Introduction (1er février)

 

Jean-Luc Mélenchon en 2009Après une campagne 2012 paradoxale, à la fois réussie et décevante, Jean-Luc Mélenchon (né à Tanger au Maroc en 1951, 66 ans en 2017) repart au combat, bien déterminé à jouer sa chance à fond, cette fois non pas sous l’étiquette Front de gauche (l’alliance entre le Parti communiste et le Parti de gauche fondé par Mélenchon), mais avec le mouvement France insoumise qu’il a créé en février 2016, écartant au passage toute idée de participation à une primaire élargie de la gauche, un choix qu’il justifiera plus tard en déclarant ne pas vouloir participer à une élection dont il ne « respecterait pas le résultat » si François Hollande la gagnait.

Si la pression pour le faire changer d’avis (avec notamment une accusation par anticipation d’être responsable d’une défaite de la gauche) n’a rien changé à sa décision, la victoire de Hamon à la primaire place cependant Mélenchon en position délicate, lui qui aurait préféré voir gagner Manuel Valls, dont la personnalité et l’orientation politique auraient pu être un repoussoir pour une partie de l’électorat socialiste qui aurait pu alors se reporter sur le leader de la France insoumise. Mais, avec le succès de Hamon, Mélenchon voit débarquer un adversaire chassant sur les mêmes terres que lui, avec le risque d’éparpillement des voix que cela comporte tant pour l’un que pour l’autre. Dès lors, un rassemblement de ces deux candidats est-il envisageable ? Si oui, autour de qui, et à quelles conditions ? Les prochaines semaines le diront. Parmi les obstacles à surmonter : d’abord la capacité de rupture que Hamon pourra avancer vis-à-vis des socialistes réformistes qui ont gouverné pendant le quinquennat de Hollande ; ensuite le programme, notamment la question du revenu universel ; enfin les égos, celui de Mélenchon ayant la réputation d’être particulièrement développé. Si l’union de la gauche devait ne pas se faire, la question deviendra alors de savoir qui phagocytera le plus l’autre, sachant toutefois que, dans une telle perspective, la probabilité pour l’un des deux d’atteindre le second tour resterait limitée.

Sur son passé : Mélenchon a été membre du PS de 1976 à 2008, période au cours de laquelle il a notamment été sénateur de l’Essonne et ministre délégué à l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002. En désaccord avec la conduite du parti, il le quitte en 2008 et fonde le Parti de gauche, lequel s’allie avec le Parti communiste pour former le Front de gauche. C’est sous ce label qu’il est élu député européen en 2009 et se présente à la présidentielle de 2012 (quatrième du premier tour avec 11% des suffrages). Battu au premier tour des législatives (notamment par Marine Le Pen), il est en revanche réélu député européen en 2014.

Jouissant d’une grande notoriété (avec 200 000 abonnés, sa chaîne YouTube est de loin la plus populaire de tous les politiques français), Mélenchon n’en est pas moins clivant et irrite autant (si pas plus) qu’il séduit. Ses relations conflictuelles avec les journalistes et les acteurs politiques ont contribué à sa visibilité, mais aussi à donner de lui l’image d’une personne irascible, imbue d’elle-même, et avec qui il est difficile de discuter. Anecdotiques aux yeux des Français qui n’en ont peut-être même pas eu connaissance, ses récentes bisbilles avec ses alliés communistes (il a reçu le soutien du PC pour 2017 grâce au vote des militants mais contre l’avis de la direction du parti) n’en illustrent pas moins sa difficulté à rassembler.

Sa campagne 2012

Son programme

 

Semaine du 23 au 29 janvier

 

Faits saillants de la campagne : le Penelopegate éclate. Le résumé complet de la semaine

 

Semaine du 30 janvier au 5 février

 

Faits saillants de la campagne : le Penelopegate s’envenime et Macron, Mélenchon et Le Pen tiennent meetings à Lyon. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : du côté de Jean-Luc Mélenchon, l’appel à la réunion des forces lancé par Hamon a d’abord été reçu avec fraîcheur, sans que cela soit une véritable surprise. Sa position s’arrondit toutefois au fil de la semaine, le leader de France insoumise se disant prêt à travailler avec Hamon à condition qu’il « fasse le ménage » et écarte franchement ceux qui ont activement contribué au quinquennat de François Hollande.

La semaine de Jean-Luc Mélenchon a aussi été marquée par son utilisation du terme « dégagisme » pour qualifier la défaite de Manuel Valls. « Valls valse : encore une victoire du dégagisme » a-t-il ainsi intitulé une tribune commentant le résultat de la primaire socialiste. Le néologisme était apparu en 2011 lors de la révolution de jasmin en Tunisie contre Ben Ali, et Jean-Luc Mélenchon le reprend pour qualifier les défaites politiques de ceux qui ont occupé le pouvoir en France ces dernières années.

Point d’orgue de la semaine du leader la France insoumise : les deux meetings tenus dimanche en simultané à Lyon et … Aubervilliers. Physiquement présent dans la ville des canuts, Mélenchon s’est dédoublé grâce à la technique de l’hologramme pour être également visible dans une salle à Paris. L’événement avait été annoncé depuis plusieurs semaines, avec force publicité. Les organisateurs ont évoqué un succès de foule, parlant de 12 000 personnes à Lyon et 6 000 à Aubervilliers. Concernant le contenu du discours, Mélenchon a focalisé ses attaques sur Emmanuel Macron et exposé sa vision des « nouvelles frontières de l’humanité » (sur l’éducation, sur la culture …).

 

Semaine du 6 au 12 février

 

Faits saillants de la campagne : Marine Le Pen dope l’audience de France 2 et Fillon essaye de contre-attaquer. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : les discussions entre le PS et Jean-Luc Mélenchon, elles semblent pour l’instant au point mort, le candidat de La France insoumise ayant déploré ne pas avoir été contacté par Benoît Hamon.

 

Semaine du 13 au 19 février

 

Faits saillants de la campagne : Macron déclenche un tollé en associant colonisation et crime contre l’humanité. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : du côté de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon, la perspective d’un improbable rassemblement semble de plus en plus vouée à rester lettre morte. Lassé d’attendre que le socialiste le contacte, le leader de La France insoumise lui a communique jeudi 16 les garanties qu’il exigeait en vue d’établir une alliance. Parmi elles : le refus de tout accord avec Macron, y compris aux législatives, et la rupture assumée avec le quinquennat Hollande, notamment via la promesse de l’abolition de la loi El Khomri. S’en est suivi un bref entretien téléphonique entre les deux intéressés, un entretien dont peu a filtré, mais dont il semble toutefois qu’il ait été peu productif, Hamon (en déplacement au Portugal pour comprendre les ressorts de la gauche plurielle qui gouverne le pays) déclarant qu’il ne courrait pas après Mélenchon, ce dernier affirmant pour sa part qu’il n’avait pas l’intention de « s’accrocher à un corbillard ».

Les négociations semblent en revanche progresser entre socialistes et écolos, d’une part parce que les militants d’EELV ont voté à 89,7% en faveur d’une recherche de convergences avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, et d’autre part parce que diverses indiscrétions confiées à la presse font état d’un accord imminent entre les Verts et le PS.

Côté PCF, la grogne des dirigeants contre Mélenchon refait surface, avec un appel intitulé « Sortons de l’immobilisme » signé par plusieurs élus et cadres du partis appelle à une candidature commune pour la présidentielle et, en sous-main, reproche à Mélenchon une stratégie du « tout ou rien ». En filigrane : l’inquiétude d’un parti qui, faute d’accord avec les socialistes, risque de perdre gros aux législatives.

Dimanche enfin, Mélenchon est en direct sur YouTube et Facebook pour détailler le son projet économique. Celui-ci prévoit de rapidement débloquer 102 milliards d’euros d’investissements pour relancer l’activité et répartis entre l’urgence sociale (45 milliards, dont un tiers pour le logement), l’urgence écologique (50 milliards) et 7 milliards pour les services publics. A cela s’ajouteront 173 milliards d’augmentation des dépenses publique répartis sur le reste du quinquennat afin d’augmenter les salaires, et une baisse de l’impôt des sociétés à 25%. Le financement de ces mesures se fera pour partie via emprunt et pour partie via les recettes supplémentaires que, selon Mélenchon, générera le regain d’activité engendré par les investissements.

 

Sondages au 22 février

 

Le Penelopegate se répercute violemment sur François Fillon : il perd six points par rapport au sondage de janvier du Cevipof. Grand bénéficiaire : Emmanuel Macron, qui passe devant le candidat LR pour la deuxième place. Quant à Mélenchon, il subit la montée de Hamon.

 

Semaine du 20 au 26 février

 

Faits saillants de la campagne : François Bayrou rejoint Emmanuel Macron, Yannick Jadot fait de même avec Benoît Hamon, François Fillon parle de quasi-guerre civile et une proche de Marine Le Pen est mise en examen dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : feu vert pour l’accord Hamon-Jadot, mais, en revanche, pas de fumée blanche avec Jean-Luc Mélenchon, Hamon déclarant dimanche soir sur TF1 que le leader de France insoumise lui a confirmé vendredi au cours d’un dîner qu’il entendait bien être candidat. Les divergences entre les deux hommes (sur l’Europe, ou sur le travail) étaient trop grandes pour être surmontées, sans même parler des questions de personnes et des rapports conflictuels entre Mélenchon et nombre des dirigeants socialistes. Les deux candidats ont donc acté que leur rassemblement ne pouvait se faire et que chacun mènerait la course de son côté.

Auparavant, la semaine de Jean-Luc Mélenchon a été marquée par son passage dans « L’Émission politique » sur France 2, dont l’audience a été inférieure à celle enregistrée quinze jours auparavant avec la venue de Marine Le Pen (3,5 millions de spectateurs vs. 2,7 millions pour Mélenchon). Au cours de la soirée, le leader de La France insoumise a notamment débattu avec Valérie Pécresse sur l’éducation et avec l’acteur Philippe Torreton.

 

Semaine du 27 février au 5 mars

 

Faits saillants de la campagne : convoqué par la justice, Fillon joue son va-tout au Trocadéro. Elle aussi convoquée par un juge, Marine Le Pen refuse de donner suite. Macron dévoile enfin son programme. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : Marine Le Pen s’est vue une nouvelle fois déboutée dans le procès qu’elle menait contre Jean-Luc Mélenchon qui l’avait qualifiée en 2011 de « fasciste ». La Cour de cassation a estimé que de tels propos exprimés dans le contexte d’un débat politique ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d’expression. Cette décision met un terme définitif à la procédure qui avait déjà vu Mélenchon obtenir gain de cause en première instance et en cour d’appel.

 

Sondages au 9 mars

 

Les tendances du mois passé se confirment, avec Emmanuel Macron qui continue de progresser et tourne désormais autour des 25%, tandis que François Fillon baisse encore à 17,5% (à noter : le sondage a été réalisé juste avant le meeting du Trocadéro). De son côté, Marine Le Pen n’est pas touchée par les affaires qui la frappent et reste stable, tandis que Hamon et Mélenchon ne créent pas de dynamique en leur faveur

 

Semaine du 6 au 12 mars

 

Faits saillants de la campagne : Fillon gagne son quitte ou double et Hamon réduit le cadre de son revenu universel. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : Jean-Luc Mélenchon a obtenu les cinq cents parrainages requis pour être formellement candidat à la présidentielle. L’affaire n’a pourtant pas été de tout repos, les élus du parti communiste se faisant tirer l’oreille pour apporter leur soutien. En cause affirment les mélenchonistes : une demande du secrétaire du parti Pierre Laurent d’attendre le 13 mars pour le faire, cela pour exercer une certaine pression sur le candidat de La France insoumise en vue des législatives, le mouvement de Mélenchon prévoyant de présenter des candidats dans des circonscriptions pour l’heure détenues par … le PCF.

La semaine de Mélenchon a aussi été marquée par sa participation à une réunion de la gauche radicale européenne à Rome. Objectif : discuter la mise en oeuvre d’un « plan B » pour l’Europe si le « plan A » réclamé (la renégociation des traités pour une Union européenne plus sociale) ne fonctionnait pas, le plan B consistant alors à rendre la parole aux peuples pour qu’ils décident du maintien de leur pays dans l’UE ou pas.

 

Semaine du 13 au 19 mars

 

Faits saillants de la campagne : Mélenchon prend République, Dupont-Aignan fait un esclandre sur TF1 et François Fillon est officiellement mis en examen. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : cinq après sa marche de Nation à Bastille, Jean-Luc Mélenchon remet le couvert ce samedi 18 mars et, partant de cette même Bastille, rallie cette fois la République. Ses mots d’ordre : « Abolir la monarchie présidentielle » et faire advenir  « la VIe République ». En sa compagnie : 130 000 personnes, dixit les organisateurs.

Si les affluences à ce genre de manifestations prêtent toujours à débats, le succès n’en paraît pas moins incontestable, et il était sans doute bien nécessaire pour le tribun insoumis, dont les sondages restent collés à ceux de Benoît Hamon aux alentours de 12-14%, loin de François Fillon (17-19%) et plus loin encore d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen (25-27%). Bref, le match à gauche tourne à la neutralisation de ses participants, qui n’ont pour l’heure aucune perspective de second tour devant eux. Le besoin d’une démonstration populaire devenait dès lors critique pour Mélenchon, qui a réussi son pari. Sera-ce suffisant pour insuffler un nouvel élan à sa campagne ? La marche de 2012 avait elle aussi été un succès de foule mais, au bout du compte, ne lui avait pas permis d’accélérer franchement la dynamique qui le portait alors dans les mêmes eaux qu’aujourd’hui.

 

Lundi 20 mars – Le grand débat sur TF1

 

Le compte-rendu détaillé du débat : voir ici

Faits saillants concernant le candidat : de tous les participants, Jean-Luc Mélenchon a été le plus constant, faisant preuve de verve et ne connaissant aucun temps faible. A-t-il pour autant connu de véritable temps forts ? Oui et non, en fait, Mélenchon est sorti du lot par ce qui fait son style caractéristique, des prises de paroles enlevées où pointait une indignation que, cette fois, il parvenait à ne pas rendre écrasante, et des réparties imagées et teintées d’humour, qui ont suscité des rires et lui ont attiré de la sympathie (p.ex. le « il faut bien qu’il y ait un débat » lors d’un échange entre Hamon et Macron ; le « votre pudeur de gazelle » à propos de la journaliste évoquant du bout des lèvres les affaires ; etc. cf. infra).

Autre élément à son avantage : le fait que, cette fois-ci, il ne se soit pas perdu dans des sautes d’humeur colériques, ni dans des prises de bec dégénérant en foire d’empoigne. Si ses désaccords ont été fréquents, ils n’ont toutefois jamais dégénérés en invectives, y compris avec Marine Le Pen (sa cible favorite), et encore moins avec Emmanuel Macron, avec lequel, en dépit de différences de vue parfois fort prononcées, il a cultivé une impression de complicité, dans le sens positif du terme, c.-à-d. pas du copinage ni de la connivence, plutôt un respect sincère et amical. Similairement, il n’a jamais visé Hamon, pourtant supposé être son rival principal, et s’est contenté d’un trait fort, mais asséné sans exagération, à l’égard de Fillon et des affaires le concernant.

A la lecture de commentaires post-débat, un autre facteur a également pu jouer dans l’impression qu’il a laissée : un sentiment de découverte du personnage chez nombre de spectateurs. Non pas que Mélenchon était inconnu avant l’émission, mais celle-ci a peut-être été la première fois où un public large, allant au-delà de ses supporters habituels, a pu le voir à l’œuvre dans une posture moins caricaturale (c.-à-d. celle d’un politicien ronchon et tempêtant en permanence contre tout et contre tous) que celle qui lui est souvent accolée (et dont il est partiellement responsable). En résumé, Mélenchon est peut-être celui qui a eu la meilleure soirée et pourrait en tirer le meilleur bénéfice. Un ressenti que les sondages à venir confirmeront, ou pas.

 

Semaine du 20 au 26 mars

 

Faits saillants de la campagne : le grand débat a lieu ; Fillon dénonce un « cabinet noir » ourdi par Hollande ; Le Drian rallie Macron et des négociations PS-En Marche pour les législatives sont supposés. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : très bonne séquence pour Jean-Luc Mélenchon, qui surfe sur la vague de son bon débat pour voir ses sondages s’améliorer : il est pour l’instant donné devant Hamon et approchant un Fillon toujours déclinant. Dimanche, il dévoile son nouveau slogan de campagne : « La Force du Peuple ».

 

Sondages au 31 mars

 

Les tendances du sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial confirment le duel qui s’annonce au second tour entre Le Pen et Macron. De son côté, Fillon est donné comme continuant à se tasser, au point de sentir le souffle de Jean-Luc Mélenchon, lequel profite du débat et de sa marche sur République pour distancer un Benoît Hamon qui perd du terrain, au point de risquer de passer sous les 10%.  

 

 

Semaine du 27 mars au 2 avril

 

Faits saillants de la campagne : Valls annonce qu’il votera Macron, et Penelope Fillon est officiellement mise en examen. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : Jean-Luc Mélenchon voit la bonne dynamique qui lui était prêtée après le débat être confirmée dans les sondages (voir ci-dessus). Il y devance désormais nettement Benoît Hamon et entend naturellement poursuivre son propre chemin, avec comme objectif de rattraper François Fillon, rejetant une nouvelle fois toute idée d’un retrait au profit du socialiste à la dérive, comme ce dernier l’a pourtant – de manière surréaliste – demandé.

Le reste de la semaine du candidat de la France insoumise a été marqué par l’annonce de son intention de ne pas participer au débat prévu sur France 2 le 20 avril. Raison invoquée : « Je ne crois pas possible de participer à une émission de cette nature, au-delà du lundi 17 avril, compte tenu de mon programme d’activité et de la construction de mon programme (…) France 2 ne s’est pas demandé si nous sommes d’accord pour mettre en jeu toute notre campagne [à trois jours du premier tour] ». De son côté, Emmanuel Macron a également fait part de ses réticences à participer à ce dernier débat.

 

Mardi 4 avril – Le second débat

 

Au cours d’une soirée où Philippe Poutou s’est fait le plus remarquer, Jean-Luc Mélenchon a été dans la continuité du débat précédent, Jean-Luc Mélenchon est une fois encore apparu le plus à l’aise de la soirée, bien qu’il soit finalement assez peu intervenu et se soit montré sélectif dans ses prises à partie. Le candidat de la France insoumise continue en fait de donner de lui une image plus apaisée et moins agressive que par le passé, sans toutefois renier sa verve et son art du verbe.

Et ça marche : d’après un sondage Elabe réalisé en cours d’émission (avec toutes les réserves d’usage que cela comporte), il est le candidat qui, au cours du débat, a le plus convaincu les Français (25%), devant Macron (21%), Fillon (15%), Le Pen (11% seulement) et Hamon (9%). Bref, Jean-Luc Mélenchon entretient la bonne dynamique qui lui permet de distancer le candidat socialiste et se rapprocher du candidat LR dans les sondages pour le premier tour. Espère-t-il mieux ? En tout cas, dans son propos d’ouverture, il a déclaré « être prêt à gouverner », puis dans sa conclusion, a affirmé vouloir aider les Français à « retrouver le goût du bonheur ».

Le résumé complet du second débat

 

Sondages au 7 avril

 

La dernière fournée de l’enquête CEVIPOF maintient Emmanuel Macron et Marine Le Pen nettement devant les autres participants, avec cependant une érosion nette pour la candidate FN, laquelle perd deux points par rapport à l’enquête de début mars et passe de 27% à 25%, au même niveau que Macron qui reste quant à lui stable. Derrière, François Fillon ne baisse plus mais ne repart pas non plus et voit Jean-Luc Mélenchon, qui profite d’une bonne dynamique, se rapprocher de lui. Benoît Hamon en revanche chute lourdement et n’est plus qu’à 10%.


De son côté, le sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial montre des tendances plus marquées, avec tant Macron que Fillon s’érodant, et Fillon et surtout Mélenchon partant à la hausse. Signe pour le candidat LR que l’écart avec le duo de tête est appelé à se resserrer de manière substantielle d’ici le 23 avril, ou correction limitée d’un électorat de droite resserrant un peu les rangs malgré les affaires ? Quant au candidat France insoumise, il est en train de clairement gagner sa « primaire » avec Benoît Hamon. Jusqu’à quel point peut-il continuer de capter les électeurs du socialiste, voire attirer des électeurs de gauche tentés par Macron ? La simple agrégation de ses sondages et de ceux de Hamon le placerait en tout cas en position d’atteindre le second tour, sachant toutefois qu’un tel report n’a rien d’automatique ni ne sera total.


 

Semaine du 3 au 9 avril

 

Faits saillants de la campagne : le second débat a lieu ; les sondages montrent un tassement de Le Pen et Macron et une hausse (nette) de Mélenchon ; une attaque chimique contre un village rebelle syrien entraîne une réaction des Etats-Unis qui bombardent une base de Bachar el-Assad. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : Jean-Luc Mélenchon tenait ce dimanche 9 avril un meeting en plein air à Marseille. Dans l’assistance : 50 à 70 000 personnes présentes selon les estimations. Un nouveau beau succès de foule donc pour le tribun de la France insoumise, qui talonne désormais François Fillon dans les sondages et rêve d’aller plus haut encore. Dans la cité phocéenne, il a à nouveau déroulé son programme, insistant notamment (comme Fillon plus tard) sur les questions de politique étrangère, sur le devant de la scène depuis quelques jours avec une attaque aux gaz contre un village rebelle en Syrie et, en réaction, le bombardement américain d’une base du régime de Bachar el-Assad.

La politique internationale, Mélenchon le sait, est un des aspects de son programme les plus susceptibles d’inquiéter des électeurs potentiels. En cause ? Ses vues sur l’Europe bien sûr, mais aussi son appel à une grande conférence de l’Atlantique à l’Oural pour discuter des problèmes de frontières. Pour beaucoup, une telle proposition revient à offrir à Vladimir Poutine la possibilité de régulariser l’annexion de la Crimée, voire l’inciter à procéder à d’autres reprises de territoires. Pour calmer ces inquiétudes, Mélenchon (à Marseille, mais aussi lors de son passage dans l’émission On n’est pas couché sur France 2) s’est efforcé de se présenter comme un homme de paix, désireux de résoudre des problèmes existant pour ne pas les laisser s’envenimer. Son explication sera-t-elle entendue ? Elle pourrait en tout cas constituer un frein à la poursuite de sa progression sondagière.

Concernant le reste de sa semaine, celle-ci a notamment été marquée par sa prestation au second débat, où il a été à nouveau un cran au-dessus des autres, mais de manière moins prononcée que lors du premier de ces événements, peut-être en raison du nombre de participants, peut-être par volonté de ne pas trop en faire. Quoi qu’il en soit, sa soirée y a été bonne, un sondage publié juste après l’émission le montrant comme ayant été le plus convaincant de tous les candidats.

 

Sondages au 14 avril

 

Le sondage quotidien publié par Ifop-Fiducial maintient les tendances observées ces dernières semaines, à savoir un rapprochement continu de Fillon et Mélenchon par rapport à Le Pen et Macron. Si l’écart entre le premier (Le Pen) et le quatrième (Mélenchon) était encore de 7,5 points il y a une semaine, il n’est maintenant plus que de 4 points et laisse plus que jamais ouverte la possibilité d’un renversement de situation.

 

Publié ce vendredi 14, un sondage Ipsos pour Le Monde confirme ce resserrement et le réduit même à trois points (Le Pen et Macron à égalité à 22%, Mélenchon troisième à 20% et Fillon quatrième à 19%). Moins catégorique est en revanche l’enquête PrésiTrack d’OpinionWay / ORPI, pour qui Fillon (20%) seul est en mesure de contester une finale Le Pen-Macron (23% et 22%), Mélenchon étant placé plus en retrait (17%).

De son côté, Benoît Hamon est annoncé entre 7% et 9%, tandis que Dupont-Aignan tourne toujours autour de 4%.

 

Semaine du 10 au 16 avril

 

Faits saillants de la campagne : les sondages continuent de se resserrer, le match à quatre entre Macron, Le Pen, Fillon et Mélenchon pour atteindre le second tour est confirmé. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : peut-il réellement accomplir un improbable exploit ? Jean-Luc Mélenchon continue en tout cas de rassembler les foules à ses meetings en plein air (le dernier en date ce week-end à Toulouse). L’histoire sera-t-elle différente de celle de 2012, lorsque là aussi une réelle ferveur populaire avait été observée autour de sa personne, sans toutefois pleinement se matérialiser dans les urnes ? Cette fois, il veut croire que le vote utile qui s’était alors porté vers Hollande pour battre Sarkozy ne jouera pas, ou alors en sa faveur, en poussant les électeurs d’un Hamon en perdition à se tourner vers lui. Ce scénario peut-il se produire ? Un autre est également envisageable, celui d’électeurs de gauche décidant au bout de compte de soutenir Macron plutôt que lui afin d’éviter tout risque d’une finale Fillon-Le Pen.

Bref, si Mélenchon mène indéniablement une très bonne campagne, franchir le dernier pas vers le second tour ressemble encore et toujours à une incroyable gageure. En outre, le voici désormais ciblé de manière virulente voire violente par ses adversaires, lesquels dézinguent à tout va un programme dont ils n’hésitent évidemment pas à extraire les propositions les plus controversées. Dans la ligne de mire de Macron et Hamon (et aussi de plusieurs éditorialistes) : les affinités parfois ambiguës de Mélenchon pour Poutine, Bachar el-Assad ou encore feu le président du Venezuela Hugo Chavez. « Communiste » revient également à la mode, tandis que Le Figaro y va d’un « Maximilien Ilitch Mélenchon », puis d’un « apôtre des dictateurs sud-américains ». De son côté, l’intéressé rétorque « ne pas avoir l’intention de faire Cuba en France » et contre-attaque en déclarant lors de son meeting à Lille : « Si vous élisez ces trois-là [Macron, Fillon ou Le Pen], vous allez cracher du sang ».

Autre commentateur remarqué de la percée de Mélenchon : François Hollande. Le Président sort de la réserve qu’il semblait vouloir garder et, après avoir dans un premier temps mis en garde contre les extrêmes, précise sa pensée en déclarant que le tribun de la France insoumise a « des facilités qui tombent parfois dans le simplisme », avant de, à son tour, lui reprocher ses positions sur la Syrie, l’OTAN et la Russie.

 

Sondages au 21 avril

 

La dernière livraison du sondage CEVIPOF-IPSOS-Storia-Steria (publiée le mercredi 19 avril) confirme les tendances observées dans d’autres sondages, à savoir la montée de Mélenchon et Fillon, et le tassement de Le Pen et Macron.

 

De son côté, dans son rolling quotidien, Ifop-Fiducial confirme cet avantage à Le Pen et Macron en montrant que la dynamique en faveur de Fillon et surtout Mélenchon s’est arrêtée cette semaine, de sorte que ces candidats ne franchissent pas la barre des 20% d’intention de vote chez cet institut non plus.

 

Bref, si la partie demeure serrée (les écarts sont dans les marges d’erreur, au moins en ce qui concerne Le Pen, Fillon et Mélenchon) et si un renversement de situation de dernière minute n’est pas à exclure (sachant que CEVIPOF estime que 25 à 30% des sondés sont encore susceptibles de changer d’avis), Macron et Le Pen gardent la faveur des pronostics. Quant à l’abstention, CEVIPOF estime qu’elle sera autour de 28%.

Pour ce qui est du second tour, Macron est donné (nettement) vainqueur face à n’importe quel opposant et Marine Le Pen perdante contre tous. En cas d’affrontement Mélenchon-Fillon, c’est le premier cité qui l’emporterait 58 à 42 (source : CEVIPOF).

 

Semaine du 17 au 22 avril

 

Faits saillants de la campagne : la dernière semaine avant le premier tour a été marquée par des débats sur le vote utile, ainsi que par un attentat terroriste perpétré sur les Champs-Élysées (un policier tué, deux blessés) alors que les candidats étaient tous en plateau sur France 2. Le résumé complet de la semaine

Faits saillants concernant le candidat : le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon continue d’être la cible de vives attaques sur sa vision en matière de politique extérieure. Ses opinions passées en faveur de Chavez sont régulièrement vilipendées, d’autant plus que le Venezuela est pour l’heure en proie à de graves troubles politiques. Il doit également beaucoup s’expliquer sur l’Europe, dont il assuré mardi ne pas vouloir sortir, ni d’ailleurs ne vouloir sortir de l’euro. Une clarification sans doute pas inutile étant donné que l’un des chapitres de son programme est intitulé … « Sortir des traités européens ».

Autre attaque subie par le camp Mélenchon : celle déclenchée en fin de semaine par l’auteur de bandes dessinées Joan Sfar. Après avoir publié en ligne des caricatures critiques vis-à-vis des opinions de Mélenchon en matière de politique internationale (notamment sur la Russie et la Syrie), Sfar a en effet vu ses comptes sur les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook être pris d’assaut par des défenseurs du candidat de La France insoumise. En réaction, l’auteur de bandes dessinées a publié une tribune dans Le Monde dans laquelle il dénonce l’agressivité qui s’est abattue sur lui et déclare que beaucoup de journalistes et community managers l’avaient averti : « Attention, ne t’en prends jamais aux Insoumis car ça déclenche des torrents de messages et ça rend ta page Web inutilisable, c’est un matraquage comme même l’extrême-droite n’a jamais osé ». Poursuivant sa tribune, Sfar parle d’un « rouleau-compresseur », de méthodes « dégueulasses » et crois qu’il y a « beaucoup d’autocensure pour éviter ces matraquages ».

Dérapage incontrôlé de supporters trop enthousiastes (pour dire le moins) ? Rétorsion organisée digne d’un groupe totalitaire ? L’incident fait en tout cas parler de lui (la tribune de Sfar est l’article du Monde le plus partagé de la journée de vendredi) et avive des critiques entendues de manière de plus en plus fréquente concernant le comportement des fan-boys les plus hardcore de Mélenchon.

Dans un tout autre registre, Jean-Luc Mélenchon a, le mardi 18 avril, tenu un meeting simultanément dans sept ville (Nantes, Nancy, Montpellier, Grenoble, Clermont-Ferrand, Le Port). Comment ? En réutilisant la technique de l’hologramme qu’il avait déjà utilisée en février pour être en même temps à Lyon et Aubervilliers.

 

Concernant sa prestation lors de l’émission de France 2 du jeudi 20 avril : hasard du tirage au sort, Jean-Luc Mélenchon est celui qui a ouvert le bal de l’émission. Au cours de l’entretien, il essayera surtout à de rassurer les Français quant à ses intentions en matière de relations internationales, expliquant ne vouloir ni maître ni ennemi, mais une France indépendante et championne de la paix, qui agira dans le cadre de l’ONU et pas dans celui des clubs de riches. Il répétera le propos « ni maître ni ennemi » au sujet de l’Allemagne, avec laquelle il veut renégocier les traités européens.

Concernant l’objet qu’il emmènerait avec lui à l’Elysée, le leader de La France insoumise a apporté un réveil, afin de garder à l’esprit toutes les urgences à traiter, dont l’urgence climatique. Concernant le sujet « Carte blanche » qu’il pouvait aborder, il a choisi la VIe République, avec l’abolition de la monarchie présidentielle et la convocation d’une nouvelle assemblée constituante.

 

23 avril – Résultats du 1er tour

 

Abstention : avec 22,2%, elle a été beaucoup moins forte qu’annoncé puisqu’elle n’est que 1,5% supérieure à celle de 2012, et reste loin du « record » de 2002 (28,4%).

 

Pas de surprises cette fois, les résultats annoncés correspondent à ce que les sondages pronostiquaient, tant au niveau des scores atteints que de l’ordre d’arrivée des candidats. Ainsi, Emmanuel Macron vire en tête du premier tour avec 24,0% et est en passe de devenir le plus jeune président de l’histoire de France. Les augures pour le second tour lui sont en effet largement favorables face à une Marine Le Pen qui certes, comme son père quinze auparavant, passe le premier tour de la présidentielle (qui plus est avec un record de voix pour l’extrême-droite), mais à la deuxième place seulement, et avec un pourcentage de suffrages nettement inférieure aux 25-30% que son camp escomptait afin d’avoir une dynamique intéressante pour le second tour. Ici, avec à peine 21,3% des votes, c’est une probable lourde défaite qui s’annonce pour la candidate FN. Troisième avec 20,0% des suffrages (à 1,3% de Marine Le Pen), François Fillon échoue à accomplir la remontée-surprise qu’il annonçait depuis des semaines. Concernant le second tour, François Fillon annonce qu’il votera à titre personnel pour Macron

Lorsqu’il prend la parole vers 22 heures, Jean-Luc Mélenchon a la voix grave et le visage renfrogné. Lui qui avait tellement cru à une qualification au second tour doit déchanter : avec 19,6% des voix, il termine quatrième du scrutin, comme en 2012 donc, mais avec 8,5 points de mieux, un bond gigantesque pour un candidat de gauche non-PS, mais qui, à nouveau, comme en 2012, lui laisse un goût amer. Pendant deux heures, le candidat de La France insoumise a voulu espérer que les grandes villes (dont les bureaux de vote fermaient plus tard) lui permettraient de renverser la situation, en vain. Au moment de s’exprimer cependant, il en appelle encore à la prudence et s’abstient de donner dès ce soir une consigne de vote pour le second tour, déclarant qu’il laisse les 450 000 soutiens de son mouvement le soin de se prononcer sur la conduite à adopter.

De son côté, Benoît Hamon sauve la seule chose qu’il pouvait encore sauver : le remboursement des frais de campagne du PS grâce à un score de 6,4% supérieur à la barre fatidique des 5%. Concernant le second tour, Benoît Hamon a appelé sans ambages à voter en faveur d’Emmanuel Macron.

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