonne attitude conservatrice. Rubio contre-attaqua en stigmatisant l’isolationnisme de Paul et sa volonté de réduire les moyens militaires. Paul rétorqua que le pays n’était pas à l’abri d’une banqueroute.

En matière de politique étrangère, Rubio se fit remarquer en déclarant que « Poutine est un gangster, il ne comprend que la force » et que « Obama l’a laissé agir, se permettant dans le même temps de ne pas traiter avec respect la seule démocratie qui existe au Moyen Orient [Israël]. »

Le résumé complet du 4e débat républicain

 

5e débat (décembre, Las Vegas, Nevada) : le mois écoulé a été marqué par les attentats de Paris et de San Bernardino, ainsi que par le décollage de Ted Cruz dans les sondages et l’effondrement de Ben Carson, tandis que Donald Trump demeure fermement en tête.

Pour Rubio, le principal défi du débat était de marquer des points face à Cruz, lequel est devenu son rival principal pour la lutte à la deuxième place. Au terme de la soirée, le bilan apparaît mitigé. Le sénateur du Texas a été meilleur au corps-à-corps que celui de Floride, lequel a en plus eu Rand Paul sur le dos. Son discours un peu creux et ses faux airs juvéniles semblent atteindre leurs limites, et son manque d’expérience et de substance commence à ressortir de façon plus apparente.

Le récapitulatif des passes d’armes ayant opposé Cruz, Rubio et Paul (sur la sécurité nationale, sur l’immigration illégale et sur Daech) est disponible dans le résumé complet du 5e débat républicain.

 

6e débat (janvier, North Charleston, Caroline du Sud) : les premières échéances approchant, les débats gagnent en intensité et prises à partie. Cette fois, Donald Trump et Ted Cruz ne se sont pas esquivés et ont échangé des passes d’armes, d’abord sur l’éligibilité de Cruz, puis sur les « valeurs new-yorkaises » que le sénateur texan reproche au magnat de l’immobilier. Cruz ferrailla également à deux reprises avec Rubio (sur le projet fiscal de Cruz, puis sur les anciens projets de loi de Rubio en matière d’immigration). Le sénateur de Floride tenta aussi d’affaiblir Chris Christie sur la question des armes à feu, mais celui-ci géra bien l’attaque.

Le récapitulatif des ces prises à partie est disponible dans le résumé du 6e débat républicain

 

7e débat (janvier, Des Moines, Iowa) : dans un débat marqué par l’absence de Donald Trump, Rubio a été mis à plusieurs reprises sur le grill, notamment sur la partie « immigration », en particulier lorsque les journalistes ont parlé de ses positions fluctuantes sur le sujet (ainsi que celles de Ted Cruz) et confronté le candidat à des extraits vidéo d’anciennes déclarations sur le sujet. Ainsi avait-il déclaré en 2010 vouloir s’opposer à la légalisation et l’obtention de la citoyenneté des clandestins, avant, une fois élu, de proposer de telles mesures. Il contesta cette interprétation, expliquant que le projet de loi concerné à l’époque était trop peu contraignant, puis bifurqua sur ses propositions actuelles pour sécuriser la frontière (notamment embaucher 20 000 agents) et résoudre l’impérieux problème du contrôle de l’immigration illégale. Interrogé sur ce sujet, Jeb Bush confirma avoir soutenu Rubio dans sa démarche avec le Gang of Eight mais regretta qu’il n’ait pas été au bout de ses idées et se soit arrêté au milieu du chemin. Quant à Rand Paul, il regretta la permissivité en matière de contrôle des frontières suite aux lois défendues par le Gang of Eight.

Le résumé complet du 7e débat républicain

 

8e débat (février, Goffstown, New Hampshire) : après la primaire de l’Iowa (gagnée par Ted Cruz) où il a décroché une belle troisième place à un cheveu de Donald Trump et loin devant les autres candidats, le retour sur terre a été brutale pour Marco Rubio. En cause : une passe d’armes mouvementée avec Chris Christie, lequel l’a encore attaqué sur son inexpérience avant de lui reprocher de s’attribuer des mérites indus (« When you talk about the Hezbollah Sanctions Act as one of your accomplishments, you weren’t even there to vote for it. Thats’s not leadership, that’s truancy »). Rubio répliqua en parlant de mauvaises performances du New Jersey puis en relançant sa tirade classique sur Obama qui veut changer le pays, tirade qu’il venait de servir en réponse à la question de la journaliste lançant la discussion avec Christie. Celui-ci dégaina alors son meilleur coup de la soirée (de la campagne ?) en déclarant que l’attitude de Rubio était exactement la manière d’agir des gens de Washington : d’abord tirer à vue avec des informations incorrectes (sur sa gestion du New Jersey), puis réciter un speech de 25 secondes que des conseillers ont fait apprendre sur le bout de doigts. Rubio contre-attaqua alors en … ressortant la même tirade anti-Obama ! Christie eut beau jeu de lâcher « here again, the memorized 25-second speech » puis d’en rajouter une couche sur Rubio qui n’a jamais été responsable de rien. L’attaque de Chris Christie n’a pas seulement fait mouche sur le coup, elle est aussi revenue à l’esprit chaque fois que, plus tard, Rubio se lançait à nouveau dans un couplet anti-Obama. Ce « memorized 25-second speech » pourrait bien lui coller à la peau.

Le résumé complet du 8e débat républicain

 

9e débat (février, Greenville, Caroline du Sud) : ça a castagné sec, avec pas moins de sept prises à partie entre les candidats. Parmi celles-ci, une opposa Rubio à Ted Cruz, à nouveau sur l’immigration. Cruz commença par rappeler qu’il s’était opposé au plan d’amnistie Rubio-Schumer et qu’il avait empêché son vote. Rubio contre-attaqua en accusant Cruz d’avoir dit tout et son contraire concernant l’amnistie et d’être un menteur. Cruz rétorqua alors que « Marco » veut la citoyenneté pour 12 millions d’illégaux et qu’il avait déclaré en espagnol sur Univision qu’il n’annulerait pas l’amnistie imposée par Obama s’il était élu, ce à quoi Rubio réagit en déclarant que … Cruz ne parlait pas espagnol, s’attirant aussitôt les foudres de son rival qui lui lâcha quelques mots dans ce langage ! Rubio en remit une couche en parlant des mensonges racontés par Cruz depuis plusieurs semaines (sur Ben Carson en Iowa, sur le Planned Parenthood …)

Concernant les affrontement BushTrump, Rubio vint au secours du premier en déclarant qu’il était heureux d’avoir eu George W. Bush à la Maison Blanche lors du 11 septembre plutôt qu’Al Gore et que, de toute façon, l’Iraq violait les résolutions de l’ONU. Trump revint à la charge : « How can you say he kept us safe ? The WTC went down and I lost friends ».

Le résumé complet du 9e débat républicain

 

10e débat (février, Houston, Texas) : dernière possibilité pour Ted Cruz et Rubio de déstabiliser Donald Trump et le conduire à la faute avant le Super Tuesday. La bagarre est montée d’un cran, voire de plusieurs, et d’emblée, quitte à tourner à la cacophonie. Mis sous pression comme jamais au cours d’un débat, le milliardaire a parfois eu l’air agacé et irrité mais est resté maitre de ses nerfs et a répliqué sans déraper ni connaître de mauvaises passes. Bref, pas de défaillance de sa part, ni de brèche véritable dans laquelle ses adversaires auraient pu s’engouffrer.

Quant à Rubio, il s’en est donc pour la première fois pris frontalement à Trump, avec un numéro étonnant de fou du roi espiègle que rendait hilare les propos du milliardaire, auquel il n’a pas hésité à rétorquer quelques saillies acérées. Rubio a paru s’amuser à ce petit jeu, mais celui-ci faisait par moments puéril et, surtout, n’a pas déstabilisé Trump.

Les passes d’armes entre les deux hommes furent nombreuses et portèrent notamment sur le recours de Trump à des immigrés clandestins dans ses affaires immobilières ainsi que sur sa volonté d’élever un mur financé par le Mexique, l’Obamacare et la Syrie. En réaction aux offensives menées par le sénateur de Floride, Trump n’hésita pas à jouer l’arrogance et déclarer que Rubio n’avait jamais embauché qui que soit, qu’il avait eu des problèmes à gérer une carte de crédit, qu’il était un menteur et un « choke artist » (quelqu’un qui perd ses moyens quand mis sous pression). Bref, des échanges qui volèrent rarement haut.

Le récapitulatif complet de ces prises à partie est disponible dans le résumé complet du 10e débat.

 

11e débat (mars, Detroit, Michigan) : après un Super TuesdayDonald Trump a creusé l’écart sans toutefois marqué un coup décisif (notamment du fait de la victoire de Ted Cruz au Texas et dans deux autres États), le débat reprend la même configuration que le précédent, avec un Trump harcelé par Cruz, Rubio et les journalistes, tandis que John Kasich fait bande à part en refusant toute attaque ad hominem et se pose en « adulte » qui refuse les insultes et est doté de l’expérience nécessaire pour mener le pays.

Le début des échanges est surréaliste et vole bas. Alors que Rubio venait d’expliquer pourquoi il se livrait depuis quelques semaines à des attaques personnelles à son encontre (« So if there is anyone who has ever deserved to be attacked that way, it has been Donald Trump, for the way he has treated people in the campaign »), le milliardaire revient sur une remarque proférée par le sénateur de Floride lors d’un meeting à propos de ses mains, des mains que Rubio avait qualifiées de « petites », sous-entendant que, dans ce cas, une autre partie de l’anatomie de Trump devait l’être aussi. Visiblement offusqué, le magnat tient à mettre les choses au clair : « And he referred to my hands, if they are small, something else must be small. I guarantee you there is no problem. I guarantee. » Les débats suivants pourront-ils tomber plus bas ?

Rubio a aussi attaqué Trump sur ses méthodes de businessman en contradiction avec ses postures (p. ex. la fabrication de vêtements en Chine et au Mexique). Trump s’est défendu en parlant du dumping mené par ces pays qui l’oblige à agir de la sorte, puis déclara que « Little Marco » ne connaissait rien à l’économie. Idem concernant le recours occasionnel à des travailleurs étrangers en Floride : les locaux ne veulent pas d’emplois saisonniers (dixit Trump).

Ted Cruz et Rubio ont aussi à plusieurs reprises insisté pour que Trump autorise le New York Times à publier un entretien off dans lesquels le milliardaire aurait déclaré ne pas penser tout ce qu’il disait en matière d’immigration. Trump refuse, prétextant le respect du off.

Le résumé complet du 11e débat

 

12e débat (mars, Miami, Floride) : se déroulant à la veille du deuxième Super Tuesday des primaires, au cours duquel seront en jeu des États aussi importants que la Floride et l’Ohio, le douzième débat a été beaucoup plus calme et policé que les deux précédents. Rubio en particulier a cessé de s’en prendre frontalement à Donald Trump, ses tentatives passées n’ayant il est vrai guère été teintées de succès vu les faibles scores que le sénateur de Floride a enregistré ces derniers jours. Le sentiment d’accalmie était palpable chez tous les participants : Trump n’a manié ni l’insulte ni le dénigrement humiliant, et Ted Cruz (comme Rubio) a lancé des attaques franches mais pas agressives verbalement.

Sur la sécurité sociale : Rubio ne veut aucun changement qui nuirait à sa mère (laquelle en bénéficie comme trois millions de seniors en Floride) mais explique que les « jeunes » doivent s’attendre à un allongement de la durée de travail. Trump ne veut pas toucher à l’âge de la retraite mais est à nouveau confronté par les journalistes à l’irréalisme budgétaire de ses propositions. Rubio en remet une couche : « [His] numbers don’t add up. » Cruz est proche de la ligne Rubio (ne pas toucher aux seniors, adapter pour les « jeunes ») et évoque les 25 programmes fédéraux qu’il entend éliminer, dont les subsides pour l’éthanol, ce qui, d’après lui, prouve son courage politique.

Sur le « Islam hates us » prononcé la veille par Trump : Rubio déclare qu’un président ne peut dire n’importe quoi et doit penser aux conséquences de ses paroles. Quant à Cruz, il rejette l’idée de s’en prendre aux familles innocentes des terroristes, puis revient sur les propos de Trump lors du précédent débat concernant le conflit israélo-palestinien. En réponse, Trump se qualifie de « pro-Israël ». Quant à John Kasich, il se montre très pessimistes quant aux chances de pacifier la région.

Sur Cuba : Rubio récolte de vifs applaudissement en rejetant le rapprochement en cours avec ce pays où il n’y a « pas de progrès démocratique ». Cruz évoque aussi son opposition sur le sujet, puis accuse Trump d’avoir soutenu Hillary Clinton et John Kerry. Quant à Kasich, il se montre virulent sur la politique étrangère de Barack Obama.

Sur le changement climatique : Rubio : « Climate has always been changing ! » puis ajoute qu’aucune loi à Washington ne changera le climat et évoque des projets de lois dévastateurs pour l’économie.

Le résumé complet du 12e débat

 

 

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